Energie
Traquer les économies en fruitière à comté

La coopérative laitière d’Aromas dispose de 1 000 m2 de panneaux photovoltaïques. La problématique de l’énergie est au cœur de cet atelier qui affine 100 % de son comté.

Traquer les économies en fruitière à comté
La coopérative a fait le choix du photovoltaïque depuis plus de 20 ans sur ses bâtiments successifs

Les Érythrônes, coopérative fromagère à Aromas (Jura), s’est équipée de panneaux photovoltaïques en 2010 sur 400 m2 de toiture. Un deuxième investissement a suivi en 2014, sur 600 m2, même si l’offre de rachat de l’électricité avait pris à cette époque un sérieux coup de massue. Un choix raisonné que le président de la coopérative, Benjamin Delesalle, explique.

« La première installation nous a permis d’autofinancer la deuxième. L’orientation du bâtiment se prête parfaitement à ce type de projet et c’est une volonté des producteurs de produire de l’électricité. ».

Les tarifs d’achats sont de 54 centimes le kilowatt heure pour le contrat passé en 2010 et de 18 centimes pour les panneaux installés en 2014.

Autre argument qui a fait pencher la balance : « l’investissement n’impactait pas le prix du lait qui était par ailleurs en croissance. »

Au moment de faire l’extension de cave en 2014, les sociétaires ont réfléchi à l’installation des panneaux dès la construction du bâtiment, ce qui occasionne un moindre coût qu’une installation sur un toit existant. Autre économie inattendue : les technologies ayant évolué entre le début et la fin du projet d’extension de cave, il aura fallu trois panneaux de moins que prévu pour produire la même quantité d’électricité.

« Il faut savoir que le prix de la vente d’électricité ne peut pas être distribué aux sociétaires sous forme de ristournes, la somme dégagée doit être réinvestie », rappelle Benjamin Delesalle.

L’électricité produite par les panneaux correspond à un mois de consommation de la coopérative. « La rentabilité en photovoltaïque n’est pas énorme, mais si cela s’autofinance, pourquoi ne pas investir ? », remarque le président des Érythrônes.

L’affinage, un poste énergivore

« Si c’était à refaire, on choisirait d’autoconsommer l’électricité produite par nos panneaux. Mais à l’époque la technologie n’était pas assez développée… », explique Benjamin Delesalle. Car l’enjeu actuel, pour la coopérative, est de réduire à tout prix sa facture d’énergie qui a été multipliée par trois, passant de 120 000 à 360 000 euros. « Nous sommes une coopérative assez énergivore car nous affinons la totalité de nos fromages. »

La coopérative des Érythrônes traque tous les postes d’économie possibles. Un bilan va être réalisé avec le CTFC sur la gestion de la température dans les caves d’affinage. Les sociétaires vont également étudier la possibilité pour la station d’épuration et divers matériels de fonctionner de nuit, en heures creuses.

La consommation de carburant, avec le ramassage du lait et l’expédition des formages, est un autre poste de charges important que la coopérative veut optimiser, tout comme l’emballage, avec moins de cartons…  « Nous allons essayer de regrouper les livraisons tous les 15 jours. Ce n’est pas évident car nous sommes dans une zone un peu isolée. C’est aussi mieux pour la planète si nous mettons moins de camions sur les routes ! ».

Se pose aussi la question d’investir dans des équipements moins coûteux en consommation d’énergie. L’atelier refait en 2010 utilise une chaudière au fuel. « Aujourd’hui, si la chaudière avait un pépin, nous serions amenés à réfléchir à un autre système de chauffage. Une filière bois plaquette est en train de se monter localement, on espère qu’elle va pouvoir se développer… »

Aux Érythrônes, les sociétaires cultivent cet esprit d’entreprendre, « même si la Covid a ralenti les projets », et regardent vers l’avenir.

« L’énergie est un enjeu d’avenir. L’État aurait intérêt à orienter et inciter de plus en plus vers les énergies renouvelables », conclut le président de la coopérative.

Isabelle Renaut

Coopérative Les Érythrônes

20 fermes sociétaires pour une cinquantaine d’actifs

10 salariés

8 millions de litres de lait transformés par an en comté

La totalité de la production est affinée et vendue par la coopérative