Grippe aviaire
Optimiste malgré la double crise sanitaire

Dès l’alerte à la grippe aviaire lancée par les autorités, Rachel Roussel Voisard mettait en place dans sa ferme toutes les mesures nécessaires à l’obtention d’une dérogation pour que ses poulets puissent continuer à sortir.

Optimiste malgré la double crise sanitaire
Rachel Roussel Voisard a obtenu une dérogation pour que ses poulets de Bresse sortent (Crédit photo : Jérôme Genée)

Rachel Roussel Voisard, éleveuse de volailles de Bresse AOP à Chappelle-Voland, n’est pas inquiète face à cette nouvelle alerte à la grippe aviaire. « Il n’y a aucun cas en France métropolitaine, ces restrictions sont uniquement préventives », explique-t-elle. « Et nous connaissons bien le protocole pour l’avoir déjà appliqué lors des épisodes précédents ».

Dès le 6 novembre, lendemain de la publication au Journal Officiel du décret gouvernemental imposant le confinement des volailles, l’éleveuse a fait venir son vétérinaire sur l’exploitation pour établir une demande de dérogation validée ensuite par la Préfecture. Il est impossible de confiner totalement les volailles de Bresse car le cahier des charges de l’AOP impose qu’elles soient élevées sur parcours herbeux. « Pour continuer à avoir le droit de les sortir à l’extérieur, soixante points sont à respecter » précise Rachel.

60 points à respecter

Les espaces d’élevage ont dû être clôturés. Pour y accéder, le passage par un pédiluve est obligatoire. Tous les tas de paille et de fourrage ont été bâchés et une signalétique claire à l’approche de l’élevage a été mise en place. Des effaroucheurs sonores, pour éloigner les oiseaux sauvages sont aussi utilisés. Le cheptel ne doit plus pouvoir approcher à moins de trente mètres des points d’eau naturels et tout contact avec un être humain ou un autre animal est interdit. « Mon chien ne peut plus m’accompagner au travail » plaisante-t-elle. « Et les visites sont interdites. »

La ferme qui produit 6000 volailles par an, dispose de son propre abattoir aux normes CE et propose ses poulets, poulardes et chapons en vente directe et aux restaurateurs. Avec la fermeture de ces derniers, elle est plus impactée par la crise du COVID que par la grippe aviaire même si le confinement a dopé la vente directe. « La population s’est mobilisée pour soutenir les petits producteurs et acheter local. C’est très fort et émouvant. »

Eternelle optimiste, l’éleveuse garde confiance pour Noël qui arrive : « Les gens vont vouloir se retrouver et déguster des produits d’exception pour trouver du réconfort ».

SC

L’élevage en circuit fermé diminue les risques

L’élevage en circuit fermé diminue les risques

CIVB/ Le Comité interprofessionnel de la volaille de Bresse reste confiant face à ce nouvel épisode de grippe aviaire car en France seule la Haute-Corse est touchée avec un cas avéré.

« L’élevage de poulets de Bresse se fait en circuit fermé, » explique Pierre-Emmanuel Forest, secrétaire du Comité interprofessionnel de la volaille de Bresse. « Il n’y a aucun échange de poussins. Ils arrivent à l’élevage à l’âge d’un jour et y restent jusqu’à l’abattoir, ce qui diminue les risques de contamination et de transmission de la maladie. »

Le confinement des animaux où la pose de filets de protection, solutions imposées par les autorités, sont exclus par le cahier des charges de la volaille de Bresse. Après avoir mis en place des mesures de sécurité, telles que la création d’un sas sanitaire et la réduction du parcours au minimum, puis fait contrôler l’installation par un vétérinaire, les éleveurs peuvent demander une dérogation.

« La crise du COVID a beaucoup plus de conséquences sur la filière, » poursuit le secrétaire de l’interprofession. « Surtout la fermeture des restaurants jusqu’au moins le 15 janvier, car ils représentent 80% des débouchés ». Pour y faire face, le CIVB va mettre en place pour les Glorieuses qui approchent à grands pas, un système de mise en relation entre les clients et les vendeurs.