La fauconnerie au secours des cultures

Dresseur de faucons depuis plus de vingt ans, Davy Lacroix propose ses services à des agriculteurs, des collectivités, des gérants de silos pour les débarrasser des nuisances de corvidés, étourneaux, pigeons… Efficace, sa technique d’effarouchement lui vaut une clientèle du Midi jusqu’en Lorraine. Basé en Bresse, il aspire à développer son activité localement.

La fauconnerie au secours des cultures
Contrairement aux canons, épouvantails et autres repoussoirs artificiels, les oiseaux ne s’habituent jamais au faucon qui est leur prédateur naturel. Photo Davy Lacroix

Originaire du sud de la France, Davy Lacroix exerce le métier de dresseur animalier depuis plus de 22 ans. Il a longtemps travaillé dans le domaine de l’évènementiel où il assurait des prestations dans des spectacles accompagné de ses chevaux et de ses rapaces. En parallèle, ce passionné d’animaux a développé une activité d’effarouchement, une diversification saisonnière complémentaire à l’évènementiel qui a lieu principalement en été. Au fil des années, l’activité d’effarouchement a pris de l’ampleur pour Davy Lacroix qui aspirait à exercer son métier davantage sur le terrain et au niveau local. Ce virage l’a amené à s’installer en Bresse il y a cinq ans. Son nouveau point d’attache est central par rapport à sa clientèle qui s’étire aujourd’hui de Toulouse jusqu’à Metz ! S’il continue de réaliser des prestations artistiques pour le cinéma ou la publicité, Davy Lacroix intervient de plus en plus dans la lutte contre les oiseaux ravageurs, que ce soit en agriculture ou pour des collectivités. « Les faucons sont les premiers prédateurs des corbeaux », informe le dresseur qui précise que le faucon a la particularité de « voler haut, loin et longtemps », ce qui lui « permet de travailler une surface beaucoup plus grande qu’un autre rapace ».

Créer une anxiété chez les corvidés

La technique d’effarouchement consiste à « simuler les mêmes attaques que le faucon pèlerin », explique Davy Lacroix. « Le but n’est pas de capturer des corbeaux ou autre, mais au contraire de provoquer une anxiété chez eux ». Le fauconnier fait travailler le prédateur sur la zone à protéger en y multipliant les attaques. « L’action du faucon provoque un véritable harcèlement sur les oiseaux responsables de nuisances. Incommodés par les attaques incessantes du rapace, les corbeaux, pigeons ou étourneaux quittent la zone. L’effarouchement a pour effet aussi de les déranger dans leur reproduction », indique l’expert.

Avec un seul faucon, Davy Lacroix parvient à protéger plusieurs dizaines d’hectares de semis de maïs ou de tournesol. Photo Davy Lacroix.

L’intervention débute par une étude personnalisée avec le client. « Je vois avec la personne quels sont les zones et les moments clés des nuisances. On étudie ensemble la meilleure solution, quelles surfaces traiter… ».
Muni de l’un de ses faucons, Davy Lacroix assure la protection de surfaces pouvant couvrir plusieurs dizaines d’hectares. La durée d’intervention oscille entre quatre et quinze jours, du lever du jour au coucher du soleil, ces deux périodes étant les plus propices à l’effarouchement. Le fauconnier maintient une présence continue, en tournant dans les parcelles, en adaptant la tactique aux circonstances…

Très efficace pour les jeunes semis

Depuis une dizaine d’années, Davy Lacroix s’est bâti une solide réputation dans le secteur agricole. « Pour la protection des semences, les résultats sont fantastiques », fait valoir le fauconnier. L’an dernier, il est intervenu auprès d’un agriculteur pour protéger 60 hectares de maïs qui subissaient entre 30 et 40 % de perte. Grâce à son intervention, les dégâts sont retombés à 4 % seulement, rapporte-t-il. Une efficacité qui a convaincu d’autres maïsiculteurs du secteur. L’an prochain, ce seront 280 hectares que Davy Lacroix ira protéger sur place !
Le fauconnier intervient aussi pour protéger du tournesol, des vignes menacées par des étourneaux. Des communes font appel à lui pour des pigeons. Ses faucons sont aussi très efficaces pour débarrasser des silos de grains de ces colombidés.


Site Internet de Davy Lacroix : https://www.effarouchement-fauconnerie-rapace.fr/

Des faucons sélectionnés avec soin 

Davy Lacroix élève lui-même ses faucons. Il en possède une soixantaine pour une trentaine de rapaces opérationnels. Sur le terrain, le dresseur se déplace avec trois ou quatre oiseaux qu’il choisit en fonction des besoins. Il manie un seul faucon à la fois sachant que le prédateur chasse toujours seul, précise-t-il.

Les faucons ont une durée de vie d’une vingtaine d’années. Mais ils peuvent commencer à travailler dès l’âge de trois mois, informe l’éleveur qui précise que ces oiseaux grandissent très vite. Les jeunes faucons qui se révèlent les plus efficaces à l’effarouchement sont mis à la reproduction dès qu’ils atteignent leur maturité sexuelle vers trois – quatre ans. Le faucon donne une seule ponte de quatre – cinq œufs par an. « Et encore faut-il que le couple s’entende ! », ajoute Davy Lacroix.

Une activité très réglementée 

Le faucon est une espèce protégée. Aussi l’activité de fauconnerie et d’effarouchement est-elle très réglementée. Chaque oiseau est formellement identifié et bagué. Pour pouvoir exercer son art, Davy Lacroix possède un certificat de capacité pour détenir des oiseaux ainsi qu’un permis de transport et droit d’effarouchement. Enfin, pour la chasse, le fauconnier est détenteur du permis de chasser muni de l’agrément de chasse en vol. Héritée de l’époque médiévale, la chasse avec des faucons est encore pratiquée de nos jours.