ADFPA
Faut-il se former pour devenir un « bon » employeur ?

Et si la formation donnait quelques clés de réussite ? L’ADFPA a ouvert le débat au cours de son assemblée générale en faisant témoigner un agriculteur employeur, un salarié et Soelis.

Faut-il se former pour devenir un « bon » employeur ?
Romain Mary, Julien Berthet Tissot, Romuald Vuillemin et Mathias Morel Jean

« L’installation connaît un regain d’activité, c’est une bonne nouvelle, mais à l’horizon 5 à 7 ans de nombreuses sociétés vont devoir faire face à des départs d’associés », note Jean-Marc Rohrer, président de l’ADFPA. Des problèmes de main-d’œuvre qui appellent la recherche d’un nouvel associé ou d’un salarié.

A l’issue de son assemblée générale L’ADFPA a proposé un échange sur le thème « Se former pour devenir employeur de main-d’œuvre et prendre soin de ses salariés », animé par Romuald Vuillemin, directeur de l’ADFPA.

« C’est la pénurie ! »

Romain Mary, directeur adjoint de Soelis, témoigne des difficultés à recruter des salariés en agriculture. « Aujourd’hui la recherche de candidats ressemble plutôt à des rayons vides de supermarché, c’est la pénurie ! ». Dans un département de presque plein-emploi, comment se démarquer et faire qu’un salarié ait envie de venir sur une ferme et d’y rester ? « Est-ce que cela veut dire qu’il faut se former ? Qu’être un bon employeur ça s’apprend ? Que c’est un vrai métier ? », interroge le président de l’ADFPA.

Julien Berthet Tissot, agriculteur et président de la section Soelis sur le secteur de Nozeroy-Les Planches, constate l’inversion de tendance. « Quelques années en arrière, le Service de remplacement de Nozeroy avait 12 salariés ; il était même demandé aux agriculteurs de s’engager pour assurer un volume de travail suffisant. Aujourd’hui, la donne a complètement changé, nous tournons avec 3 CDI et des étudiants le week-end. »

À titre personnel, il fait appel au service remplacement et a embauché successivement deux salariées pour la partie administrative de son exploitation. « Sur ce poste, j’ai su adapter les horaires et les week-ends pour tenir compte de leur vie de maman. Il faut être assez flexible. » De son expérience multi-employeur, il retient une règle : « Si on veut garder la personne, il faut qu’elle vive le métier complètement, qu’elle puisse avoir de l’initiative ».

Le nombre de stagiaire à l’installation progresse mais la question de l’emploi reste d’actualité

Moment clé : le passage des consignes

Un avis que partage Mathias Morel-Jean, salarié Soelis. Il recherche la confiance de l’employeur. « Cela passe par un passage des consignes essentielles, sans que l’employeur détaille chaque geste. Le salarié ne peut pas faire exactement comme l’agriculteur. Ce qui compte c’est le résultat. ».

Il insiste sur le passage des consignes avec des tableaux qui récapitulent tout ce qu’il faut savoir sur la ferme : le nombre de vaches à traire, des bracelets de couleur pour identifier les vaches, une photo satellite PAC des parcelles avec le nombre de vaches présentes tel jour sur telle parcelle, … « Un salarié n’aura aucun souci pour aller sur une ferme comme celle-là. Il n’aura pas la boule au ventre au moment de traire. Au moment de rédiger des annonces pour rechercher un candidat, je trouve que l’on n’insiste pas assez sur ce point, la bonne transmission des consignes. »

Une autre raison qui motive Mathias Morel Jean à travailler avec Soelis, c’est « la souplesse de planning ». « Si j’ai besoin de quelques jours de congés je peux les poser sans me soucier des périodes de pointes comme les foins, les vendanges, … ».

Critère numéro 1 : l’ambiance

Pour Romain Mary, la réussite passe aussi par les conditions d’accueil du salarié. Les critères importants pour les demandeurs d’emploi sont : en premier l’ambiance de l’entreprise, viennent ensuite la politique de rémunération et la possibilité d’évolution. Les points positifs à valoriser sur la ferme : prendre le temps pour recevoir le candidat, l’écouter, respecter les personnes, par exemple mettre à disposition un vestiaire ou deux en cas d’équipes mixtes, etc. Une liste de critères d’attractivité que Soelis a recueillie auprès de 70 salariés et qui feront la différence sur une exploitation.

Romain Mary rappelle qu’il existe plusieurs sortes d’employeurs : directifs, persuasifs, participatifs, délégatifs… « Un fonctionnement qui se vit par étapes, progressivement, selon les situations et les personnes. Le management dans la relation, cela s’apprend », insiste le spécialiste de l’emploi. D’autant plus lorsque le salarié est potentiellement un futur associé. L’employeur doit être clair dès le départ, si le salarié est candidat à une reprise. « Est-ce que je cherche un exécutant ou une personne qui sera à terme copropriétaire de l’exploitation ? »

La formation pourrait apporter des clés pour définir les besoins de l’employeur, faire progresser l’ambiance de l’entreprise, renouveler les relations employeurs-salariés et même plus en amont, innover dans la manière de recruter des candidats. Ce qui pourrait aboutir à une certification « Agri emploi ». Savoir valoriser les atouts de l’exploitation, savoir se vendre. « Ce n’est plus vous qui choisissez mais vous serez choisi. » Un virage à prendre dans les entreprises qui sera accompagné par l’ADFPA et le guichet emploi Soelis.

IR

Regain d’activité sur l’installation

Regain d’activité sur l’installation

En 2021, grâce à l’augmentation de l’activité de 9 %, le résultat de l’ADFPA est positif de 20 294 euros. Deux nouveautés : la certification de services QUALICERT et les séquences de formation à distance qui permettent de conforter le résultat et diversifier les approches pédagogiques.

L’activité de l’installation a fortement augmenté sur l’année 2021. 85 d’entretiens PPP ont été réalisés, le nombre le plus important depuis la mise en place du dispositif en 2009. Le nombre de stages liés à l’installation est également en forte hausse. 86 stagiaires ont suivi l’un des 7 stages, soit le niveau le plus important depuis 1993. Une tendance qui se confirme en 2022.

Deuxième fait important de l’année 2021 : l’équipe a consacré un temps conséquent à préparer l’évolution du financement du parcours installation des porteurs de projets, à laquelle s’ajoute une évaluation des compétences de chaque participant en fin de parcours. Cet investissement a conduit à une baisse du nombre de formations en techniques agricoles. L’ADFPA va se remobiliser à l’avenir sur le volet technique qui reste son cœur de métier.

Enfin le président Jean-Marc Rohrer, remercie Étienne Faure pour son implication au sein de l’ADFPA pendant ces 13 ans. Il a quitté l’organisme le 31 mars pour travailler au diocèse du Jura et a été remplacé par Armelle Bauwin.

Chiffres 2021

  • 81 actions de formation (200 jours de formation)
  • 16 tests Certiphyto (112 personnes)
  • 13 419 h réalisées par les stagiaires (+9 %), dont 983 h pour les salariés et demandeurs d’emplois et 1 771 h pour les SCOPI
  • Hommes : 66 %
  • Femmes : 34 %
  • 949 stagiaires
  • Moyenne : 16 h / stagiaire