Trois questions à
Jean-Pierre Gros : « Une assurance prairie indispensable pour les jeunes agriculteurs »

Interview du président de Groupama Jura sur les enjeux autour de la nouvelle assurance prairie.

Jean-Pierre Gros : « Une assurance prairie indispensable pour les jeunes agriculteurs »

Le délai est très court pour souscrire la nouvelle assurance prairie cette année ?

Jean-Pierre Gros : L’assurance prairie proposée dans le cadre de la nouvelle réforme des calamités agricoles a démarré cette année le 13 février, avec une échéance au 31 mars. Le temps est très court pour souscrire. On mobilise tous nos conseillers agricoles depuis une quinzaine de jours pour pouvoir sensibiliser sur cette question.

Tous nos éleveurs assurés ont été contactés. Il leur est donné ensuite la possibilité de se connecter sur le site internet de Groupama pour faire une simulation. L’outil est assez simple. On entre les paramètres de l’exploitation : nombre d’UGB, besoin en matière sèche totale de l’exploitation… La seule petite difficulté, si c’en est une, est ensuite de se connecter sur Telepac et télécharger le RPG. Puis il reste à indiquer le prix d’achat qu’on choisit au niveau de son foin. Le simulateur calcule la cotisation avec un taux de franchise entre 20 et 30 %.

Il est important de souligner, suite à la nouvelle réforme, que quel que soit le taux de franchise, le taux de prise en charge est de 70 %, au lieu de 65 % auparavant.

Rencontrez-vous des difficultés pour mobiliser les agriculteurs sur ce type d’assurance ?

Nous avons moins de 1% des prairies couvertes en risque multiclimatique au niveau national.

Nous sommes dans une année de transition. Aujourd’hui les agriculteurs attendent de voir ce qui se passe. Le contexte n’est pas favorable.

Les éleveurs ne connaissent pas trop le sujet. Les calamités agricoles ont pris fin le 31 décembre 2022. Depuis, les non-assurés n’auront droit qu’au fonds de solidarité nationale qui interviendra à hauteur de 45 % pour 2023. Il va descendre à 40 % en 2024 pour arriver à 35 % en 2025. Autant dire que les non-assurés ne seront jamais pris en charge en tant qu’aléas climatiques…

Combien coûte la cotisation pour l’assurance prairie ?

La cotisation est inférieure à 10 euros de l’hectare. Sur notre exploitation, nous avons 130 ha de prairies, cela représente 1 300 euros, ce qui n’est pas insurmontable. Si jamais on était à nouveau confronté à un aléa climatique, ce serait compliqué pour les exploitations. On sait que les stocks de fourrages sont absents ou moindres. Assurer l’alimentation de son troupeau me paraît utile, en plus des adaptations techniques pour apporter une meilleure résilience de son exploitation.

Aujourd’hui, je pense que cette assurance est indispensable pour les jeunes agriculteurs.

« Au regard des années que l’on vient de vivre, j’inciterai fortement les éleveurs à s’assurer, sI on veut sécuriser son stock fourrager. »

Comment se passe l’indemnisation ?

Encore une chose importante, l’assurance permet une indemnisation beaucoup plus rapide. Quand nous étions sous le régime des calamités, il fallait presque un an et demi pour être indemnisé. Avec l’assurance prairie, l’indemnisation couvre l’année fourragère en cours, ce qui veut dire que dès novembre les agriculteurs pourront être indemnisés.

Pour déterminer le sinistre, l’expertise humaine est impossible du fait de la consommation quotidienne de fourrage et de la production en plusieurs cycles. Nous utilisons la mesure de la pousse de l’herbe par satellite, ce qui permet un historique. L’an dernier, au niveau national, seulement 4 cas sur les 1 000 instruits ont posé un problème, ce qui montre que cette évaluation est vraiment fiable. L’indemnisation se déclenche automatiquement.

Un dernier message ?

Il ne reste que jusqu’au 31 mars pour souscrire. Il faut que nos éleveurs fassent la démarche et signent leur contrat avant cette date. Du côté de Groupama Jura, tous les moyens seront mis pour que les dossiers soient traités à temps.

IR

Exemples de simulations « Assurance Prairies » dans le Jura

EXPLOITATION 1 (HAUT-JURA) – SEUIL D’INTERVENTION : 20%
Elevage : bovin lait
Mode de production : Elevage AOC
Taille de votre cheptel : 125,00 UGB
Surfaces totales des prairies sur l’exploitation : 223,05 ha
PARAMETRES DE VOTRE CONTRAT
Niveau de garantie
Période de couverture : 01 février/31 octobre
Estives/alpages : Couverts
Seuil d’intervention : 20% soit 24 120 euros
Franchise : 20% soit 24 120 euros
Capital
Quantité d’herbe assurée : 418,75 TMS
Prix de rachat assuré : 288 euros/TMS
Capital assuré : 120 600 euros
Cotisation (TTC) : 1 870,38 euros/an (soit 14,96 euros/UGB/an ou 8,39 euros/ha/an)
Subvention prévisionnelle : 1 305,14 euros/an
Cotisation subvention déduite : 565,24 euros/an (soit 4,52 euros par UGB/an ou 2,53 euros/ha/an)

EXPLOITATION 2 ( BAS JURA ) – SEUIL D’INTERVENTION 25%
Elevage : bovin lait
Mode de production : Elevage AOC, biologique
Taille de votre cheptel : 113,00 UGB
Surfaces totales des prairies sur l’exploitation : 131,28 ha
PARAMETRES DE VOTRE CONTRAT
Niveau de garantie
Période de couverture : 01 février/31 octobre
Estives/alpages : Couverts
Seuil d’intervention : 25% soit 38 172 euros
Franchise : 25% soit 38 172 euros
Capital
Quantité d’herbe assurée : 356,75 TMS
Prix de rachat assuré : 428 euros/TMS
Capital assuré : 152 689 euros
Cotisation (TTC) : 2 247,37 euros/an (soit 19,89 euros/UGB/an ou 17,12 euros/ha/an)
Subvention prévisionnelle : 1 569,03 euros/an
Cotisation subvention déduite : 678,34 euros/an (soit 6 euros/UGB/an ou 5,17 euros/ha/an)