La forêt de Chaux, deuxième massif feuillus de France, s'étend sur 22 000 ha de forêts domaniales et communales. Elle propose une alternance de plateaux (appelés localement platières) et de vallons qui drainent les écoulements vers la Clauge puis vers le Doubs. Elle est classée au titre de la directive européenne Natura 2000.

413 km de cours d'eau parcourent les parcelles forestières; seulement 88 km sont permanents.

Les années 1950 et 1960 ont vu d'importants travaux de drainage et de corrections de ces petits cours d'eaux afin d'assainir les parcelles à reboiser et d'améliorer les conditions d'exploitation pour les franchissements des cours d'eau. L'idée répandue à l'époque était que "l'eau est l'ennemi de l'arbre". Tous les ruisseaux de fonds de vallon ont été rectifiés, des fossés rectilignes ont été traçés et les sommets de certaines platières ont été arrasés, là où l'eau avait le plus de mal à s'écouler.

50 ans plus tard, la prise en compte grandissante des milieux naturels, de la gestion de l'eau dans les pratiques forestières ainsi que la politique environnementale de l'ONF, ont amené l'office à réfléchir sur ses pratiques et à prendre un certain recul sur les expériences passées et leurs répercussions actuelles : abaissement de nappe dans les vallons et augmentation de la sècheresse estivale avec dépérissement localisé de chênes.

«Avec les connaissances et les outils de mesure de l'époque, le travail réalisé en forêt a été bien fait. Aujourd'hui le contexte a évolué : la forêt domainiale d'abord dédiée à la production doit intégrer de nouveaux enjeux sociétaux et environnementaux», ajoute Frédéric Sassard de l'agence ONF du Jura.

Faire serpenter les ruisseaux

Entre 2005 et 2009, l'ONF s'est lancé dans un programme européen LIFE « ruisseaux de tête de bassin et faune patrimoniale associée », réalisant une première restauration d'affluents de la Clauge en forêt de Chaux, par installation de séries de bouchons en argile, barrant le cours d'eau et renvoyant le débit dans les anciens méandres.

Fort de cette expérience, d'autres travaux de restauration des cours d'eau ont démarré en 2015 en partenariat technique avec l'Université de Franche-Comté, dans le cadre d'une convention Agence de l'eau-ONF.
Ces travaux concernent le secteur à l'amont de la Vieille Loye. L'ONF ambitionne de refaire 45 km de ruisseaux temporaires en forêt de Chaux d'ici 2018. Une première tranche a porté cet été sur près de 5 km de cours d'eau et a permis de doubler la longueur des affluents.

L'objectif est de redonner un lit serpentiforme aux ruisseaux. Sur ces rubans de restauration des cours d'eau, l'eau sécoulera plus lentement, arrivera moins vite à la Clauge et sera disponible plus longtemps dans le sol au moment de la pousse annuelle des arbres (fin du printemps et début d'été).

Les parcelles où l'eau sera stockée plus longtemps concernent environ 200 ha de la forêt de Chaux (10% de la surface forestière). Cette opération n'aura pas un fort enjeu forestier mais surtout environnemental avec une amélioration du milieu humide et un impact positif espéré sur certaines espèces animales qui seront favorisées : batraciens, insectes.... Du côté des espèces forestières, le chêne et l'aulne bénificieront de cette charge d'eau au printemps. Le hêtre est moins friand des zones humides. Le charme est indifférent.
Deux dispositifs de suivi ont été mis en place : un suivi des peuplements forestiers et un suivi des nappes d'eau (suivi piézométrique des nappes du sol).
En parallèle à ces travaux, l'ONF participe à la restauration de ponts et de passages à gué pour pouvoir exploiter la forêt. L'Office a également réorganisé le travail d'exploitation de chaque côté des ruisseaux pour éviter le plus possible leur franchissement.

Pour redécouvrir le charme des ruisseaux qui courrent en forêt de Chaux, il est possible de participer à une visite commentée le 5 février prochain.

IP et documents ONF

Journée zone humide : visite en forêt de Chaux