Réforme des chambres d'agriculture
Trois questions à… Dominique Chalumeaux

Au cours des six derniers mois, trois lois importantes ont été débattues et, pour deux d’entre elles, adoptées. Ces trois lois vont impacter à la fois l’organisation et les finances des chambres départementales d’agriculture. L’éclairage de Dominique Chalumeaux, le président de la chambre d’agriculture du Jura.
Trois questions à… Dominique Chalumeaux

 

La loi d’avenir agricole adoptée à l’automne dernier, prévoit une réforme en profondeur des chambres d’agriculture. Comment va-t-elle se décliner dans le Jura ?

La loi d’Avenir agricole nous impose un certain nombre d’évolutions régionales pour permettre d’absorber la réduction des aides publiques, comme le transfert des fonctions ressources et supports (les services généraux, la comptabilité par exemple…) à l’échelon régional.  Nous avons fait le choix de conduire ces travaux à l’échelle de la Bourgogne et de la Franche-Comté. Ce qui, en clair, signifie la fusion des chambres régionales d’agriculture au 1er janvier 2016.

Préalablement nous sommes tenus d’harmoniser les conditions d’emploi de l’ensemble des personnels. Il n’y aura pas de suppression d’emploi mais des redéploiements vers de nouvelles missions, qui, actuellement font l’objet de discussions.

 

Quelles incidences pour les agriculteurs du Jura et ne craignez-vous pas qu’ils se sentent éloignés des centres de décisions ?

Nous avons aussi le souci de conserver une proximité certaine avec nos ressortissants. Les chambres départementales garderont donc leur fonctionnement opérationnel. Elles entretiendront leurs relations avec les agriculteurs, les administrations, les collectivités locales.

Pour les agriculteurs, aucune conséquence préjudiciable n’est à craindre. Les techniciens seront toujours présents pour répondre aux attentes de chacun. Nous ne voulons surtout pas sacrifier cet échelon départemental. Nous avons besoin d’agents au plus près du terrain.

C’est un schéma qui sera présenté lors de la prochaine session de notre chambre départementale, le 31 mars. Il fera l’objet d’un voeu ou d’une motion, non pas sur le fond, mais sur la méthode.

 

Les régions Bourgogne et Franche-Comté n’auront bientôt plus qu’une seule assemblée élue. Comment voyez-vous cette évolution ? L’agriculture du Jura pourra-t-elle toujours bénéficier du même soutien qu'auparavant ?

Jusque-là, le Jura avait 25% des élus. Avec la nouvelle donne, cette représentation va tomber à 10% seulement. Tout ce que l’on peut craindre, c’est que cette nouvelle configuration affaiblisse chaque département. Mais également que la représentation des élus du monde rural soit moindre…

Il est donc stratégique pour l’agriculture d’être la plus influente possible au niveau de l’exécutif régional, ce via les chambres d’agriculture et notre réseau syndical. Et ce d’autant plus que le paysage agricole de la nouvelle région sera très différent de celui que nous connaissons actuellement. La production laitière reste importante. Mais on devra composer avec d’autres pôles tout aussi importants : la viande, les céréales, la viticulture. Cela promet des discussions âpres et nous devrons pouvoir compter sur des élus jurassiens qui, moins nombreux, devront se battre pour défendre des enjeux encore plus grands compte tenu des compétences très étendues des régions dans le domaine agricole.

 

Propos recueillis par M.R.