CONJONCTURE LAITIERE
Pour une relation contractuelle renforcée

Alors que les effets du redressement des cours des produits laitiers ne se font pas encore fait sentir au niveau des exploitations, les représentants des producteurs de lait des 8 départements de Bourgogne et de Franche-Comté se sont réunis à Besançon à l'invitation des administrateurs régionaux de la FNPL, le 15 février dernier.
Pour une relation contractuelle renforcée

Le secrétaire général de la FNPL André Bonnard, invité de cette journée, a insisté sur ce point d'emblée : il est franchement inadmissible que cette amélioration sensible de la conjoncture laitière ne se traduise pas au niveau des prix du lait payé aux producteurs. Les trésoreries sont au plus mal et un certain nombre d'entre-eux envisagent de réorienter leur exploitation vers d'autres productions. Il faut absolument inverser la tendance.

Les laiteries doivent prendre conscience de ce phénomène qui menace directement leur avenir. C'est le moment de redéfinir le modèle de la relation entre ces deux maillons. Les producteurs de la région regrettent que les échanges qui s'opéraient au niveau du CIL soient devenus quasi nuls. Ce constat amer se traduit par une relation se résumant à des propositions de prix à peine négociables, où la concurrence entre laiteries n'existe plus.
André Bonnard encourage les groupements de producteurs à se structurer en associations de manière à consolider un autre espace de débat et de négociation. Les dispositions contenues dans la loi Sapin 2, permettent de rétablir un équilibre relationnel au travers d'une contractualisation renforcée. Devant cet enjeu, la FNPL s'est investie dans la proposition d'outils destinés à favoriser l'organisation et le fonctionnement des producteurs en OP.
La question du prix reste le cœur des préoccupations mais il faut d'ores et déjà concevoir une autre approche en complément des critères liés à la qualité du lait. Il existe une demande forte pour intégrer les coûts de production dans ces éléments.

 

Un audit de la filière régionale

 

En parallèle, il est utile de maintenir une représentation des producteurs au sein du CIL Grand Est pour favoriser une harmonisation des pratiques relationnelles entre les acteurs de la filière. Ceci vaut également pour l'échelon national du Cniel même si cela nécessitera une meilleure volonté d'aboutir de la part des représentants de la transformation, privée et coopérative.
La crise a conduit la profession à réfléchir plus largement sur les moyens à mettre en œuvre pour pérenniser la production laitière Bourgogne Franche-Comté. A cette fin, un audit de la filière est en cours avec l'appui de la Région.
Au-delà de cette nécessaire reprise de pouvoir des producteurs pour aider à la revalorisation du lait, André Bonnard a rappelé les enjeux européens. Au niveau de la commission, il y a certes un débat à propos de l'opportunité de remettre les stocks de poudre de lait sur le marché mais ce n'est qu'une petite partie des sujets. La réglementation ne cesse d'évoluer, notamment dans le domaine du bien-être animal et en matière de relations commerciales intra-européennes et mondiales. Une illustration pourrait être la remise en cause des bovins à l'attache. Sur ce point comme sur tous les autres, la FNPL se positionne pour être une force de proposition à Bruxelles.
Autre sujet et non des moindres, celui du maintien du niveau de compétitivité dans le contexte ouvert du marché. La profession agricole doit maintenir son exigence qualitative car elle permet d'ouvrir de nombreuses portes et faire en sorte de se donner les moyens d'agir sur les leviers de performance techniques et économiques des exploitations. La crise ambiante a tendance à masquer cette évidence mais les produits laitiers sont un marché d'avenir à l'échelle mondiale et peu de pays comme la France disposent d'autant d'atouts pour contribuer à en bénéficier à l'avenir.