ARBOIS FORESTIERS PRIVES
« Il faudra récolter plus dans les forêts privées »

Les propriétaires forestiers privés du Jura sont directement concernés par le Plan National Forêt Bois qui prévoit d'intensifier la production pour répondre à la demande du marché national.
« Il faudra récolter plus dans les forêts privées »

Le plan national forêt bois est mis en place pour uné période de dix ans. Ce PNFB a pour vocation de dynamiser la gestion des forêts françaises et de réduire le déficit d'approvisionnement de la filière. Ce sont 12 millions de mètres cube supplémentaires, qui devront être produits par an au terme de ce plan. « C'est une ambition qui concerne au premier chef les propriétaires forestiers privés, a expliqué le président Christian Bulle lors de l'assemblée générale du syndicat des forestiers privés du Jura qui s'est tenue à l'Espace Pasteur, à Arbois. Il faudra qu'on récolte plus dans nos forêts pour fournir ce que le marché demande. La filière a besoin de plus de résineux alors que notre forêt est à dominante feuillus. Des crédits sont affectés pour financer des recherches sur l'utilisation du feuillu, en particulier le hêtre qui est très peu valorisé... »

La répartition des « centimes forestiers » de la CVO a été au cœur de l'intervention de Dominique Chalumeaux, le président de la chambre d'agriculture du Jura. C'est une somme de 19 millions d'euros dont 5 sont reversés à ue quinzaine de chambres départementale d'agriculture. Celles-ci devront justifier de leur utilisation. « Dans le Jura, explique-t-il, la chambre utilise cette enveloppe, pour financer ses missions transversales (foncier, environnement, protection de l'eau...), ce qui ne me semble pas illogique pour un département où la forêt couvre la moitié de la surface... ».

 


Dominique Chalumeaux évoque aussi le fonds stratégique qui attribuera entre 4 et 500 000 euros à la Franche-Comté : « Mais ces fonds seront soumis à des appels à projets, d'où l'importance d'avoir des projets, de faire preuve d'innovation et d'être réactifs car la période d'appels est toujours très courte... »
Pour apporter une aide efficace aux propriétaires de petites parcelles ou aux propriétaires éloignés, la fruitière de gestion forestière sera un outil intéressant. Une première fruitière a été créée sur le territoire d'Arcade Haut-Jura. Elle réunit déjà une vingtaine de propriétaires possédant une surface de 67 hectares. Ceux-ci ont adhéré pour une durée de 18 années qui correspond à la durée de vie de l'association. La fruitière se charge d'organiser la gestion des parcelles des adhérents, en partenariat avec un gestionnaire lié par un cahier des charges, garant de la bonne qualité des exploitations. Les acteurs locaux sont priorisés, ce qui contribue au développement de ce territoire du Haut-Jura.
Outre les raisons patrimoniales et environnementales, les propriétaires trouvent avec cet outil un intérêt économique non négligeable car une forêt gérée durablement rapporte deux fois plus qu'une forêt non gérée !
Pour adhérer, une cotisation annuelle de 20 euros et une cotisation de 6 euros à l'hectare sont demandées aux intéressés.

 

Restructuration forestière


Un point sur la restructuration forestière a été fait par Didier Chopard, le technicien de l'Adefor. Dans un département où les propriétaires possèdent en moyenne une surface de 3 hectares et qui plus est morcelés, la restructuration passe par certaines mesures : le droit de préférence qui impose d'informer les riverains pour une vente de parcelle de moins de 4 hectares, le droit de préemption pour les communes si leurs terrains attenants sont déjà soumis au régime forestier, le droit de préférence sur leurs territoires et, à partir du prochain mois de mai, une baisse importante des droits d'enregistrement perçus par les notaires. Pour les parcelles de petite superficie, ces frais seront de 3 à 400 euros alors qu'ils situent entre 7 et 900 euros actuellement...
Il a également été question d'assurances et en particulier de la responsabilité civile qui couvre les dégâts occasionnés à des tiers. Un nouveau contrat, « plus précis et plus forestier » a été conclu avec la compagnie Générali. Sur ce sujet, le président a également alerté les adhérents sur l'intérêt d'une assurance contre les dégâts générés par les tempêtes ou incendies ainsi que sur leur responsabilité à l'égard des randonneurs et autres usagers de leurs propriétés...

 

Les dégâts du cerf


La question des dégâts forestiers occasionnés par le cerf est en pleine actualité. Pour lutter efficacement contre l'augmentation de ces dégâts, les propriétaires ont besoin de données qui seront partagées avec les chasseurs. Celà passe par le lancement d'une campagne de collecte d'informations, le recrutement d'un personnel qui, dès cet été, quantifiera les dégâts, un recensement des zones fortement impactées, une expertise des dégâts puis une intervention auprès des CDCFS qui accordent les prélèvements... Des prélèvements espérés « en nombre »... Le dossier va être long à traiter. Il se fera en partenariat avec la fédération des chasseurs du Jura. Une formation sur l'identification des dégâts est d'ailleurs proposée aux propriétaires forestiers, le 1er juillet.
Pour ce qui est des scolytes, les propriétaires sont invités à surveiller les arbres et à les évacuer rapidement, tout en sachant que seule l'humidité peut apporter une solution efficace au problème...

 

M.R.