Disparition de Pierre Burri

Mon ami pierrot. Prête-moi ta plume pour écrire un mot !!!

Il y a longtemps déjà, tu défendais la qualité du porc comtois avec cette marque Francochon taguée sur ton camion frigo pour livrer partout sur le territoire tes 220 tonnes de porcs nés, élevés, engraissés aux céréales et au petit-lait collecté dans les coopératives à Comté du plateau de Nozeroy, puis abattus à l’abattoir de Champagnole.

D’ailleurs, c’est bien avec toi et grâce à toi pierrot que nous avons repris et racheté cet abattoir, ce samedi matin du 13 décembre 2002, lui qui avait fermé le 12 après le découragement de notre ami Buttiau, déjà fatigué par la pression des normes vétérinaires constantes et continues.

Ceci sur l´ordre de mission du député Charropin et du président Jourdain, qui nous avaient donné carte blanche pour reprendre cet outil indispensable dans le développement local. Chose était faite après 6 heures de négociation : à midi, l’acte était signé, l’abattoir était à nous, soutenu par la chambre d’Agriculture, la FDSEA et le président Delorme du CRCA qui honorait le chèque dès le 15 décembre.

Précurseur des circuits-courts

Et je me souviendrai longtemps de ce lundi matin ou avec les bouchers de Champagnole, Javaux, Saillard et Bassard, nous étions passés maîtres dans le dur métier de l’abattage, avec toi qui nous apprenais à fendre les porcs pour satisfaire le client !! Abattoir reconstruit et soutenu par le président Pernot, la com-com, la chambre d’Agriculture et la FDSEA, toujours opérationnel en 2023.

Lien incontestable entre le monde des bouchers, les paysans et les consommateurs, l’ami Pierrot, tu étais avec ton bon sens paysan le précurseur des circuits-courts bien avant toutes ses déclarations politiques.

Responsable cantonal à la FDSEA, tu n’avais de cesse de défendre les intérêts collectifs et d’œuvrer à la restructuration et a l’amélioration des conditions de travail du monde agricole, élu à la MSA.

Partager l’espace

Chasseur dans l’âme depuis ton intégration au bataillon de chasseurs alpins à Modane en 1963, tu parcourais les bois de l’AICA de la papeterie à Sirod où tu n’avais de cesse que chasseurs et agriculteurs arrivent à s’entendre. C’est à croire que bien avant le GPS sur les chiens, tu étais en relation directe avec le monde des sangliers, tellement le positionnement des postes de chasse étaient efficaces pour réduire le coût des dégâts de gibier.

Très vite, tu as compris l’intérêt de partager l’espace avec les randonneurs et fermais la chasse le jour du Cross des Commères ou d’autres épreuves sportives locales. Cela t’a d’ailleurs valu la médaille des chasseurs, remise par le président Lagalice. Tu as passé la main à la nouvelle génération qui devrait bien prendre de la graine pour que la chasse reste un loisir… loin des foires d’empoigne…

Monsieur grillades et cochon a la braise

Par ailleurs, ton implication dans la filière porc et tes liens étroits avec le monde des moutonniers des Bergas, Pernet, Barron et Joli avaient fait de toi l’intendant, le monsieur grillades et cochon a la braise pour toutes les manifs départementales et régionales de la FDSEA, pour lesquelles tu rassasiais et apportais avec ta bonhomie et ton sourire de la convivialité à ces actions. Peut-être étais-tu le descendant d’Obélix avec ton « idéefixe » du rendre service et du bien manger, jusque dans la vallée de la Romanche lors du blocage du tunnel du mont-blanc avec nos collègues des Savoie, et lors de la mise à mal de la politique de la montagne transformée en ICHN dont tous les agriculteurs bénéficient aujourd’hui encore.
Tu faisais de même au Dimanche des terres de France à Paris avec Raymond Lacombe lors de la manif « pas de pays sans paysans ! ».

Ton expérience de la restauration t’a aussi amené à assurer la restauration lors de la coupe du monde de saut à ski à Chaux-Neuve, au pied des tremplins par un moins 25 degrés sous un grand soleil, à l’image de ta bonne humeur.

Agriculteur impliqué et engagé

Très impliqué dans la vie associative et communale, tu étais offusqué de voir qu’on prenait le terrain agricole plat de ta commune pour en faire des constructions, plutôt que la crête sèche des Engreseules ou un hypothétique papillon y passait quelques jours de villégiature alors qu’à tire d’aile, il était à quelques centaines de mètres de pelouses sèches aussi hospitalières. Loin d’être un destructeur de la nature, tu favorisais, président de la société de chasse, la création de la zone humide du bief de cent tours.

Pierrot, la liste est encore longue, de tes engagements durant ta longue carrière d’agriculteur passionné par ton métier et toutes ces facettes.

Au nom des agriculteurs du Jura, nous présentons nos sincères condoléances à toute ta grande famille, à tes frères et sœurs, à tes enfants, gendres et belles filles, à tous tes petits enfants et à Annik.

Gilles Tonnaire