Après deux ans d’absence pour cause de Covid, la quinzième édition de la pressée du Vin de Paille s’est tenue dimanche 22 janvier à Arlay, village vigneron proclamé capitale de ce nectar si typique.
La journée a débuté par la traditionnelle messe solennelle de la Saint-Vincent, patron des vignerons, célébrée dans l’église qui lui est consacrée par le curé de la paroisse Aurélien Mienso Benissan. La Commanderie des Nobles Vins du Jura et du Comté a ensuite défilé dans les rues de la commune, dans sa tenue d’apparat rouge et jaune, en compagnie d’élus locaux et de musiciens. Cette procession a rejoint la place du village.
Après avoir remercié les vignerons pour les grappes qui seront pressées ce jour et les bénévoles de l’association Brin de Culture organisatrice de la journée, Christian Bruchon, maire d’Arlay, a évoqué la Percée du Vin jaune, qui a lieu deux semaines plus tard à Voiteur, à quelques kilomètre de là : « Ces deux grandes fêtes viticoles ne sont pas en concurrence mais sont complémentaires : elles participent chacune à la promotion du Jura ».
Concentré en sucre et en goût
Vint enfin la pressée tant attendue. Après au moins six semaines de « passerillage » durant lesquelles elles ont séché et se sont concentré en sucre et en goût, les grappes de raisins, issues de quatre cépages différents, sont versées dans un pressoir en bois vieux de 60 ans et activé manuellement. Les premières gouttes commencent à couler. Le public se presse lui aussi pour déguster ce jus de raisin frais offert par les vignerons.
Après une première fermentation de plusieurs mois en cuve, le jus de raisin vinifiera encore trois ans minimum en fûts de chêne pour devenir un vin rare et liquoreux, représentant en volume seulement 1% de la production viticole jurassienne : le Vin de Paille. Pour le déguster sans attendre, direction les stands des vignerons qui proposaient à la vente leurs différents crus.
Sur la place, la Pressée s’est transformée en une fête populaire faisant la part belle aux produits locaux et à l’artisanat. L’association les Alwati anime les lieux avec leur musique comtoise traditionnelle et des démonstrations de vieux métiers. La gourmandise n’était pas oubliée puisqu’un repas gastronomique, cuisiné par Florian Devaux, chef du bistrot de la gare de Bletterans, était proposé à la salle des fêtes.
S.C.
Deux nouveaux ambassadeurs intronisés
Durant cette pressée du Vin de Paille, la commanderie des nobles vins du Jura et du comté a procédé à deux intronisations, accueillant en son sein Christian Maréchal et Laura Bourdy.
Jean-Louis Mussillon, président de la commanderie, le reconnaît lui-même : si elle est sensible à la place des femmes, l’institution n’a pas encore atteint la parité mais y travaille en intronisant de plus en plus de dames. Ce 22 janvier, elle a été respectée : un homme et une femme ont été nommés ambassadeurs des grands vins du Jura et du comté.
Le premier, Christian Maréchal, a été intronisé à la fin de la messe. Après une à Paris et Besançon, ce Jurassien est revenu à Cramans où il exploite pour le plaisir les 60 ares de vigne familiale. En 1998, il fonde l’association des vignerons du haut Val d’Amour avec comme objectif la création d’une vigne conservatoire. Regroupant une quarantaine de cépages, elle a reçu il y a trois ans le prix Renou, une distinction nationale décernée par l’Association nationale des élus de la vigne et du vin.
Jean-Louis Mussillon a ensuite intronisé une jeune vigneronne d’Arlay : Laura Bourdy dont la famille exploite les vignes du village depuis 1579. Elle est initiée au Vin jaune par son grand-père Christian qui a financé ses études de sommelière à Montréal, au Canada. Une fois son diplôme en poche, elle est revenue à Arlay pour travailler au vignoble familial. Une seizième génération de Bourdy a repris le flambeau familial.
