La présence, souvent très visible des méligèthes n'est pas toujours synonyme de pertes de rendement. Les éventuels dégâts sous forme de boutons avortés peuvent parfaitement être compensés par l'émission d'autres boutons floraux.
Les méligèthes sont facilement repérés et identifiés sur le haut des plantes et cette présence conduit souvent à les surestimer. La lutte raisonnée consiste à intervenir lorsque le seuil de nuisibilité est atteint au cours de la période de sensibilité du colza (stades boutons). Les méligèthes ne sont plus nuisibles à partir du début de la floraison.
Il est conseillé de compter sur 5 x 5 plantes consécutives ; puis de calculer une moyenne ou un % par plante.
La stratégie vis-à-vis vise à maintenir la population des méligèthes à un niveau tolérable (et non à l'éradiquer) pour que la floraison puisse s'engager sans retard important.
• Essayer de faire "le plein" avant l'application d'un insecticide. Traiter 5 à 7 jours après que le seuil d'intervention a été atteint. Si une nouvelle intervention s'avère nécessaire, attendre au moins une semaine.
• Toute intervention est à éviter à partir de l'apparition des premières fleurs dans la végétation sauf si la pleine floraison ne se produit pas une semaine après l'apparition des premières fleurs. La ponte des adultes et les larves n'engendrent pas de dégâts à la culture.
Plantes pièges
En mélangeant au semis 5 à 10 % d'une variété à floraison très précoce (ex : ES Alicia ou Troubadour), les méligèthes visiteront prioritairement les fleurs des plantes précoces. Les dégâts sur le reste des plantes encore en boutons seront moindres. Cependant, en cas de forte pression, il peut être nécessaire de contrôler les populations en ayant une protection insecticide raisonnée. Si besoin, choisir le bon insecticide et alterner les modes d'action.
Une utilisation raisonnée de ces solutions est indispensable. Lire attentivement les étiquettes et la documentation disponible et respecter les recommandations d'emploi.
Les substances actives efficaces sur méligèthes résistants ou non sont les suivantes (quelques exemples ; liste non exhaustive) :
• pyréthrinoïdes de synthèse avec l'étofenprox (TREBON 30 EC) et le tau-fluvalinate (MAVRIK FLO) ;
• oxadiazines avec l'indoxacarbe (STEWARD) ;
• pyridine-azométhrines avec la pymétrozine* (PLENUM 50WG) ;
• les organophosphorés seuls (BORAVI WG, RELDAN 2M) ou en association ** (DASKOR 440)
*La pymétrozine n'a pas été réapprouvée par la commission européenne. Les retraits d'AMM devront intervenir au plus tard le 30 avril 2019 avec un délai maximum de vente et d'utilisation au 31 décembre 2019. PLENUM 50 WG peut donc encore être utilisé cette campagne en cours.
** les associations organophosphorés + pyréthrinoïdes sont à réserver au cas d'infestation simultanée de méligèthes et de charançons de la tige du colza.
Afin de maintenir la durabilité des solutions chimiques Il est important d'alterner les modes d'actions et ne pas utiliser 2 fois de suite le même mode d'action (même si on traite 2 insectes différents) pour réduire le risque d'apparition de résistance.
Respecter la réglementation en vigueur
L'usage des insecticides est interdit dans les cultures en présence de fleurs ou d'exsudats. En cas d'intervention tardive (stade E avec apparition des premières fleurs), utiliser impérativement les solutions bénéficiant d'une dérogation abeille (emploi autorisé durant la floraison et/ou production d'exsudats en dehors de la présence des abeilles). Lire attentivement l'étiquette car la mention abeilles est liée à chaque usage (culture x ravageur).