Créer un dialogue pour faciliter l’installation

Forum des synergies agricoles / La chambre d’Agriculture du Jura, la SAFER, Terre de Liens, le CFPPA de Montmorot et la communauté de communes Arbois Poligny Salins ont lancé le projet SYNPAT. Son objectif est de créer des convergences entre le monde agricole installé et les porteurs de projets diversifiés afin de faciliter le renouvellement des générations.

Créer un dialogue pour faciliter l’installation
Un « Forum des synergies agricoles » était organisé le 31 août à Arbois pour chercher des solutions aux installations hors cadre.

La moitié des exploitants devant faire valoir leurs droits à la retraite dans les dix prochaines années, le renouvellement des générations est devenu un enjeu primordial pour l’agriculture. Aujourd’hui, 50% des installations concernent des productions diversifiées et se font hors cadre familial et hors cadre des aides JA.

Ce public passe régulièrement sous le radar de l’accompagnement par les organismes agricoles classiques. « Ce sont deux mondes qui se côtoient mais ne se parlent pas », explique Elodie Matter, responsable territoires à la chambre d’Agriculture du Jura. « Sans dialogue, il est très compliqué de trouver du foncier pour s’installer. Ces porteurs de projets hors cadre frappent à toutes les portes pour pouvoir s’installer. Pour gagner en efficacité et créer des synergies entre toutes les formes d’agriculture, nous devons les faire se rencontrer avec les filières existantes. C’est une demande de la société. Les collectivités s’en sont déjà emparé, par exemple à travers les plans alimentaires territoriaux (PAT). »

Pour chercher des solutions, le projet SYNPAT (créer des SYNergies entre Projets Agricoles sur le Territoire) a été lancé sous l’impulsion de la communauté de communes Arbois Poligny Salins Cœur du Jura en partenariat avec la chambre d’Agriculture du Jura, la SAFER BFC, Terre de Liens BFC (représentant le réseau InPACT) et le CFPPA de Montmorot. Il a pour objectif de créer des ponts et trouver des convergences entre les porteurs de projets, les agriculteurs, les filières agricoles, les structures d’accompagnement et les autres acteurs du territoire. Ce projet est financé par des fonds régionaux et européens dans le cadre d’un PEI Agri (Projet européen pour l’innovation).

Retour d’expérience

« Arbois Poligny Salins a été retenu car les deux filières fortes du département, le Comté et la viticulture, y sont bien implantées. La ComCom est engagée dans le local à travers un projet alimentaire de territoire (PAT). Le secteur est très attractif et fait l’objet de nombreuses demandes d’installation, » souligne Elodie Matter. Après y avoir réalisé un diagnostic en début d’année, une vingtaine d’enquêtes auprès d’agriculteurs et de porteurs de projet ont été menées.

De cet état des lieux, six retours d’expérience ont été retenus et présentés lors d’un « Forum des synergies agricoles » organisé le 31 août à Arbois :

-          Une exploitation de 80 hectares en lait à comté qui a ouvert sa ferme à d’autres producteurs (maraîchage, volailles). Un ancien instituteur souhaitant se reconvertir en éleveur a été accepté comme associé dans ce GAEC.

-          La commune de Val Sonnette a présenté ses espaces de test agricole qui permettent à des porteurs de projet de réaliser un essai avant de s’installer.

-          Une ferme en polyculture céréale et viande qui pratique la vente directe depuis 20 ans. Elle a cédé des terres pour permettre à un meunier et à deux couples de jeunes de s’installer.

-          Une tentative de structuration de filière semi-industrielle de légumes de plein champ pour répondre aux besoins de la restauration collective et à l’approvisionnement des grandes surfaces locales.

-          Un viticulteur qui, après avoir restructuré son parcellaire pour gagner en rendement, diminue la surface de son vignoble. Les terres libérées lui permettent de diversifier son activité (poulets de chair, haies fruitières, etc.) en s’associant avec des porteurs de projet ayant les compétences nécessaires.

-          Un maraicher qui accueille un éco-lieu et des activités artisanales.

Ce fut l’occasion d’esquisser un débat entre les porteurs de projets, les OPA présentes, les représentants syndicaux, des agriculteurs en place et les élus locaux. Les organisateurs ont fait le choix d’avoir un public volontairement diversifié afin de permettre un maximum de rencontres et d’échanges.

Repérer au plus tôt les porteurs de projets 

Un second forum sera organisé le 21 octobre pour présenter les retours de cette journée et les leviers possibles. D’ici là, pour faire du lien avec le territoire et les filières en place sans lesquelles rien ne sera fait, les organisateurs poursuivent leur enquête auprès des viticulteurs, des producteurs de lait à Comté, des syndicats, des offices du tourisme et des agriculteurs.  Les intérêts de chacun devront être pris en compte : les éleveurs en lait AOP ne peuvent pas diminuer la surface de leur exploitation sans diminuer leur production.

D’ici la fin de l’année, les cinq partenaires à l’origine de l’opération tireront un bilan et dégageront des pistes pour « faire du lien » entre les différents acteurs de l’installation. Le but est que tous se mettent autour d’une table pour repérer au plus tôt les porteurs de projets économiquement fiables puis provoquer les opportunités foncières, avec la possibilité de mettre des terrains en réserve pour mener à bien les projets que la collectivité souhaite développer, comme une filière légumes pour répondre aux besoins des habitants. Lors de la préparation du forum, la SAFER a eu l’opportunité foncière d’installer un éleveur ovin et un atelier de transformation fromagère.

Si lors du bilan des pistes de travail sont dégagées, un dossier pour un second PEI sera déposé afin de mettre en œuvre les solutions trouvées. A terme, la réflexion sera engagée sur l’ensemble du Jura dans le but d’approvisionner localement la population tout en facilitant le renouvellement des générations.

SC