Face à l’engouement pour les appareils à tapis, les andaineurs à deux rotors restent une valeur sûre grâce à des tarifs plus abordables et une grande diversité de modèles. Moins répandus, les outils de type soleil et râteau faneur tirent leur épingle du jeu dans le sec.
Impressionnés par les performances des andaineurs à pick-up, certains utilisateurs ont eu tendance à juger sévèrement la qualité de travail des outils traditionnels à rotors qui, s’ils sont bien utilisés, donnent des résultats tout à fait convaincants. Cela suppose tout d’abord d’adapter les réglages de l’outil en fonction des conditions. Lorsque la hauteur de fauche est suffisante, l’ajustement de la hauteur de ramassage permet de rassembler le fourrage, sans ramener trop de terre ou de cailloux. Certains appareils proposent d’aller encore plus loin dans la finesse des réglages en modifiant l’assiette des rotors ou encore le moment d’effacement des dents. En termes de suivi du sol, les rotors des andaineurs doubles sont désormais tous équipés d’essieux tandem accueillant 4 à 6 roues et sont reliés au châssis par des articulations garantissant une grande mobilité en trois dimensions. Malgré tous ces avantages techniques, la vitesse de travail reste le facteur limitant. Pour bien fonctionner, un outil à rotor ne doit pas avancer à plus de 8-10 km/h. Au-delà de cette vitesse, on risque de faire des paquets, notamment dans le vert, quand le fourrage est peu étalé ou que la matière sèche est irrégulière.
L’andainage central mieux adapté pour l’ensilage
Le régime de prise de force a aussi son importance : il faut le régler entre 350 et 450 tr/min pour ratisser en douceur et avoir un andain homogène. Plus globalement, le soin accordé à l’andainage sera payant au moment de la récolte. Que celle-ci s’effectue à l’ensileuse, à la presse ou encore à l’autochargeuse, plus l’andain est régulier, plus sa reprise est facile. L’andaineur double à andain central affiche toutefois sa supériorité sur les modèles à dépose latérale en produisant des andains plus homogènes avec des brins perpendiculaires au sens d’avancement, propices à une bonne qualité de coupe. En revanche, les andaineurs latéraux présentent davantage de flexibilité sur la largeur de travail, un argument dans les régions où les volumes de fourrages peuvent fortement varier d’une coupe à l’autre. Ces appareils se déclinent en version traînée sans châssis porteur demandant une certaine dextérité pour leur pilotage. Les modèles semi-portés à châssis porteur sont plus simples à manier. Mais ils ont l’inconvénient d’être plus lourds, plus longs et plus onéreux que les andaineurs doubles à dépose centrale.
Moins de pertes et de cailloux avec l’andaineur à tapis
Bien que l’offre pléthorique en appareils à deux rotors soit à même de satisfaire la majorité des besoins, d’autres types d’andaineurs font leur preuve sur le terrain, à commencer par les modèles à pick-up et tapis. Longtemps cantonnés à la récolte de luzerne déshydratée, ces outils se sont progressivement étendus aux régions d’élevage, grâce à leur qualité de travail et leur débit de chantier. Les andaineurs à tapis offrent un avantage indéniable face au rotor dans les situations de récolte de fourrages secs et plus spécialement ceux contenant de la luzerne et du trèfle. Mais cette supériorité n’est pas aussi marquée pour des fourrages plus humides destinés à l’ensilage ou à l’enrubannage. Or, même si des andaineurs à tapis sont utilisés dans les régions AOP de l’Est et du Massif central, ou encore de grosses structures en bio dans d’autres régions, ils restent majoritairement employés par des Cuma et ETA du Grand Ouest pour la récolte de l’ensilage.
La rentabilité de l’andaineur à tapis à raisonner jusqu’à la récolte
La perte de feuilles n’est finalement pas l’argument principal, qui se situe plutôt au niveau de l’incorporation de terre et de cailloux dans l’andain. Les mesures réalisées par Arvalis et les Cuma, mais aussi par des organismes américains, prouvent la supériorité de ces appareils sur ce point. Les ETA et Cuma valorisent ainsi ces machines à pick-up, grâce à leur gros débit de chantier – leur vitesse de travail pouvant dépasser les 15 km/h – et en mettant à profit la propreté du fourrage sur toute la chaîne de récolte. Avec une prestation complète de la fauche à l’ensilage, l’ETA ou la Cuma s’y retrouve sur le débit de chantier de l’ensileuse, de l’autochargeuse, ou encore de la presse enrubanneuse, mais surtout sur l’usure du système de coupe. Le surcoût important de l’andaineur à tapis peut ainsi être rentabilisé. Cette approche permet aussi de dédier un chauffeur expérimenté à la conduite de l’andaineur. Ces appareils sont très performants, à condition d’être bien réglés et de s’adapter aux conditions. Une machine mal utilisée peut faire des paquets.
Simplicité et débit de chantier avec les soleils
Dans les zones où l’on récolte majoritairement du fourrage sec, certains éleveurs sont fidèles à l’andaineur soleil, satisfaits par sa simplicité mécanique, son respect du fourrage et la possibilité de moduler la largeur de travail à souhait. Ce sont en revanche des engins encombrants sur la route. Ils imposent également une vitesse minimale de travail et peuvent avoir tendance à ratisser la terre et les pierres, s’ils ne sont pas réglés finement. Ils forment également les andains par enroulement, compliquant la reprise par une ensileuse, une autochargeuse ou une presse équipée d’un système de coupe.
Encore plus confidentielle, la version modernisée des anciens râteaux faneurs, comme le proposent Elho ou Repossi, déplace le fourrage en le soulevant, limitant ainsi l’incorporation de cailloux. Les modèles traînés autorisent un réglage de la largeur de travail et de l’andain. Ces matériels permettent d’avancer à une allure de 10 à 15 km/h, mais ils peuvent avoir du mal à ramasser proprement les fourrages courts. Assez onéreuses, les versions traînées sont également assez lourdes, imposant un tracteur d’un certain gabarit.
Michel Portier
La hauteur de travail des andaineurs est trop souvent insuffisante, se traduisant par un ramassage de la terre et des pierres qui se mélangent au fourrage. Cette pratique est notamment liée à une hauteur de fauche insuffisante. Celle-ci doit être de 7 centimètres au minimum de façon à laisser un matelas d’air en dessous de l’herbe. On peut ainsi se permettre de ne pas ratisser trop bas, ce qui favorise aussi le séchage du fourrage. Ces conseils sont valables pour tous les types d’andaineurs, y compris pour les engins à tapis, dont le pick-up ne peut pas faire des miracles quand ses dents touchent le sol. Un passage de rouleau est également préconisé dans les parcelles à cailloux. Après l’intervention d’une herse à prairie au printemps, cela permet de rappuyer les pierres.
En prenant comme référence les résultats obtenus avec un andaineur à tapis, des mesures ont été réalisées sur les différents types d’andaineurs par Arvalis et les Cuma de l’Ouest, mais aussi par des organismes américains. Il en ressort que l’andaineur à rotors ratisse en moyenne 9 à 11 % de plus de terre qu’un modèle à tapis et que le soleil en ramène 18 à 28 % de plus. Avec un écart de + 8 %, le râteau faneur est le plus proche de l’andaineur à tapis.