Pâturage d'automne
Presque un deuxième printemps

L’herbe d’automne, riche en protéines, a des caractéristiques proches de celles du printemps. Sa valorisation par le pâturage d’arrière-saison est source d’économies de fourrages… et de correcteur azoté !

Presque un deuxième printemps
Cette année, les conditions sont propices au pâturage d’automne.

Novembre déjà, et des températures sinon estivales, du moins printanières, au-delà de 20°C le week-end dernier… ce qui n’est pas sans conséquence sur la pousse de l’herbe ! La pousse d'automne de l'herbe peut selon les années représenter jusqu'à 25 % de la production annuelle, et la question de sa valorisation par le pâturage est bien légitime. « D’autant plus qu’il y a des problèmes de stocks de fourrages insuffisant. Même si le pâturage ne couvrira qu’une partie de la ration, ça reste intéressant », relève Vincent Mamet, responsable de l’encadrement technique à Eva Jura. La production automnale peut représenter 1,5 T de MS/ha, et reste de l’ordre de 20-25 kg de MS/ha/jour, tant que les températures restent positives. Dans un élevage disposant de 20 ares de prairie par UGB, l'offre fourragère est donc voisine de 5 kg de MS, ce qui peut représenter 25 à 30 % de la ration.

Une bonne valeur alimentaire

En termes de composition l'herbe d'automne est comparable à celle du printemps mais est un peu plus riche en azote (d'où le besoin d'apport de fibres aux animaux) et sa pousse est moins rapide, avec l’influence de la photopériode. « Les analyses que nous avons faites fin septembre montraient de bonnes valeurs azotées, autour de 22% de MAT. Cela s’explique par la minéralisation importante de la matière organique et la sécheresse estivale, pendant laquelle l’azote n’a pas été utilisé par les graminées, avec une très faible croissance de l’herbe. Outre les économies de fourrage, le pâturage d’automne peut donc permettre des économies de concentré, notamment de correcteur azoté. » Par contre l’énergie disponible diminue légèrement (0,90 UFL), pouvant provoquer un excès d’azote et une augmentation des teneurs en urée du lait.

Avec un chargement adapté et une bonne gestion, ce pâturage n'impacte pas la repousse au printemps. L'entrée dans les parcelles se fait à 18-20 cm (feuille tendue) ou au stade 3 feuilles pour les graminées, pour une sortie à 5-7 cm (feuille tendue). Pour valoriser au maximum la ressource et retrouver des prairies de qualité au printemps suivant, la hauteur sortie de parcelle sera au minimum de 5 cm, car le surpâturage d’automne pénalise la pousse de printemps.

Si nécessaire, un broyage des refus peut compléter cette préparation. L’idée est de donner de la lumière au plateau de tallage pour favoriser le départ de nouvelles talles. On favorise ainsi une forte densité avec beaucoup de plants par mètre carré, ce qui prépare un rendement maximal pour la suite. S’il y a du trèfle dans la parcelle, il tirera également profit d’un pâturage ras. La lumière l’aidera à mieux passer l’hiver et il pourra recoloniser le sol avec ses rhizomes. Enfin, l’herbe présente à l’automne va pourrir avec le gel si elle n’est pas pâturée. Cette herbe dégradée va à la fois pénaliser la repousse au printemps et gêner le pâturage car les vaches ne la consomment pas.

Il faudra aussi allonger les temps de repos des parcelles entre deux pâturages, jusqu’à 30 à 40 jours, pour maximiser la production de cette herbe de qualité. Les fourrages distribués à l’intérieur seront la variable d’ajustement du stock d’herbe disponible offert aux animaux. Autre facteur à prendre en compte : la portance des sols. Si cette dernière est limitée, la solution peut être de ne sortir les animaux que quelques heures pour limiter les problèmes de détérioration du couvert et les tassements. Et il ne faut pas faire pâturer sur des sols gelés.

Alexandre Coronel