Pâturage de printemps
Transition en douceur

Une modification radicale de la ration, comme c'est le cas au printemps entraîne un grand changement au niveau de la composition de la flore de la panse.
Transition en douceur

Au printemps, il est indiqué de mener les vaches laitières aussi tôt que possible vers les pâtures, même si l'herbe n'est pas très haute. Ceci ralentira sa croissance explosive à venir et en atténuera le pic. La portance du sol s'avère le critère le plus important pour la première mise en pâture, afin d'éviter des dégâts dus au piétinement.
Une à deux semaines s'écoulent jusqu'à ce que les micro-organismes de la panse soient entièrement adaptés à une nouvelle alimentation. Avec de la jeune herbe de printemps, l'intensité de la fermentation entraîne une augmentation de la production d'acides gras volatils (acide acétique, propionique et butyrique) dans la panse, ce qui déclenche l'adaptation de la paroi de celle-ci. Les villosités de la panse s'allongent et la surface d'absorption s'agrandit afin d'absorber les acides gras volatils produits en nombre supplémentaire. Cette modification des villosités dure environ quatre à six semaines. Afin de prévenir les problèmes digestifs et métaboliques, deux à trois semaines sont à prévoir pour l'adaptation à la nouvelle ration. Il ne faut pas oublier que chaque changement de régime influence la composition du lait ainsi que l'aptitude de ce dernier à être transformé.


Des préconisations maintenues


Une étude française présentée en 2002 à l'occasion des 3R ne relèvait aucune différence significative en matière de potentiel de production à moyen terme entre des lots de vaches soumises au printemps à une alimentation de transition recommandée, perturbée ou réduite. Il faut toutefois mentionner que ces vaches avaient vêlé en automne et que, lors de leur première sortie sur la pâture, elles étaient déjà en lactation depuis 153 jours (± 44 jours) . C'est pourquoi la recommandation d'un changement de régime alimentaire progressif est toujours d'actualité pour les vaches laitières au début de la lactation (moins de 100 jours de lactation) ou avec une production laitière élevée.
Un fonctionnement optimal de la panse et de ses micro-organismes constitue la base de l'alimentation du troupeau laitier. Le rumen d'une vache adulte peut atteindre un volume de 200 litres, généralement rempli aux trois quarts. Le nombre de micro-organismes est fortement influencé par les aliments ingérés. Un millilitre de jus de panse contient environ mille champignons, un million de protozoaires et dix milliards de bactéries. La fonction principale des micro-organismes consiste à digérer les aliments, les parois végétales en particulier.


Ajuster la complémentation


Si la mise en pâture s'effectue tôt, cela permet de disposer d'une phase de transition de deux à trois semaines et de ne pas être surpris par la croissance rapide de l'herbe. Au début, les vaches devraient séjourner sur la pâture uniquement la journée voire uniquement quelques heures et recevoir une quantité réduite de fourrage conservé ou de ration hivernale à l'étable. L'herbe de printemps riche en sucre et pauvre en cellulose nécessite un apport complémentaire de fibres afin que l'ensemble de la ration soit adaptée aux ruminants. Normalement, on peut réduire la distribution d'aliments concentrés, car l'herbe de la pâture est particulièrement riche en nutriments, spécialement au printemps. Le complément sous forme de concentré, s'il est nécessaire, peut voir sa composition évoluer (plus d'énergie et moins d'azote), étant donné que les vaches ingèrent la plupart du temps suffisamment de protéines grâce à de la jeune herbe. La teneur en protéines de l'aliment concentré est déterminée par la quantité, le genre et la qualité du fourrage complémenté à la pâture ou respectivement au moment de la ration d'été. En ce qui concerne la complémentation minérale, il faut veiller à ce que l'apport en magnésium soit suffisant. En règle générale, un complément de l'ordre de 100 g de sels minéraux par vache et par jour contenant plus de 10% de magnésium est indiqué pendant le mois suivant le début de la mise à la pâture. Il s'agit également d'adapter le rapport calcium-phosphore des sels minéraux à la nouvelle ration d'été. L'approvisionnement en sel (chlorure de sodium) doit être poursuivi, car l'herbe ne contient pas suffisamment de sodium pour couvrir les besoins.