NECROLOGIE
Georges Charton n'est plus

Le nom de Georges Charton a marqué l'histoire de l'élevage jurassien et bien au-delà.
Georges Charton n'est plus

 

Né en 1924, à Grande-Rivière, Georges Charton a vécu simplement, mais heureux, dans la petite ferme familiale du hameau des « Guillons ». Jusqu'à ce terrible jour du 15 avril 1944 qui a bouleversé sa vie : avec 48 jeunes du Grandvaux, il était arrêté à l'aube par les nazis, dirigé dans des conditions inhumaines sur le camp de Büchenwald puis celui de Dora où il a passé une terrible année de souffrances, de maltraitances, de famine et entouré par la mort de ses camarades, copains... Ses héros.
Des heures sur lesquelles il témoignera, plus tard... Un témoignage sur lequel nous reviendrons...
Ces années de souffrance et de maladie le marqueront à tout jamais mais sa solidité, sa rage de vivre lui permettront de reprendre le cours d'une vie marquée, en 1954, par sa rencontre avec Agathe. Et la fondation d'une belle famille de trois enfants dont il était très fier.
En 1957, Georges Charton adhère au syndicat de contrôle laitier du Jura et il en sera administrateur en 1962, en même temps qu'Emile Richème et toute une équipe d'éleveurs passionnés qui ont propulsé la race montbéliarde vers l'avant à force de rencontres avec des éleveurs, de réunions à Crançot et à Bois Vernois, de déplacements dans les élevages pour y repérer les taureaux, voire de commerce clandestin avec la Suisse...
Il y eut aussi tous les concours, le premier déplacement au Salon de l'agriculture à Paris, en 1965, d'où il ramena un prix de championnat... Tout un travail de mise en valeur de cette race montbéliarde, sélectionnée avec passion. Dans le même temps, beaucoup d'éleveurs étaient présidents de coopératives fromagères et travaillaient à la mise en valeur du comté. Une passion qu'il a transmise à ses fils et ses petits-fils qui ont tous baigné dans ce milieu si prenant.
En 1971, Georges Charton est élu président du contrôle laitier. Il passera 23 années aux côtés du directeur Michel Racle avec qui il partagera une grande complicité. Puis il rentrera au bureau national, à la présidence de la commission génétique ainsi qu'à la vice-présidence du Herd Book Montbéliard.
Grand défenseur de la filière comté, il présidera la coopérative de Grande-Rivière pendant un quart de siècle. Il prendra également la vice-présidence de la FDCL et du CIGC pendant une longue période tant il croyait en l'avenir de cette filière.
Cet engagement professionnel ne l'a pas empêché de prendre des responsabilités dans son village de Grande-Rivière dont il sera adjoint au maire en 1965. Il travaillera au lancement du remembrement qui s'avérera une belle avancée pour les exploitations. Il sera vice-président du Sidec et du syndicat des eaux du Grandvaux. Il deviendra maire de Grande-Rivière en 1983, pour deux mandats. On le retrouvera à l'origine de la communauté de communes de Trémontagne puis de l'association des maires du Jura où il retrouvera son ami Michel Racle.
Une vie bien remplie, au service des autres, animé par la seule envie de «faire avancer les choses».
Une vie à laquelle le monde de l'élevage jurassien a rendu hommage lors de l'office qui a été célébré ce dernier samedi, dans son village de Grande-Rivière.


M.R.