LONS-LE-SAUNIER
La préfecture enrubannée en rose

Dans le Jura, comme partout en France, les agriculteurs de la FDSEA et des JA se sont mobilisés afin d'exprimer leur exaspération. Stop à l'agribashing, stop aux surtranspositions de normes et autres distorsions de concurrence, stop aux accords de libre échange tels qu'ils sont construits aujourd'hui...
La préfecture enrubannée en rose

Ce mardi 22 octobre, les agriculteurs jurassiens se sont mobilisés à nouveau afin de faire remonter au préfet leur exaspération et leur sentiment de déconsidération. Cible de la journée, la préfecture du Jura à Lons-le-Saunier, vers laquelle ont convoyé une trentaine de tracteurs et quelque 150 adhérents des deux syndicats majoritaires. Une action qui se voulait d'abord symbolique puisque les manifestants étaient venus pour enrubanner la préfecture d'un film de couleur rose, référence à octobre rose, le mois de la mobilisation contre le cancer du sein. Pendant près de trois heures, les abords de la préfecture ont été condamnés. Sans que celà ne provoque trop de perturbations au centre-ville...

Pas de débordment, pas de cris de coère, mais une réelle volonté de communiquer sur les difficultés que rencontre aujourd'hui la profession. Richard Vignon, le préfet du Jura, est même sorti à la rencontre des manifestants, saluant au passage le caractère « démocratique » de cette manifestation. Pas de heurts, des comportements responsables, aucun dégât matériel et un nettoyage en règle des lieux une fois le camp levé...
Le représentant de l'Etat a bien entendu les demandes des manifestants et se chargera de les transmettre en haut lieu. Mais il est clair que, si aucune réponse forte n'est apportée par le président de la république, les resonsables syndicaux sont d'ores et déjà déterminés à se remobiliser. Et à durcir leurs actions...


Cri du coeur


Par cette mobilisation massive, les syndicats majoritaires ont voulu rappeler la place ô combien essentielle de l'agriculture dans la société française. « Nous n'empoisonnons pas les citoyens, nous les nourrissons ! », a lancé un responsable de la FDSEA du Jura. Un cri du coeur qui en dit long sur le malaise que traverse actuellement la profession, chahutée au plan économique, sur les questions sociétales et face aux aléas climatiques. « Trop, c'est trop ! » ont clamé les manifestants, qui, après une première action le 8 octobre, ne comptent pas s'arrêter là.
Ils veulent d'abord pouvoir tirer un revenu de leur travail et demandent que soit enfin appliquée la loi issue des États généraux de l'alimentation. La veille, le ministre de l'Agriculture, Didier Guillaume, est allé dans leur sens, déclarant que « le compte n'y [était] pas » et qu'il allait « mettre la pression sur les filières et la distribution ». Ils disent stop au double-discours entre la volonté de montée en gamme et la ratification d'accords de libre-échange (Ceta, Mercosur) qui ne respectent aucune des règles auxquelles les agriculteurs sont eux-mêmes soumis. Stop aussi aux agressions subies par la profession !
A cela viennent s'ajouter les aléas climatiques, pour lesquels ils ont demandé une indemnisation rapide et la confirmation que le seuil d'éligibilité pour la perte de produit brut soit abaissé de 13 à 11 % sur 2019, comme ils viennent de l'obtenir pour la sécheresse 2018.