Gabriel Attal : « Nous sommes conscients de vos difficultés »

Gel / La veille de l’annonce par le Premier ministre Jean Castex du plan d’aide d’un milliard d’euros pour les agriculteurs sinistrés par l’épisode de gel, Gabriel Attal était en déplacement dans le Jura. Le porte-parole du gouvernement s’est rendu aux vergers de Sellières et à Passenans pour constater les dégâts subis par les arboriculteurs et les viticulteurs.

Gabriel Attal : « Nous sommes conscients de vos difficultés »
Nicolas Mathon, des vergers de Sellières a expliqué son projet de retenue collinaire au porte-parole du gouvernement

Quand Gabriel Attal est arrivé aux vergers de Sellières, des bottes de foin fumaient encore, preuve des efforts réalisés par Laure et Nicolas Mathon pour tenter protéger leur récolte. Accompagné des députés du Jura Danielle Brulebois et Jean-Marie Sermier ainsi que de plusieurs élus locaux, le ministre a pu constater de visu les dégâts. Sur les pommiers, une majorité des fleurs sont séchées par le froid. « Même des fleurs encore fermées ont gelé, » explique Nicolas Mathon ouvrant un bourgeon pour en montrer l’intérieur noircissant. Seules quelques-une semblent avoir résisté qui permettront une petite récolte. Le constat est le même sur les cerisiers et les fraisiers, ces derniers produisant plusieurs récoltes. Par contre, pruniers et poiriers ne donneront aucun fruit cette année.

Pour lutter contre le gel mais aussi contre la sécheresse, Nicolas et Laure Mathon ont expliqué avoir un projet de retenue collinaire. Cette réserve d’eau de 10 000 m³ au pied des vergers permettrait de les irriguer l’été mais aussi de les asperger en cas de gel, la glace protégeant les fleurs des températures négatives. Cette solution coûterait 150 000 euros. « Ce projet est bien connu, nous allons le porter auprès du ministère de l’Agriculture pour trouver une solution, » a appuyé le préfet David Philot. Les réserves d’eau ne sont pas éligibles à subvention dans le cadre de la lutte contre la sécheresse mais certains investissements contre le gel peuvent l’être.

Selon Clément Pernot, le conseil départemental dont il est président devrait pouvoir agir sur un tel projet. Il a plaidé pour que l’État, à travers la loi 4D en préparation, redonne aux départements les moyens d’intervenir directement.

« Nous voulons sauver le vignoble. »

Gabriel Attal s’est ensuite rendu dans les vignes du domaine Grand à Passenans. Là aussi partout des feuilles fanées, des bourgeons séchés… Les viticulteurs jurassiens ont fait part au ministre de leurs difficultés et de leurs besoins. Pour Valérie Closset, présidente de la société de viticulture du Jura, « la situation est urgente, nous nous sentons impuissants et acculés. Nous ne cherchons plus à sauver des parcelles, nous voulons sauver le vignoble. »

Emmanuel Grand, viticulteur à Passenans (à gauche) a reçu Gabriel Attal, porte-parole du gouvernement, et Danielle Brulabois, députéé de la 1ère circonscription du Jura pour leur montrer les conséquences du gel sur le vignoble jurassien

« Je suis venue vous témoigner du soutien et de la prise de conscience du gouvernement, » a répondu le porte-parole du gouvernement. « Nous sommes conscients du combat que vous avez mené, des coûts financiers, mais aussi du choc psychologique. Le Premier ministre et le ministre de l’Agriculture se sont aussi rendus sur le terrain, nous avons une vue complète sur l’ampleur des dégâts, c’est une catastrophe nationale... » 

Au lendemain de cette visite, Jean Castex annonçait la mise en place d’un fonds de soutien d’un milliard d’euros pour les agriculteurs : report et une exonération de charges sociales, dégrèvements de taxe foncière sur le non bâti (TFNB), mobilisation des dispositifs existants en matière d'activité partielle et ouverture aux viticulteurs du dispositif des calamités agricoles porté à 40 % des pertes (lire article page 9).

SC

SVJ : « Des annonces à la hauteur de l’événement »

SVJ : « Des annonces à la hauteur de l’événement »

«  Les annonces faites samedi par le Premier ministre sont à la hauteur de l’événement, » estime Valérie Closset, présidente de la SVJ. « Maintenant, il faut attendre et être attentif aux modalités. Nous avons des réunions de travail avec la DRAAF et la DDT pour de possibles ajustements départementaux et régionaux. » D’ici  un mois, la société de viticulture mettra en place un état des lieux chiffrant avec précision les dégâts subis par le vignoble jurassien.

Sur le long terme, la SVJ demande la réouverture du cahier des charges en cours avec l’Inao pour pouvoir tester de nouveaux cépages plus résistants face au changement climatique. « Nous espérons une réponse d’ici cet été. Nous essayons aussi de voir avec la préfecture comment accélérer la démarche car un processus de dix ans, c’est trop long face à l’urgence. »