Libre échange ou valorisation des viandes de France
La France doit faire preuve de cohérence

Ce mardi 22 mai est une journée importante pour la filière française de l'élevage et des viandes. Une journée marquée par un paradoxe. Alors que les députés entameront l'examen, dans l'hémicycle, du projet de loi issu des Etats Généraux de l'Alimentation visant à fournir un revenu rémunérateur aux agriculteurs et une alimentation durable et de qualité aux consommateurs, les ministres du Commerce européens réunis à Luxembourg devraient adopter les mandats de négociation de deux nouveaux accords de libre-échange destructeurs pour la filière viande bovine française, avec l'Australie et la Nouvelle-Zélande.
La France doit faire preuve de cohérence

Pour rappel, il y a eu le CETA et ses 65 000 tonnes de viandes bovines issues d'animaux engraissés aux farines animales et aux antibiotiques utilisés comme activateurs de croissance. Plus récemment, le Mexique et ses 20 000 tonnes de viandes bovines jusqu'ici interdites en Europe puisque ne présentant aucune garantie sérieuse sur le plan sanitaire. Il y aura, peut-être, dans quelques semaines, le Mercosur et ses 99 000 tonnes de viandes majoritairement produites au Brésil, un pays pleinement touché par un scandale de corruption ayant abouti à la commercialisation, dans le monde entier, de viandes avariées. Pourquoi pas, dans quelques mois, un nouveau « TTIP » pour satisfaire aux exigences de l'administration américaine, exigeant un nouvel accès privilégié pour ses viandes au marché communautaire, suite au refus de l'Europe d'importer du bœuf aux hormones.

Ces négociations partagent toutes deux points communs : elles sont très préjudiciables pour la filière viande bovine française et font l'objet d'un rejet fort de la part des citoyens.

Pourtant, la Commission européenne s'apprête, avec le soutien de la France, à persister dans cette voie en débutant de nouvelles négociations avec l'Australie et la Nouvelle-Zélande qui font partie, avec le Brésil et les Etats-Unis, des principaux producteurs de viandes bovines à bas coût dans le monde. En effet, ces derniers bénéficient de normes de production particulièrement souples sur le plan de la traçabilité, du bien-être animal, du coût du travail,...

Pour Dominique Langlois, président d'Interbev : « Trop c'est trop ! La France ne peut plus longtemps continuer à jouer simultanément sur deux tableaux opposés : celui de l'alimentation durable d'une part - un objectif dans lequel notre interprofession est pleinement engagée -, et d'autre part l'ouverture incontrôlée de notre marché à des viandes issues de systèmes de production peu ou pas contrôlés. Il est temps de faire preuve de cohérence, en mettant la priorité sur la préservation de nos emplois et la sécurité des consommateurs. »