Climat
Des jours et des nuits de plus en plus chauds en BFC, d'ici 2050

Une étude de l'Insee Bourgogne Franche-Comté se penche sur l'évolution climatique à prévoir dans les 30 prochaines années. Sans surprise, il faut s'attendre à avoir de plus en plus chaud...

Des jours et des nuits de plus en plus chauds en BFC, d'ici 2050
Le dérèglement climatique pourrait se traduire, en Bourgogne Franche-Comté, par un nombre accru de journées et de nuits anormalement chaudes. (Crédit Marian Weyo)

Les multiples arrêtés sécheresse qui n'ont cessé de se succéder depuis le mois de juin et concernant les différents départements de Bourgogne Franche-Comté (BFC) en sont la traduction la plus tangible : le dérèglement climatique, et en particulier le réchauffement, qui en est une des composantes, s'impose à nous, de manière parfois préoccupante. Dans ce contexte, une récente étude que l'on doit à Jean Dupin et Fabrice Loones, de l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) de BFC tente de se projeter sur les trente prochaines années afin de tirer, à grand traits, le contexte climatique auquel nous devons nous préparer. Pour ce faire, l'Insee s'est appuyé sur les données météorologiques issues de douze scénarios élaborés par différents centres de recherche de Météo-France. Le nombre de journées et de nuits anormalement chaudes retenu est la médiane de ces scénarios. 

L'histoire et la prospective

Deux périodes sont prises en compte : la première, telle une référence, porte sur 1976-2005 et la seconde, prospective, sur 2021-2050. Entre ces deux périodes, en BFC, l'étude révèle qu'on observerait, l'été, 1,3 degré de plus. De 2021 à 2050, l’ensemble de la BFC serait exposé à une hausse significative du nombre de journées et de nuits anormalement chaudes pendant les mois de juin, juillet et août. Rappelons qu'une nuit est considérée comme anormalement chaude si la température minimale est supérieure d’au moins 5°C à la température minimale de référence. C'est pareil pour une journée anormalement chaude. Elle connaîtrait alors sur tout son territoire entre 16 et 29 journées (21 jours en moyenne) et entre 8 et 19 nuits (11 nuits en moyenne) anormalement chaudes. Cette tendance est inédite, car avant 2005, le nombre de journées anormalement chaudes ne dépassait pas 15 (13 jours en moyenne), tandis que les nuits n’excédaient pas 7 (3 en moyenne). BFC ferait ainsi partie, avec l’Occitanie et Auvergne-Rhône-Alpes, des régions les plus touchées par une hausse des écarts de température par rapport à la référence passée. 

Basse et moyenne montagne

Face à ces hausses, en France, ce sont les habitants des zones de basse et moyenne montagne qui seraient les plus affectés. L’absence de façade maritime pour BFC et la présence de plateaux d’altitude accentueraient ces excès de chaleur diurne et nocturne. Les massifs montagneux du Jura, du Morvan et des Vosges seraient particulièrement touchés avec plus de 20 journées et 11 nuits anormalement chaudes par été au cours des trente prochaines années. Sur notre région, près de 500 000 habitants seraient concernés par plus de 20 journées et plus de 11 nuits anormalement chaudes. Le taux d'habitants concernés est très supérieur à celui projeté au niveau national : 16 % contre 6 %. Cela pose clairement des questions de santé : la succession de ces journées et nuits anormalement chaudes a des répercussions sur les organismes. Les températures nocturnes, habituellement basses, permettent de mieux récupérer et de supporter les fortes chaleurs de la journée. La vulnérabilité face à ces facteurs est augmentée chez les personnes âgées de plus de 75 ans et les enfants de moins de 6 ans. C'est aussi une question sociale : les personnes vivant sous le seuil de pauvreté sont davantage vulnérables notamment en raison de leurs conditions de logement, souvent mal isolé et non climatisé. Ces chaleurs exceptionnelles pourraient aussi perturber l’activité économique et touristique. Certains professionnels travaillant en extérieur sont plus exposés (travailleurs agricoles, ouvriers de la construction). La société dans son ensemble devra s’adapter à ces phénomènes. De plus, la faible pluviométrie combinée à ces températures pourrait avoir des conséquences néfastes sur les productions agricoles et la ressource en eau. Une réalité qui s'observe déjà. 

Et l'hiver aussi...

Enfin, il faut noter que l'étude de l'Insee soulève un dernier aspect également inquiétant : même en hiver, le nombre de nuits anormalement peu froides augmenterait aussi fortement. En moyenne, plus de 12 nuits anormalement peu froides seraient constatées sur toute la région au cours des 3 mois d’hiver. Les journées anormalement chaudes seraient plus importantes dans le sud-ouest de la Saône-et-Loire, le Jura et la bande frontalière suisse. Ces hausses de nuits anormalement chaudes en hiver pourraient engendrer un stress hydrique pour la région.

 

Berty Robert, avec données de l'insee