JA / L’assemblée générale 2022 était consacrée au thème du renouvellement des générations. Des inquiétudes persistent sur le volet financier, notamment le soutien à l’installation.
« Nous avons une pensée pour cette guerre en train d’éclater aux portes de l’Europe. Elle entraîne des inquiétudes y compris un impact économique agricole, des fluctuations de prix sources de crises. Pour nous, nous devons rester solidaires. Nous aurons tous besoin les uns des autres pour agir ensemble ». Cette déclaration du président des JA 39, Guillaume Martin, en introduction à son rapport moral, marque le contexte grave et difficile actuel. « Les années Covid, autre période difficile, sont balayées par cette guerre ».
Pourtant, il faut bien faire l’exercice de l’assemblée générale avec son rapport d’activité, parler d’avenir avec le thème du renouvellement des générations…
Les activités du syndicat ont été impactées par la crise sanitaire en 2020 mais le réseau JA a su rebondir en 2021 (voir en encadré). « Après ces 2 années compliquées, je remercie nos partenaires principaux, FDSEA, Soelis, Groupama, Crédit Agricole, qui nous soutiennent pour que nous maintenions notre activité : faire du lien localement, travailler avec les cantons, être présent à l’échelon régional… »
Un appel du pied aux collectivités
Du côté de l’installation, le président JA 39 évoque une autre inquiétude : la ré-orientation des enveloppes de la PAC, du Feader, l’enveloppe JA en baisse drastique quand l’enveloppe Natura 2000, en parallèle, va plus que doubler. « Voilà une triste nouvelle pour la dynamique de l’installation ! J’espère que nous trouverons d’autres portes de sortie… Je vois bien celle des collectivités locales, pour encourager et porter une dynamique de renouvellement des générations », avance le président JA 39.
Un appel du pied que la région, le département et les communautés de communes sauront entendre ? Pas de représentant de la région dans l’assemblée. Aussi Franck David, pour le conseil départemental, s’interroge : « L’État se retire des aides agricoles directes qu’il assurait jusqu’à maintenant. C’est inquiétant. La région a annoncé qu’elle n’abonderait pas au-delà. Le Jura en 2021 a affecté une enveloppe de 600 000 euros, essentiellement pour les bâtiments agricoles et la dépendance énergétique… Demain il faudra que le département mette 900 000 euros de plus pour abonder ce que l’État ne peut plus faire ! L’agriculture, c’est l’économie de notre département et aussi notre carte de visite. »
Pour le député Jean-Marie Sermier il y a urgence pour que l’enveloppe DJA régionale soit « rapidement et largement abondée ». L’actuelle enveloppe étant dimensionnée pour 400 installations, « au-delà de 400, il y aura un problème… »
L’inconnu porte aussi sur le dispositif d’accompagnement à l‘installation administré désormais par le seul échelon régional. « Nous allons perdre en réactivité et en proximité », regrette Christophe Buchet, président FDSEA 39, avant d’ajouter en direction des JA : « Nous serons à vos côtés sur ce dossier. Nous avons les compétences et le dispositif. À nous d’être complémentaires pour chercher de futures installations, pour avoir une plus grande adéquation entre le projet porté par la profession et la volonté des financeurs et des territoires. »
Intervention pédagogique
Le sujet du renouvellement des générations était d’ailleurs le thème retenu pour cette assemblée générale avec l’expertise de deux intervenants : Aurélien Raclot, conseiller juridique à Agriconseil 39 et Éric Menouillard, conseiller technique chambre d’agriculture sur le dossier installation et transmission. Ils ont rappelé les différents dispositifs et outils mis en place par la profession dans le Jura et sur le plan national. Une intervention claire et pédagogique complétée par l’éclairage de Julien Rouger, responsable du dossier transmission à JA national, connecté en visio (lire en encadré).
La matinée s’est conclue par l’Intervention des présidents d’OPA en soutien à JA 39 : Christophe Buchet pour la FDSEA, François Lavrut pour la chambre d’agriculture, Christine Grillet pour le Crédit Agricole de Franche-Comté, Didier Ciresa pour le CER France Alliance comtoise.
Les présidents de Soelis, des Cuma et du CIGC ont rappelé, chacun dans leur domaine, « l’importance du collectif comme une voie d’avenir ».
Isabelle Renaut
Julien Rouger, JA national, responsable du dossier transmission
« La transmission est un dossier particulièrement mis en avant dans ce nouveau mandat pour JA national. Nous avons rencontré tous les partenaires pour faire un état des lieux, y compris nos opposants syndicaux sur un sujet qui peut rassembler, pour travailler sur l’avenir. Cela nous a permis de définir une feuille de route avec 4 axes : repérage de la situation du cédant ; diagnostiquer l’exploitation à transmettre et faire une évaluation financière ; le volet fiscal et social ; le volet foncier.
La réalité aujourd’hui est que nous ne sommes pas en capacité de remplacer un pour un. Toutes les exploitations sont à accompagner dans la transmission mais nous ne les conduirons pas toutes à l’installation.
Il est indispensable au préalable d’identifier tous les cédants sans repreneurs. Le DICA (Déclaration d'Intention à la Cessation d'Activité) est un gros chantier au niveau national. Le taux de retour varie de 15 à 60 % selon les départements.
Le deuxième point important est la réforme du répertoire à l’installation, pour qu’il soit plus accessible et plus attractif. La Safer, les coopératives, etc., ont leur propre base de données, nous devons travailler sur une mise en commun.
Deux sujets sur lesquels JA national déploie aussi beaucoup d’énergie :
- le diagnostic entre 3 et 5 ans avant la transmission (sur les atouts, forces, opportunités et menaces) pour voir le potentiel économique mais aussi les opportunités de diversification, les menaces environnementales ou techniques…
- l’évaluation financière de l’exploitation, avec un écart énorme de 1 à 4,5 entre la valeur économique et la valeur patrimoniale. Aidons le jeune et le cédant à trouver un point d’équilibre autour de la capacité du jeune à financer cette reprise et à en vivre. JA va travailler sur une méthode d’évaluation, avec d’autres OPA.
Nous sommes également convaincus à JA qu’il faut créer un appel d’air du côté des cédants en jouant sur le volet social et fiscal (crédit d’impôts, bonus-malus…) pour inciter à transmettre à des jeunes, plutôt qu’à l’agrandissement des exploitations.
Au niveau de l’installation en Gaec, nous militons pour le droit à l’essai. Nous devons aussi faire beaucoup plus la promotion de nos systèmes coopératifs. Si des jeunes hors cadre viennent s’installer à la campagne, c’est pour gagner en liberté. Ils voient les contraintes du collectif. À nous de leur montrer les bénéfices ! »
IR
La relance des animations
Après l'année 2020 qui a été plus que bousculée par la pandémie, c'est grâce aux adhérents des échelons locaux (13 cantons) que le syndicat JA et son association JA’Nime 39 ont pu relancer les événements et animer le milieu rural pour l’année 2021.
Tout particulièrement grâce au canton de Bletterans et de Poligny-Voiteur, qui ont respectivement organisé la Fête de l'Agriculture le 21 août et la Fête de l'élevage le 18 décembre, deux événements phares pour notre département.
Mais il ne faut pas oublier également les événements à plus petite échelle, l'animation de stands pour le Chat Perché ou pour la Foire expo de Dole, ou encore la participation aux Journées nationales de l'agriculture, les ciné-débats, les interventions dans les collèges, etc.
Après une année 2020 sans événements ni retrouvailles, le réseau des Jeunes Agriculteurs du Jura a su se remobiliser pour renouer avec ce qu'il était. Une soirée inter-canton organisée par les Jeunes Agriculteurs de Salins a clôturé la mandature 2020-2022 par un tournoi de beach-volley au Gaec du bel horizon à Aresche. Une soirée très appréciée par les JA participants.
Lea Guelle
