ELEVAGE DES VEAUX
Comment bien vendre nos veaux ?

Face à l'anarchie qui règne sur le marché des veaux, des éleveurs réfléchissent à la manière d'obtenir un prix « raisonnable ».
Comment bien vendre nos veaux ?

«Aujourd'hui, des veaux sont chargés à la ferme sans que le prix soit fait. Les acheteurs privés ou les coops ne négocient plus. Ils débarrassent les éleveurs des veaux mâles. Quand un éleveur a besoin de trésorerie il n'a pas d'autre choix que de laisser partir... Chaque année, c'est la même chose, du mois de septembre jusqu'au printemps suivant...»

Eleveur à Saint-Julien-sur-Suran, Jean-Luc Barraud est amer. En ce beau jour d'automne, il retrouve quelques-uns de ses collègues à Saint-Julien. Pour discuter de ce marché des veaux qui leur donne des soucis... Ils parlent des prix payés qui n'ont jamais été aussi bas : «Cette année, le montbéliard part à 140 euros dans les extra (50-65 kg) - à peu près le même prix qu'il y a 40 ans - 30 euros pour les 45-50 kilos avec un minimum à 10 euros : de qui se moque-t-on ? ... Bénéfice net zéro ! Quand je vends 50 veaux, c'est 7 000 euros de trésorerie qui rentrent... Mais il faut aussi que je rentre dans mes frais, l'idéal serait de le vendre à 250 euros !»
Pour cela, l'éleveur vend ses veaux à 14 jours, et au prix le plus bas. Car pour lui, il est inutile de les garder deux semaines de plus s'il ne peut pas mieux les valoriser...
«Les engraisseurs se bâtissent des empires, lâche-t-il amer. C'est un métier où il y a des marges à faire, même si on entend leurs discours et leurs plaintes sur l'état des marchés... En plus, comme le prix est bas, ils sont prêts à remplir surtout avec des veaux montbéliards qui vont bien à l'engraissement. Ils ont toute une organisation, des marchés, un réseau d'éleveurs à entretenir... Ils font leur métier et nous sommes capables de le comprendre. Mais pour continuer il faut que les éleveurs puissent aussi gagner leur vie»
Ce que Jean-Luc Barraud et ses collègues regrettent le plus, c'est sans doute l'absence d'organisation au niveau des éleveurs. Il se réfère souvent à l'exemple de la filière comté ou de la charte Carrefour pour les vaches montbéliardes : «Si nous avions de telles organisations, nous pourrions raisonner de manière collective et non pas discuter chacun dans nos fermes... Si au moins les éleveurs pouvaient s'asseoir autour d'une table et réfléchir dans l'intérêt de tous !»
Un message qui résonne comme un vœu pieux mais un message qui montre bien la conscience qu'ont les éleveurs des enjeux de leur métier, sur l'avenir de l'élevage laitier et l'évolution de l'agriculture du département.

 

M.R.