Si le pouvoir d’achat des retraités et la désertification médicale sont au cœur des préoccupations des anciens exploitants agricoles du département, ils n’en oublient pas les moments de convivialité, comme l’a rappelé le président de la SDAE Denis martin. L’assemblée générale fut aussi l’occasion d’écouter trois intervenants venus présenter leur structure : l’AFDI, Présence Verte et le Comité départemental du tourisme.
Les anciens exploitants agricoles jurassiens étaient nombreux ce jeudi 11 mai dans la salle des fêtes de Domblans pour assister à l’assemblée générale de la SDAE. Après une minute de silence en la mémoire de ceux qui nous ont quittés cette année et une pensée pour ceux qui rencontrent des problèmes de santé, le président Denis Martin a retracé les faits marquants de l’année écoulée pour les retraités, en premier lieu l’inflation et la baisse du pouvoir d’achat malgré la revalorisation des retraites agricoles. Il a notamment pointé du doigt le prix des EPHAD « ou le reste à charge est exorbitant pour les familles ».
Autre sujet d’inquiétude, le président a aussi évoqué la désertification médicale et la disparition des commerces et des services publics qui frappent durement les campagnes : « La vie à la campagne n'est pas toujours facile. Les commerçants, restaurants, médecins généralistes, bureaux de poste, etc. disparaissent. Certains anciens rencontrent des difficultés avec les outils numériques ». La SDAE a approuvé la motion 2023 votée par la section nationale appelant à s’engager sur l’ensemble de ces sujets.
Quels voyages pour 2024 ?
Mais la SDAE c’est avant tout du positif et de la convivialité, en partie grâce aux excursions et séjours organisés par la commission voyage. Après une semaine en Croatie, une croisière sur le Rhin et la découverte des Hauts-de-France en 2022, les adhérents ont l’occasion de visiter cette année la Corse et le Pays basque pour des tarifs préférentiels. Cet été, deux excursions sont aussi prévues, le 17 juillet (complet) et le 7 août avec le train des hirondelles, une des plus belles lignes ferroviaires de France qui traverse le Jura de Dole à Saint-Claude. Quant au traditionnel pique-nique des anciens, il aura lieu le 29 juin au centre national nordique de Prémanon. Au programme : la visite du centre qui accueille les athlètes de haut niveau et forme les jeunes aux métiers de la montagne et celle du Fort des Rousses Juraflore. Et la commission voyage prépare déjà 2024. Pour connaître les idées et les envies de destinations des adhérents, elle leur a proposé de répondre à un sondage.
Plusieurs intervenants se sont ensuite succédé à la tribune. Un représentant de l’AFDI (Agriculteurs français et développement international) a présenté la branche régionale de cette structure qui soutient les paysans à travers le monde pour qu’ils s’organisent et soient acteurs de leur développement (lire pages 6 et 7). Puis l’association Présence Verte, leader de la téléassistance, a présenté ses différentes prestations à caractère social qui s’attache à favoriser le maintien à domicile des personnes âgées tout en perpétuant l’aspect social grâce au réseau de solidarité fiable. En cas de besoin, membres de la famille, amis proches, voisins, aide-ménagères, etc., seront les premiers à venir en aide à l’abonné afin d’éviter le déclenchement des services de secours qui eux n’interviendront qu’en cas de nécessité.
L’agriculture, un atout pour le tourisme
Pour terminer, Gérome Fassenet a présenté les missions et le bilan du Comité départemental du tourisme (CDT) dont il est le président. Avec 9,6 millions de nuitées vendues en 2022, le Jura est un département très touristique. « Nous n’avons pas besoin de faire de promotion pour les sites les plus emblématiques ni pendant les périodes les plus prisées, » a-t-il expliqué. « Toutes les semaines, un grand média parle du Jura ». Parmi les atouts du Jura demandés par la clientèle : la proximité avec la ruralité, et donc avec l’agriculture. En proposant des campings ou des gîtes, en ouvrant les portes des exploitations et en commercialisant des produits fermiers, le monde agricole peut en tirer un complément de revenu tout en faisant découvrir la réalité de ses métiers.
Mais cette attractivité ne doit se faire ni au détriment de la production, principalement en période de fenaison, ni à celui de l’environnement. Pour cela, les flux de personnes doivent être maîtrisés. Un enjeu dont est conscient le CDT. Le président du CDT a donné comme exemple le travail sur la mobilité réalisé autour des cascades des tufs à Arbois pour que tout le monde n’arrive pas en voiture au même endroit.
S.C.
Denis Martin, président de la SDAE 39 : « A notre époque, nous avions nos nombreux soucis, mais nous n’avions pas en plus à gérer le dérèglement climatique et la présence du loup ».
Christophe Buchet, président de la FDSEA du Jura : « La prédation du loup est présente dans chaque discussion alors qu’on n’en parlait pas il y a 2 ans. Nous devons aller vite et obtenir des réponses car le loup avance rapidement, tant en nombre qu’en territoire. Nous avons aujourd’hui beaucoup d’appréhension avant de sortir les petites génisses, nous craignons que ça devienne ingérable ».
Isabelle Bailly, représentant François Lavrut, président de la chambre d’Agriculture du Jura : « Le courage des anciens, votre ténacité, votre clairvoyance ont permis à l’agriculture d’être ce qu’elle est aujourd’hui, d’exister, de se développer. Je ne vous oublie pas vous mesdames qui avaient travaillé sans relâche sur tous les fronts : épouse, maman, entretien de la maison, du jardin, les conserves, les travaux de la ferme et des champs… Tout cela dans l’ombre sans vous plaindre. Bravo et merci à celles qui se sont engagées pour changer la place des femmes en agriculture ».
Gérome Fassenet, président du Comité départemental du tourisme : « Les aménagements que nous réalisons ne sont pas seulement pour les touristes mais profitent aussi à toute la population. Vous avez tout pour passer de belles journées dans notre département ».