Salon de l'Agriculture
L’Inra avance des pistes d’adaptation au changement climatique

Adapter les systèmes agricoles, réduire les émissions de gaz à effet de serre… L’Inra explique, comment faire face au changement climatique.
L’Inra avance des pistes d’adaptation au changement climatique

«L'élevage est confronté à un double défi : répondre à la demande croissante en produits animaux et diminuer son impact sur l'environnement», souligne David Renaudeau, expert en physiologie, environnement et génétique pour l'animal et les systèmes d'élevage à l'Inra. Il est aussi directement touché par le changement climatique, avec la hausse des températures et de la fréquence d'épisodes climatiques extrêmes, la baisse des précipitations.
«Le changement climatique affecte l'élevage, soit de manière directe, sur le bien-être des animaux, leurs performances, soit de manière indirecte, en modifiant l'environnement sanitaire (par exemple, l'aire de répartition des pathogènes et de leurs vecteurs), la composition et la disposition des ressources alimentaires», explique-t-il. L'Inra explore les types de solutions possibles, à savoir l'adaptation ou l'anticipation, la correction du problème. Cela va de la sélection d'animaux moins sensibles (aux températures élevées, stress sanitaires, écarts de ressources alimentaires), à l'adaptation des systèmes fourragers.
«Il existe différentes stratégies pour adapter les systèmes de production : faire des stocks de fourrages, jouer sur l'agronomie (avec des prairies comportant des mélanges d'espèces), la gestion de l'animal (par exemple, une conduite avec deux périodes de vêlage)», précise David Renaudeau.

 

Bien ajuster la dose d'engrais

 

La réduction des émissions de gaz à effet de serre provenant de l'agriculture passe nécessairement par une meilleure gestion de la fertilisation et des déchets organiques. Plus les quantités d'azote apportées aux plantes sont élevées par rapport à leurs besoins réels, plus les émissions de N2O dans l'atmosphère sont importantes. «Le conseil le plus important à donner aux agriculteurs, est de bien ajuster les doses d'engrais, insiste Patricia Laville, experte en écologie fonctionnelle et écotoxicologie des agrosystèmes à l'Inra. Sur 100 kilos d'azote apportés, la moitié est perdue en lessivage ou volatilisation.»
L'Inra rappelle aussi que l'agriculture a un rôle important à jouer dans la réduction du CO2 atmosphérique. Plusieurs options sont à l'étude. Dans l'usage des sols, c'est de boiser des terres cultivées, convertir en prairies permanentes des terres labourées, allonger la durée des prairies temporaires, implanter des haies, enherber les inter-rangs dans les vignes et les vergers, développer l'agroforesterie.
Concernant les pratiques agricoles, il s'agit de proscrire la jachère nue, pratiquer l'engrais vert entre les cultures, privilégier les enfouissements de résidus de culture apportant plus de carbone au sol et le non-labour ou le semis sous couvert végétal.