La collecte des coopératives fromagères progresse de 8 %

FRCL / Les réunions de secteur des coopératives fromagères, organisées par la FRCL, se déroulent en ce moment sur le Massif jurassien. La collecte progresse d'environ 8 % par rapport à l'année dernière. Écho de la réunion du 2 novembre à Poligny.

La collecte des coopératives fromagères progresse de 8 %

Comme chaque année à l’automne, les présidents des coopératives fromagères sont invités par la FRCL du Massif Jurassien à se réunir. Un moment privilégié pour faire le point sur les dossiers d'actualité et réfléchir sur les perspectives des coopératives et des filières.

Sur les 6 premiers mois de la campagne 2021-2022, la collecte laitière des fromageries du Massif est en hausse de + 7,8 % par rapport à 2020-2021 et de + 5 % par rapport à 2019-2020.

Une hausse liée à l’apport de nouveaux producteurs mais également aux conditions climatiques et au gain de productivité de certaines exploitations.

« Bien souvent, les responsables d’ateliers de coopératives doivent jongler entre gérer un volume de droit à produire et la productivité des exploitations », note au passage Mathias Bouillet, vice-président de la FRCL.

Règles de régulation de l’offre en comté

La RRO 2021-2024 prévoit un tonnage d’ouverture conséquent de 1 500 tonnes. Les nouvelles règles mises en place visent notamment à mieux valoriser des laits qui aujourd’hui ne sont pas transformés en AOP. Une mesure spécifique dite « amélioration du taux de plaquage » est créée pour permettre aux ateliers de converger vers le taux de plaquage moyen de la filière plus rapidement. « L’ouverture est faite cette année dans ce sens pour une durée de 3 ans, laissons le temps de sa mise en place pour voir les effets à terme », indique Mathias Bouillet.

Sur la période triennale précédente, 310 jeunes agriculteurs ont été aidés dans leur installation et 20 exploitations ont été accueillies.

MPN : la barre des 10 000 euros/tonnes

L’évolution des prix est toujours une satisfaction pour les acteurs de la filière, les producteurs ne s’en plaignent pas.

La MPN atteint 9 640 euros/t en septembre 2021. De janvier à septembre 2021, elle a progressé de + 4,1 % par rapport à 2020.

Bernard Marmier, Mathias Bouillet et Marie-Françoise de Dominicis ont animé la réunion sur Poligny.

« La barre symbolique des 10 000 euros/tonne se rapproche… » , note Mathias Bouillet

Une progression continue d’année en année est-elle cependant à souhaiter s’interrogent les responsables de coopératives. Équilibre à trouver avec un prix qui reste acceptable pour les consommateurs.

Dans les coopératives FRCL du Massif jurassien, le prix 2020 est de 599 euros les milles litres, en hausse de 18 euros, soit + 3,1 %.

Compte tenu de l’évolution de la MPN, le prix 2021 devrait augmenter d’environ + 4 %.

Gérer les aléas

Concernant la production de comté de la campagne 2020-2021, le choix de la filière, avec une décision prise au printemps 2020, combinée à une sécheresse, ont entraîné une légère baisse de 0,5 %. Sur cette même campagne, la collecte (toutes AOC) a baissé de - 2 %. Une baisse qui a surtout été forte pour les autres AOC que le comté. Le rendement moyen des coopératives sur la dernière campagne a été de 9,98 % (+ 0,05 %).

L’effet Covid s’est senti sur le bleu de Gex qui a arrêté sa production une partie du printemps 2020. 11 084 tonnes de morbier ont été vendues en 2020 (+2,8 %), 5 991 tonnes de mont d’or en 2020-2021 ( +5 %) et 440 tonnes de bleu de Gex (-7,8 %).

La production de comté est repartie depuis ce printemps 2021 avec une forte évolution. Entre 2020 et 2021, au 30 septembre 2021 : + 7,8 %. « Nous allons peut-être sur une des meilleures années de production qu’on ait eue », commentent les responsables FRCL.

Par contre la dynamique des ventes de comté en 2021 (au 30 septembre) marque le pas avec une faible hausse de +1,3 %. Les stocks augmentent de 5,2 %.

« Pour les ventes, il faudra sans doute s’habituer à l’avenir à gérer ces aléas de productions à la hausse comme à la baisse », ajoutent les présidents de coopératives.

Assainissement : une pression importante

Bernard Marmier, président de la FRCL, évoque deux dossiers nationaux.

Le premier concerne le nutriscore. « Nos fromages sont mal classés, c’est un point qui peut gêner le consommateur de demain. Est-ce que nos fromages AOP resteront dans cette classification, c’est une question… ». Dans le même esprit, le président des fromageries du Massif jurassien alerte sur l’image renvoyée par les ateliers et l’agriculture en général. « Faisons attention à nos pratiques d’agriculteurs par rapport à l’environnement qui trouvent une caisse de résonance dans les réseaux sociaux. »

Le gros sujet du moment pour les coopératives est le volet assainissement. « Nous n’étions pas prêts à prendre de plein fouet cette pression mise sur nous », enchaîne Bernard Mamier.

Le transfert des compétences assainissement aux communautés de communes entraîne pour 93 fromageries reliées au collectif un renforcement des contrôles sortie fromagerie. D’autres rélementations se sont ajoutées en 2019 et 2020 : mesures de pollutions en sortie de fromagerie, plan d’épandage, ...  Pression interne à la filière également : la décision du CIGC d’interdire les épandages de boues sauf celles émises par les stations des fromageries a amené beaucoup d’interrogations pour les territoires.

La majorité des coopératives vont s’orienter vers un assainissement individuel, 13 stations sont actuellement en construction.

« Nous sommes passés dans l’esprit des gens d’un produit intéressant à valoriser à un produit considéré comme un vrai déchet ! Nous sommes là pour vous aider à atteindre le niveau nécessaire pour être dans le cadre réglementaire. Cela aura un coût et va impacter la rentabilité mais nous n’avons pas le choix », note Marie-Françoise De Dominicis, directrice de la FRCL.

« La planète est la même pour tout le monde. Nous devons prendre cette pression comme un moyen de changer », estime Bernard Marmier.

« Je suis persuadée que nous devrons traiter cette question collectivement pour un partage d’expérience et résoudre plus facilement les problèmes », commente Mathias Bouillet.

Salariés de coopératives

Autre sujet d’actualité : la fusion de la branche salarié des coopératives laitières. « Ce travail a été mené en grande cohésion avec les syndicats de salariés de la région. La spécificité des coopératives a également été prise en compte et défendue par la commission nationale des coopératives. Un dossier qui a représenté un gros travail de négociation », souligne Marie-Françoise Dominicis. La FRCL et CER France vont déployer ce chantier en 2022 et 2023 auprès des 130 fruitières adhérentes. Une des missions de la FRCL est bien de faire cette interface « entre des réglementations qui arrivent du national ou d’ailleurs et leur application au niveau local dans les coopératives », conclut la directrice de la fédération.

IR

Les rendez-vous du Comté

Le CIGC souhaite organiser du 5 au 8 mai 2022, « les rendez-vous du Comté » avec des portes ouvertes sur tout le territoire de l’AOP. Les fruitières qui souhaitent participer peuvent contacter le CIGC au 03 84 37 23 51 ou [email protected]