COLZA
Méligèthes du colza : visibles mais pas toujours nuisibles.

La vigilance est de mise sur les cultures stressées.
Méligèthes du colza : visibles mais pas toujours nuisibles.

 Après le discret charançon de la tige, la présence, souvent très visible, des méligèthes n'est pas systématiquement synonyme de pertes de rendement si le colza est vigoureux et en l'absence de stress. Dans ce cas, les éventuels dégâts sous forme de boutons avortés peuvent parfaitement être compensés par l'émission d'autres boutons floraux. Il faudra cette année bien évaluer « l'état de stress » des cultures : la reprise très précoce a pu perturber le colza, la présence parfois très importante de larves de grosse altise et/ou de charançon du bourgeon terminal fragilisent les plantes et les exposent aux dégâts de méligèthes. Que le colza soit stressé ou non, les principes de la lutte raisonnée doivent s'appliquer tout en veillant, en cas d'intervention nécessaire, à l'alternance des familles chimiques.

 

Un insecte très visible qu'il faut savoir observer


Les méligèthes sont facilement repérés et identifiés sur le haut des plantes et cette présence conduit souvent à surestimer leur nombre et à les considérer comme un ravageur important du colza. La lutte raisonnée consiste à intervenir lorsque le seuil de nuisibilité est atteint au cours de la période de sensibilité de la culture (du stade boutons à début floraison).

Les seuils de nuisibilité sont à moduler selon l'état du colza
Si des pertes de boutons sont observées tous les ans, elles peuvent être dues aux méligèthes mais aussi au gel par exemple. Les pertes de rendement sont loin d'être systématiques. En effet, le colza est capable d'importantes capacités de compensation sur les ramifications secondaires. Lorsque la culture est vigoureuse et se situe dans un milieu (sol et climat de printemps) favorable, elle peut faire face à des attaques de méligèthes même fortes. La stratégie de lutte vis-à-vis des méligèthes vise à maintenir la population de méligèthes à un niveau tolérable (et non à l'éradiquer) pour que la floraison puisse s'engager.

Les dégâts sont très progressifs, il ne faut donc pas anticiper l'intervention par rapport au seuil considéré tolérable. Dans le cas d'une attaque précoce et d'un colza qui ne souffre pas, la culture a le temps de compenser en multipliant le nombre d'inflorescences au niveau des hampes secondaires.

Ce printemps, il est important d'apprécier l'état de stress de sa culture. Plusieurs évênements ont pu fragiliser les cultures : la reprise très précoce a pu perturber le colza, mais surtout la présence parfois très importante de larves de grosse altise et/ou de charançon du bourgeon terminal fragilisent les plantes et les exposent aux dégâts de méligèthes.

 

Si besoin, choisir le bon insecticide et alterner les modes d’action. Tenir compte des applications déjà réalisées à l’automne

Certains insecticides ont une action choc entrainant une mort rapide des insectes. D’autres vont jouer sur leur comportement en les empêchant de se nourrir ce qui limite les dégâts. Les populations de méligèthes sont considérées résistantes à la plupart des pyréthrinoïdes actuelles, hormis celles à base de taufluvalinate et d’etofenprox.

Il faut également tenir des comptes des applications d’organophosphorés  qui ont été réalisées à l ’automne. Si un organophosphoré à base de chlorpyriphos a déjà été utilisé, une nouvelle application du même produit commercial n’est pas possible. Cas particulier parmi  les chlorpyriphos : PYRINEX ME ne peut pas être réutilisé au printemps si une application de chlorpyriphos (même autre que PYRINEX ME) a déjà eu lieu à l’automne ; de plus si PYRINEX ME a déjà été utilisé à l’automne, il n’est pas possible de réappliquer un insecticide contenant du chlorpyriphos au printemps. 

  

Afin de maintenir la durabilité des solutions chimiques Il est important d’alterner les modes d’actions et ne pas utiliser 2 fois de suite le même mode d’action (même si on traite 2 insectes différents)  pour réduire le risque d’apparition de résistance.

 

-          Dans le cas le plus souvent rencontré d’une attaque par le méligèthe, privilégier les produits hors associations (pyréthrinoïdes particuliers, indoxacarbe, pymétrozine, organophophoré).

-          En cas d’intervention tardive (stade E avec apparition des premières fleurs), utiliser impérativement les solutions bénéficiant de la dérogation abeille.

-          Généralement les méligèthes envahissent les cultures après l'arrivée des charançons de la tige. L'utilisation d'un produit associant un pyréthrinoïde et une autre matière active est à réserver en cas d’attaque précoce du méligèthes, alors que des charançons de la tige n'ont pas encore été ciblés par une précédente intervention avec un pyréthrinoïde seul.

 

La règlementation évoluant en permanence, lire attentivement les étiquettes et la documentation disponible. Respecter les recommandations d’emploi en particulier vis-à-vis des abeilles.

 

Les matières actives efficaces sur méligèthes sont :

  • les pyréthrinoïdes particuliers : etofenprox (TREBON 30EC), tau-fluvalinate  (ex MAVRIK FLO)
  • l’indoxacarbe : STEWARD, EXPLICIT EC
  • la pymétrozine : PLENUM 50WG 
  • les organophosphorés seuls ou en association*. NURELLE D550*, DASKOR 440*, GEOTION XL* ; PYRINEX ME, RELDAN2M, BORAVI WG. Parmi ces organophosphorés seuls ou associés seul le BORAVI WG ne contient pas de chlorpyriphos. La substance active est le phosmet.
  • Les chloronicotiniles  (seuls) ou en association* : PROTEUS*, HOREME V200
 
*Les associations  sont réservées aux situations particulières avec présence simultanée de méligèthes et charançons de la tige. 
L. Ruck –  D. De Fornel