INSTALLATION ET DÉVELOPPEMENT
Recenser le foncier viticole

Le CIVJ a présenté les travaux en cours sur l'attractivité du territoire viticole et le développement du vignoble. Première phase : recenser le foncier disponible et installer durablement de jeunes viticulteurs.
Recenser le foncier viticole

« Le vignoble Jurassien détient un véritable potentiel en termes d'appellations mais également de plusieurs milliers d'hectares d'AOP. Il n'y a jamais eu de dynamique collective est ce que nous voulons corriger aujourd'hui. Il est essentiel d'acquérir une stratégie de développement. Il faut l'organiser pour ne pas la subir », indiquent Franck Vichet, président du CIVJ et Jean-Charles Tissot (CIVJ).

Jean-Charles Tissot et Arnaud Van der Voorde (négociant), co-responsables du comité de pilotage du projet « Attractivité du territoire et développement du vignoble », ont rappelé le contexte général. Les statistiques des dernières années montrent qu'il est temps de tirer la sonnette d'alarme.
Tout d'abord le vignoble jurassien fait le constat d'une diminution progressive, d'année en année des volumes produits, hormis la dernière récolte 2018. Les vendanges 2017 ont été historiquement basses, 50% d'une année moyenne, venant clôturer une série noire commencée en 2012. A noter aussi l'appauvrissement significatif des stocks : une perte de moitié en 10 ans. A contrario, la notoriété des vins du Jura est en hausse. La part de l'export au sein des ventes globales augmente notoirement. Un bond de 29 % amène désormais l'export à plus de 17 % des ventes sur l'ensemble de la campagne.
Autre constat : un vignoble vieillissant, les vignes et les hommes. Se pose alors la problématique de transmission avec la moitié des chefs d'exploitation viticole qui vont changer dans les 10 ans. Les viticulteurs sont assez autonomes dans leur transmission sans chercher d'aides auprès d'organismes. De même pour l'installation où 8 projets sur 10 se font hors du parcours à l'installation traditionnel.
Enfin, dernier constat, les superficies en appellations viticoles sont de 11 212 hectares dont 9 200 hectares potentiellement disponibles « mais que l'on connait mal, avec des terres en appellations comté et viticoles qui se chevauchent amicalement ».
Les surfaces plantées en AOC sont stables depuis 20 ans, environ 25 ha à 30 ha plantées par an sur un contingentement de 50 ha par an fixé par la profession. « L'objectif pourrait être de parvenir à planter 300 ou 400 nouveaux hectares en AOC dans les 8 ans, sans oublier le renouvellement du parcellaire ancien, la moitié du vignoble a plus de 45 ans, soit presque 1000 ha à replanter dans les 10 ans. »

 

Sur les 105 communes en AOP

 

Une mission de réflexion et d'enquête* a été confiée à Fanny Delay de l'agence Aldéhyde qui a présenté les outils développés par le CIVJ concernant le foncier, les aides à l'installation, les démarches administratives et déclaratives, les modes d'installation (individuel, en coopérative), et le tutorat pour accompagner les nouveaux installés.
L'outil le plus novateur concerne le recensement des terres libres à la plantation sur les 105 communes en AOP. 53 communes ont déjà été recensées et l'ensemble sera centralisé sur un géoportail consultable via internet. L'idée est de pouvoir « qualifier » chaque parcelle en donnant des infomations utiles telles que son accessibilité, sa topologie, la nature de terre, les travaux à prévoir, la climatologie, la disposition, l'exposition, l'encépagement conseillé mais également son critère de disponibilité « fort » ou « faible ». « Ce regard technique viticole ne signifie pas que le propriétaire est vendeur », précise Fanny Delay.
Quel impact d'une telle consultation libre en ligne sur le prix du foncier ? Pour Franck Vichet, le risque est faible. « N'importe qui peut déjà consulter le cadastre en mairie. Nous apportons ici une qualification technique d'une parcelle et non administrative. Nous n'avons pas la prétention d'évaluer et de donner un prix des terres, ce qui est plutôt du ressort de la Safer. »
Pour Jean-Yves Noir (Safer), un problème peut appraître par rapport au statut du fermage si l'on s'adresse directement au propriétaire d'une parcelle louée. « Il serait bon aussi que la profession se positionne sur l'encadrement des prix en appellation comté et viticoles car nous sentons une tension sur les prix qui augmente actuellement dans tous les secteurs », note le responsable Safer. L'idée de la Safer, est également d'arriver à constituer un stock de terrain afin de pouvoir proposer un échange à des éleveurs qui en contrepartie libérerons des terres plus propices à la culture des vignes.
Par ailleurs que des investisseurs bourguignons s'intéressent au Jura n'inquiète pas outre mesure la profession.. « Nous devons le prendre comme un bon signe mais demain nous devrons veiller à garder nos domaines viticoles familiaux », indique Jean-Charles Tissot.

Autre outil qui pourrait se mettre en place via le site internet du CIVJ : une présentation des différents organismes, des aides à l'installation avec un lien vers le site des Jeunes agriculteurs (charte installation) et de la chambre d'agriculture. Un point d'attention a été soulevé par les opérateurs actuels, Etat et chambre d'agriculture, sur les outils déjà existants comme le Point accueil installation ou le recensement des offres et des demandes...
« C'est en effet un véritable enjeu de communication, remarquent les représentant du CIVJ. Nous voulons inciter les cédants et les porteurs de projets à frapper aux bonnes portes et à ne pas s'isoler, ce qui n'est pas le cas pour l'instant, les vignerons étant très autonomes dans leur démarche de transmission »,

 

Une journée «foncier» en mars

 

Rendez-vous est donné par le CIVJ en mars, pour une journée de restitution du travail sur le foncier viticole et un grand débat avec l'ensemble des acteurs. « Nous devons voir ensemble comment améliorer l'installation et l'accompagnement des nouveaux porteurs de projets et faire en sorte que le vignoble du Jura continue à se développer durablement », conclut Jean-Charles Tissot.

IP

* Ces travaux ont été financés par le CIVJ, la région et des aides Leader