Filière porcs
Les enjeux de la biosécurité

Isabelle Corrégé, vétérinaire à l'Ifip est l'invitée cette année de la journée régionale porcine. Le 29 novembre prochain, elle fera le point sur le contexte sanitaire, les enjeux liés à la santé des porcs et plus largement les questions de biosécurité.
Les enjeux de la biosécurité

Pour la cinquième année consécutive, un forum des métiers du porc se tiendra dès 10 heures, le 29 novembre prochain à Saône dans le cadre de la journée régionale de la filière porcine. L'occasion pour tous les publics concernés par l'élevage porcin de se rencontrer : futurs cédants, jeunes en formation qui se destinent au métier ou avec un projet d'installation et salariés agricoles sont ainsi invités à échanger avec les acteurs régionaux en charge de l'installation et de la transmission des exploitations, ainsi que des représentants du monde de la formation et de l'emploi agricole.


La question des antibiotiques


Le sujet technique retenu cette année est celui des « évolutions du contexte sanitaire », un thème qui préoccupe de nombreux éleveurs porcins. Tel par exemple Frédéric Monnard, naisseur-engraisseur à Bonnevent-Veloreille, en Haute-Saône. « Depuis plus de deux ans, j'ai cessé d'utiliser des antibiotiques dans mon élevage, explique-t-il : c'est l'aboutissement d'une démarche sur le long terme, qui a commencé par le passage au semis direct, il y a 20 ans, pour utiliser moins de produits phytosanitaires... » Avec un atelier de transformation et un magasin de vente directe, Frédéric Monnard est régulièrement interpellé par ses clients sur l'usage des antibiotiques, des OGM. « Je fournis aussi le Tuyé de Mésandans, qui a développé une gamme appelée ''du sol au soleil'', sans antibiotiques ni OGM, ce qui fait que je me suis engagé dans une charte qui garanti le respect de ces points. » Avec en arrière-plan un gros travail pour mettre toutes les chances de son côté : « l'hygiène est primordiale, j'ai séparé physiquement la maternité de l'atelier d'engraissement, et dans mes déplacements je commence par la maternité pour ensuite aller vers l'engraissement. Je change de vêtements si je dois retourner à la maternité. Je suis en auto-renouvellement, ce qui fait que les entrées d'animaux extérieurs sont très restreintes : un verrat tous les deux ans. La méthanisation m'a aussi permis plusieurs améliorations : un chauffage moins coûteux, associé à une bonne ventilation, et une vidange plus fréquente des fosses à lisiers. L'alimentation des porcs avec une ration de bonne qualité et régulière, produite sur l'exploitation – par exemple du maïs inerté à hauteur de 2,5 tonnes par jour – est aussi un atout. La densité des animaux est aussi un facteur important. Ce sont tous ces postes mis bout à bout qui m'ont permis de supprimer les antibiotiques sans dégrader la situation sanitaire de mon élevage. »


Des exemples concrets


Isabelle Corrégé, invitée cette année, est vétérinaire spécialisée en production porcine à l'IFIP- Institut du Porc et à l'ANSP (Association nationale sanitaire porcine), spécialiste des questions liées à la santé des porcs, à la biosécurité en élevage et pendant le transport des animaux vivants, au nettoyage-désinfection et à l'utilisation des antimicrobiens dans les élevages porcins. Elle viendra faire le point sur les évolutions du contexte sanitaire, avec des éclairages sur la prévalence de la diarrhée épidémique porcine (DEP), la gestion des statuts vis à vis du syndrome dysgénésique et respiratoire du porc (SDRP), la surveillance de la peste porcine africaine, sans oublier les questions de la biosécurité en élevage et pendant le transport des animaux vivants. « La baisse des usages des antibiotiques peut être compensée par l'amélioration de la conduite d'élevage et de la biosécurité, associée à la vaccination, avec un maintien ou même l'amélioration des performances technico-économiques. »