Nous, les éleveurs du Doubs et du Jura, nous vous invitons à prendre quelques instants pour observer le paysage qui vous entoure. Regardez-le bien !
Ce paysage ouvert et accueillant où alternent des zones de pâturages, de forêt et de prébois, dans lequel vous allez certainement vous promener de temps à autre, ce paysage, c’est le fruit de notre travail et de la présence régulière de nos animaux, le fruit de pratiques ancestrales.
Depuis des décennies, des femmes et des hommes se battent pour apprivoiser cette montagne et en tirer le meilleur. De nos handicaps, nous en avons fait des atouts et grâce à la rusticité de nos Montbéliardes, nous avons su valoriser des productions fromagères reconnues de tous : le Comté, le Morbier, le Mont d’Or et le Bleu de Gex.
Nous n’oublions pas non plus, tous les éleveurs qui ne produisent pas de lait, mais qui, eux aussi, contribuent à ce travail collectif avec des chevaux comtois, d’autres bovins, des moutons ou des chèvres. Tous sont détenteurs d’une petite partie de la mosaïque.
Ce paysage, c’est notre identité collective et comme vous, nous y sommes attachés !
Mais avec l’arrivée du loup dans le Massif du Jura, il y a quelque chose de cassé. L’angoisse de retrouver un de nos animaux dévoré est prégnante dans la tête de chacun d’entre nous. Qui sera le prochain touché ?
Nous n’élevons pas des animaux pour les voir disparaître dans des souffrances atroces. Il y a du respect et le bien-être animal a du sens.
Nos montbéliardes ne sont pas des numéros, elles ont un prénom. Nous les faisons naître et grandir, nous nous en occupons et nous en sommes fiers.
Sur la question du loup, les sachants sont nombreux, les pratiquants moins et les propositions de protection frisent parfois le ridicule.
L’hiver approche et nous allons tous rentrer nos animaux avec l’angoisse de voir arriver le printemps prochain. Certains d’entre nous auront perdu des bêtes, mais aussi le sommeil et les loups seront toujours là.
On voudrait sacrifier notre existence sur un autel de la biodiversité que la présence du loup érigerait. Pourtant, ne sommes-nous pas une partie intégrante de la préservation de cette biodiversité ?
Une cohabitation entre le loup et notre élevage est impossible. Nous ne pouvons laisser le loup continuer à prélever son tribut nuit après nuit et se rapprocher de l’homme sans le craindre. Il faut que le loup réapprenne les limites de son territoire, réapprenne à se tourner vers ses proies naturelles.
Les éleveuses et éleveurs du massif ont besoin de savoir qu’ils comptent toujours, car avec le retour du loup ce n’est pas seulement l’élevage, mais la ruralité et notre identité collective qui est en danger.
Nous comptons sur votre soutien.