Fertilisation azotée du colza
Adapter les doses à l'état des plantes

La croissance du colza a été inégale cette année en raison des conditions climatiques estivale et automnale très sèches dans de nombreuses régions. Plus que jamais, il est indispensable d'adapter la dose d'azote et son fractionnement à l'état du colza.
Adapter les doses à l'état des plantes

Les conditions climatiques ont perturbé la croissance du colza cette année. De nombreuses régions, comme la Bourgogne-Franche-Comté, la Lorraine, le Sud de la région Centre-Val de Loire ou encore le Poitou-Charentes ont souffert de la forte sécheresse estivale et automnale. Les pluies sont arrivées trop tardivement pour compenser ce retard avant l'hiver. Dans ces conditions, on est le plus souvent en présence de petits colzas. Il existe toutefois quelques situations qui, grâce à de rares pluies, ont permis une levée rapide et l'apparition de colzas plus développés. Le colza a la capacité de mettre en réserve de l'azote dans ses organes végétatifs (feuilles, tiges, racines) avant l'entrée de l'hiver et de le remobiliser dès la reprise de végétation à la sortie de l'hiver. Cette quantité d'azote dépend de la biomasse du colza. En clair, un gros colza aura absorbé plus d'azote et pourra l'utiliser à la reprise de la végétation avant le recours à la fertilisation. La dose de fertilisation azotée à apporter au printemps - et son fractionnement doit donc tenir compte de ce processus.
Les colzas à faible croissance, fréquents cette année, ont justement absorbé peu d'azote. Si leur potentiel de rendement est peu affecté (lire encadré), la dose d'azote à apporter pourra être élevée car les remobilisations seront faibles. En revanche, leur système racinaire sera peu développé. Il faudra donc alimenter régulièrement la plante en azote car elle aura peu de réserve, mais également une faible capacité d'extraire de l'azote du sol - qu'il vienne de l'engrais ou de la minéralisation - et une vitesse de croissance initiale limitée liée à sa faible surface foliaire. Pour dynamiser la croissance du colza dans ces situations, il est conseillé de réaliser 3 à 4 apports d'engrais azoté, avec un premier apport précoce dès la reprise de végétation, mais néanmoins en conditions poussantes, et à dose faible (40 à 50 u au maximum, voire 30 u pour les très petits colzas).


Une fertilisation azotée plus faible pour les gros colzas


Si les conditions hivernales n'entraînent pas de fortes pertes de feuilles vertes, par exemple en cas de températures très basses, on trouvera également des colzas à forte croissance à la sortie de l'hiver. Ceux-ci auront absorbé beaucoup d'azote, qui sera en grande partie remobilisé dès la reprise de végétation. Sur ces colzas, la fertilisation azotée pourra être faible, voire nulle pour les plus gros. Comme ces plantes sont également dotées d'un système racinaire dense et profond, elles pourront extraire l'azote du sol, issu de la minéralisation et de l'engrais. Dans ces situations, un apport unique pourra être réalisé. Attention : il est contre-productif de le réaliser trop tôt. Mieux vaut attendre que les plantes aient valorisé l'azote qu'elles ont stocké. Jusqu'au stade E (boutons séparés), plus l'apport sera tardif, mieux il sera valorisé.

 

Des outils d'aide à la décision, à exploiter


Pour estimer au mieux la dose totale d'azote, il est important de réaliser des estimations de biomasse fraîche à l'entrée et à la sortie de l'hiver et d'utiliser des outils d'aide à la décision comme la Réglette azote colza ®, accessible en ligne (www.regletteazotecolza.fr) ou via une application mobile. Cet outil calcule la dose totale de fertilisation azotée après avoir renseigné une dizaine d'informations (département, type de sol, biomasse du colza, objectif de rendement, apports de produits organique, précédent et éventuellement, association de légumineuse gélives). La biomasse du colza peut être estimée manuellement (pesée) ou grâce à des capteurs portés par des vecteurs « piétons » ou aériens (drones avions ou satellite). Les outils qui mobilisent ces vecteurs aériens permettent d'obtenir des cartes de modulation de la dose d'azote au sein de la parcelle.


D'après Arvalis-Institut du végétal