Action syndicale
«À quoi joue l'administration?»

«À quoi joue l'administration?»

La FDSEA et les JA de Côte-d'Or ont manifesté la semaine dernière devant les locaux de la Draaf, de la DDT et de l'OFB, accusés de « remettre une couche » dans le dossier de l'agribashing.

Incroyable mais vrai : une page a été créée il y a quelques jours sur le site internet de la Draaf pour encourager les riverains à dénoncer les agriculteurs qui auraient de mauvaises pratiques phytopharmaceutiques. Cette page permettait à n'importe qui d'exprimer des doutes, voire de formuler des accusations, sur telle ou telle utilisation de produits de protection des plantes. Le tout, bien sûr, sans la moindre preuve requise, ni même de connaissances en agriculture. « C'est inadmissible. À quoi joue donc l'administration en faisant ça ? Cette plateforme encourage la délation agricole », déplorent Fabrice Faivre et Antoine Carré, présidents respectifs de la FDSEA et des JA de Côte-d'Or, qui ont aussitôt lancé un appel à la mobilisation syndicale pour « ne pas laisser passer ça ». Jeudi 18 juin, une soixantaine d'exploitants agricoles se sont rendus à Dijon, devant les locaux de la Draaf, de la DDT et de l'OFB.

 

La page retirée


« La fameuse page internet a été mise en ligne le 11 juin, c'est un peu une spécificité de notre région car seule l'Aquitaine en avait fait autant jusqu'à présent. Il faut savoir que toute dénonciation allait être suivie d'un contrôle de la gendarmerie », apprend Antoine Carré. La FDSEA et les JA sont « montés au créneau » en alertant Christiane Lambert, la présidente de la FNSEA, qui a elle-même contacté le ministère de l'Agriculture. « La page a été retirée dès le lendemain, mais nous avons tenu à maintenir le rendez-vous de ce jour pour exprimer notre énorme mécontentement. On nous répond que cette page a été créée pour répondre à des simplifications administratives, cela ne tient aucunement la route », ajoute le représentant des JA. Cette plateforme n'avait « vraiment aucun sens », selon lui : « nous sommes des personnes responsables sur nos exploitations. Tout ce que nous achetons et utilisons est enregistré. Nous n'avons pas à être contrôlés ni dénoncés par des citoyens qui ne savent pas ce que nous faisons la plupart du temps et qui, en plus, restent dans le strict anonymat sur cette fameuse page ». Antoine Carré fait aussitôt le lien avec l'agribashing : « nous sommes en plein dedans et l'administration y contribue avec cette incroyable démarche. Nous, agriculteurs, avons créé agriloving pour redorer l'image de nos métiers et les expliquer au grand public mais aujourd'hui, les services de l'État mettent en place cette plateforme qui incite clairement à l'agribashing, c'est insoutenable ».