Maladies respiratoires
10 % des éleveurs francs-comtois atteints

En Franche-Comté, 56 % des exploitations sont en élevage bovin. Environ 10 % des actifs de cette filière contractent chaque année une maladie respiratoire en lien avec leur activité. Vendredi 6 octobre, au Gaec Bole-Rosain à Géruge, la MSA de Franche-Comté et l’ASEPT (Association Santé, Education et Prévention sur les Territoires) BFC ont organisé un moment d’échanges et de prévention sur les risques liés aux poussières dans les fermes. 

10 % des éleveurs francs-comtois atteints
Le docteur Jean-Michel Lornet a présenté les actions de prévention à mettre en place sur l’exploitation pour réduire les risques

Raphaël Faivre, producteur de lait à Comté à Lemuy est atteint de la maladie du poumon de fermier. Pneumopathie d’hypersensibilité due à l’inhalation des spores et moisissures des poussières issues notamment de fourrages ou de céréales, est difficile à diagnostiquer. Elle fait partie des quatre pathologies professionnelles pulmonaires agricoles avec les bronchites chroniques agricoles, les asthmes et les bronchopneumopathies toxiques.

Patient référent, Raphaël Faivre a partagé son expérience et témoigné des conséquences de sa maladie causée par la respiration de poussières de foin et de paille mais aussi de maïs, d'ensilage, de céréales, de grains, etc. Diagnostiqué en 2008, il souffrait de fièvre quotidienne, de violentes quintes de toux, de fatigue et d’une importante perte de poids. Il a depuis adapté ses bâtiments d’élevage pour pouvoir continuer à travailler : « En 2011, j’ai converti le bâtiment de la ferme, en aire paillée, en 86 logettes avec tapis, pour réduire la quantité de paille : je suis passé de 7 kg par vache par jour à 2-3 kg, et je suis très exigeant sur sa qualité. J’ai également acheté une dérouleuse de bottes, ce qui réduit énormément la poussière, et j’ai complètement fermé ma salle de traite avec des rideaux en plastique. Puis en 2021, j’ai investi dans une pailleuse automatique suspendue dotée d’un filtre qui permet de s’éloigner complètement du paillage. Ce qui m’a sauvé, c’est de porter un masque immédiatement. Aujourd’hui je suis toujours agriculteur et je suis en forme. C’est ce qui compte ».

Limiter l’exposition aux poussières

« La paille, le foin et les farines représentent 90 % des expositions professionnelles chez les éleveurs laitiers », a expliqué le Dr Jean-Michel Lornet, médecin du travail. « Dans les poussières, on trouve ce qu’on appelle des "aérocontaminants", qui sont variés dans leur nature comme dans leur mode d’action : cela va des poussières végétales aux micro-organismes (bactéries, virus) en passant par les produits chimiques, les protéines animales, insectes, acariens… » Ce n’est pas à la saison des moissons que l’exposition aux moisissures est la plus forte, mais pendant l’hiver.

L’objectif de cette réunion était de sensibiliser les exploitants à ces risques professionnels. Pour limiter cette exposition professionnelle aux poussières, les agriculteurs peuvent adapter leurs outils de travail et leurs pratiques : organisation du travail, bâtiments aérés, ventilateurs/extracteurs, choix d’outils moins générateurs de poussières, port du masque P2 ou FFP2 contre les poussières, ou A2B2 contre les gaz et les vapeurs, etc.

Pour aider les exploitants déjà malades à continuer de travailler et préserver ceux qui ne sont pas atteints, des solutions peuvent être mises en place : pour cela, il convient de solliciter la MSA mais aussi CAP Emploi, la Chambre d’Agriculture ou encore son assureur.