Coopérative Interval
Leviers variétaux et agronomiques

La visite d’essais organisée par la coopérative Interval à Noidans-le-Ferroux a réuni 120 adhérents. L’occasion de découvrir les nouveautés de l’offre variétale, et d’échanger sur les leviers agronomiques qui permettent d’optimiser la conduite des cultures, dans un contexte de réduction des solutions phytosanitaires.

Leviers variétaux et agronomiques
120 agriculteurs et agricultrices se sont rendus à Noidans-le-Ferroux pour une présentation des essais conduits par la coopérative Inverval.

La Coopérative Interval avait donné rendez-vous à ses adhérents le 9 juin dernier à Noidans-le -Ferroux pour un tour de plaine des essais conduits dans ce secteur. 120 agriculteurs, haut-saônois et jurassiens, ont participé à cette journée.

Dans de magnifiques colzas, dont la maturité approche, les techniciens ont rappelé les fondamentaux de cette culture, résiliente et lucrative… « Le problème majeur, c’est le pivot ! », lance Philippe Koehl, illustrant son propos en exhibant plusieurs systèmes racinaires prélevés dans le champ. « Compte-tenu du contexte d’implantation 2021, après des moissons compliquées par la pluie, on a des problèmes de tassement qui ont pénalisé le développement des pivots. Il ne faut pas hésiter, après la récolte, à ouvrir des profils dans vos parcelles pour voir comment ça a évolué, s’il reste des problèmes à corriger et avec quel outil. » Choix variétal adapté, date de semis appropriée, conduite de la fertilisation sont aussi abordés. « Nous travaillons sur la directive nitrate pour obtenir l’autorisation d’un apport azoté en post-levée et éviter la rupture d’alimentation en azote qu’on constate souvent en petites terres. Nos essais démontrent l’intérêt d’un apport au 15 octobre. »

Pression des insectes ravageurs à l’automne

La fin de la possibilité d’utiliser le phosnet (Boravi) pour contrôler les populations d’insectes ravageurs à l’automne est également dans tous les esprits. Les bandes semées en variétés plus précoces, sensées attirer – et distraire suffisamment longtemps – altises et charançons du bourgeon terminal n’ont pas démontré une grande efficacité jusqu’à présent. Plus prometteuses, les plantes pièges, telles que les radis chinois et navettes en interculture « mais ça demande une gestion territoriale » Côté désherbage aussi, le métazachlore est sur la sellette, pour préserver la qualité des eaux, et son usage est désormais limité à 750 g/ha tous les quatre ans ou 500 g/ha tous les trois ans. « La chasse aux phytos continue, constate Philippe Koehl : il faut trouver des alternatives, agronomiques : des applications localisées combinées au binage de l’interrang, des rotations plus longues. On ne pourra plus revenir tous les trois ans avec un colza. »

Avec les orges d’hiver, prometteuses dans ces sols profonds où certaines sont proches de la maturité, l’agronomie est aussi mise en avant, face aux difficultés de désherbages, avec la restriction des solutions herbicides au printemps. « L’orge est sensible aux problèmes d’acidité et à l’anoxie racinaire. », introduit le technicien. « Pour maîtriser le salissement, il est important en amont de récolter les parcelles sales en dernier, afin d’éviter de disséminer les graines adventices. L’interculture, les faux semis, sont aussi des outils intéressants pour réduire le stock de graines. Le tour des microparcelles permet de visualiser les nouveautés testées par la coopérative, en particulier les orges de brasseries : potentiel, calibre et taux de protéines, tolérance aux maladies…

22 variétés de blé au banc d’essai

Plus loin, place aux blés… et à la qualité ! « La marge, c’est un potentiel multiplié par un prix, rappelle le technicien en charge de la visite. Et notre coopérative essaie de valoriser un maximum la qualité des blés meuniers, ça veut dire du poids spécifique, de la protéine. » Dans cette optique, le choix variétal est primordial, à raisonner en fonction du contexte pédoclimatique. 22 variétés sont testées sur le site, qui accueille aussi un essai fongicide. Une illustration visuelle de la faible pression des maladies fongiques cette année !

AC

Fertilisation assistée par télédétection

Bien valoriser l’azote

Le renchérissement du prix des engrais azotés renforce l’intérêt pour améliorer la précision spatiale des apports. Le service Wanaca, proposé par Interval à ses adhérents, permet de définir par télédétection un zonage à la parcelle, pour optimiser la densité de semis et la fertilisation. Marc Morot, technicien Interval, a présenté les intérêts technico-économiques de ce service, proposé depuis 2017. « Il y a une belle dynamique cette année, avec 3500 ha engagés pour la coopérative. », introduit-il. Concrètement, les données cartographiques sont établies à partir de capteurs embarqués par avion ou satellite, à des périodes-clé pour la culture. Ces cartes sont ensuite exploitées pour un conseil agronomique. « On définit des zones de potentiel de rendement, qui sont traduites en cartes de modulation automatique des intrants, sur le semoir, le pulvérisateur ou l’épandeur d’engrais. », poursuit le technicien.

Avec à la clé, pas forcément des réductions de doses d’azote épandues, mais une répartition spatiale plus pertinente, qui permet d’exprimer tout le potentiel de la culture. « ça permet d’aller chercher les quintaux là où il y a le potentiel. Dans l’exemple de cette parcelle de colza, il y a quatre zones définies, et la différence entre les deux ‘’extrêmes’’ est de 35 unités par hectare. En blé, c’est le même principe : l’ajustement de la dose d’azote limite le risque de verse et permet d’avoir une culture plus homogène » Marc Morot insiste aussi sur l’enjeu économique de ne pas sous-fertiliser les cultures, même si l’azote est cher. « Jusqu’à la dose X, en colza, la réponse en termes de rendement est de 3 quintaux pour 30 unités d’azote. Faites vos comptes ! 820 €/ha d’azote en 2022, c’est 3 quintaux de colza. »

Marc Morot a détaillé les intérêts du service de cartographie parcellaire Wanaca.