Des jeunes migrants à la découverte de l'agriculture

EMPLOI/ A la demande de Soelis, Anthony Charpiot, jeune agriculteur à Champvans, accompagné de son père Guy, ont ouvert leurs portes à un groupe de jeunes accompagnés par la mission locale de Dole. Objectif : construire un parcours professionnel.

Des jeunes migrants à la découverte de l'agriculture
Anthony Charpiot, dont la ferme est aux portes de Dole, accueille volontiers des jeunes pour leur présenter le métier. Il est par ailleurs trésorier du service de remplacement Jura Nord.

Venus du Soudan, d’Erythrée, d’Afghanistan, de Syrie et de Sierra Leone, ces 7 jeunes de 18 à 25 ans participent à un projet récent qui vise à leur faire découvrir 5 domaines professionnels porteurs dans le Jura : l’industrie, la logistique, l'hôtellerie-restauration, le bâtiment et l’agriculture.

« Nous hommes dans la phase de test du projet, l’objectif est de susciter des vocations dans un des domaines, qu’ils puissent confirmer par un stage de 5 à 10 jours puis entamer un parcours de formation », explique Gwenaëlle Devos, conseillère emploi formation à la mission locale et animatrice « Garantie jeune » pour les jeunes non francophones.

Attentifs et curieux

Sur la ferme d’Anthony Charpiot, le petit groupe découvre l’élevage de montbéliarde, l'alimentation du troupeau, la salle de traite… Une image un peu plus mécanisée de l’agriculture qu’ils ne connaissent chez eux mais qui leur reste familière par bien des aspects : une agriculture familiale, le lien aux bêtes, le respect du rythme de la nature… Attentifs et curieux, ils suivent les deux agriculteurs qui, plus que des paroles leur montrent les gestes. Pour ce jeune érythréen, dont la famille possède quelques vaches pour faire du lait et du fromage, la question vient naturellement : « Combien coûte une vache montbéliarde ? ».

Les jeunes ont découvert une agriculture plus mécanisée que dans leur pays d’origine mais qui reste familiale

Avant la visite de l'exploitation, Marie-Ange Christophe, conseillère emploi Soelis leur a présenté les différents métiers de l’agriculture, les travaux saisonniers, les parcours à mettre en place pour se former. La Mission locale leur a donné au préalable un livret traduit dans leur langue sur les différents domaines professionnels qu’ils vont découvrir.

1 000 vies

Ces jeunes majeurs isolés sont arrivés en France avec un parcours humain et professionnel. « Ils ont déjà eu plusieurs vies. Ils ont travaillé chez eux, pour la plupart dès l’âge de 14 ans, et durant leur parcours migratoire. Ils ont été maçons, vendeurs de produits cosmétiques, cuisinier, footballeur professionnel… Nous les aidons à rassembler ces expériences dans un document appelé « Passeport d’employabilité », qui comprend également la validation de leur savoir-être et ce qu’ils vont découvrir en stage. Nous avons déjà remarqué que c’est un public à l’heure, engagé, qui écoute les consignes et qui demandent à pouvoir travailler. » Le suivi des jeunes sur les aspects sociaux et administratifs se fait de manière coordonnée avec les associations locales de Dole. Ils suivent des cours de français et pour permettre les déplacements vers les lieux de stage et de formation, ils vont passer le permis scooter.

Anthony Charpiot, dont la ferme est aux portes de Dole, est volontaire pour accueillir des groupes. « Nous ouvrons les portes de  notre exploitation pour faire découvrir notre métier, susciter des vocations. Les exploitants ont de plus en plus de mal à trouver des personnes motivées pour exercer ce métier. De plus, cela peut aider les personnes réfugiées à s'insérer dans notre pays en découvrant notre culture », ajoute le jeune agriculteur qui est aussi administrateur au Service de remplacement.

IR