Un plaidoyer « Cuma et installation »

La FRCuma Bourgogne Franche-Comté a tenu son assemblée générale simultanément en divers points de la région et par visioconférence. Le thème de la matinée : l’apport des Cuma pour aider au renouvellement des générations. 

Un plaidoyer « Cuma et installation »
« Nous devons continuer à nous organiser et nous structurer pour répondre aux besoins des Cuma », déclare Hervé Delacroix, président de la FRCuma BFC

Le rapport d’activité, la table ronde et les discours des intervenants étaient retransmis en direct depuis une salle de la Maison du Comté à Poligny, où étaient réunis une cinquantaine de participants. Des adhérents impatients de se retrouver alors que les assemblées générales de secteurs ont eu des difficultés à se dérouler normalement en 2021, à cause des restrictions sanitaires.

L’actualité sanitaire a repointé son nez ce 20 janvier à Poligny de manière inopinée, avec un contrôle des passes sanitaires par la gendarmerie au beau milieu de l’assemblée générale. Après une courte interruption, la rencontre a pu reprendre son cours.

 

Désherbage mécanique, sur semis, taostage…

Les Cuma ont organisé plusieurs journées techniques en 2021, en partenariat avec d’autres organismes, sur différentes thématiques : le désherbage mécanique, la valorisation bocagère en bois énergie et litière, la distribution des fourrages, les plaquettes en litière, la valorisation des protéagineux (taostage) dans les rations, la protection contre le gel en viticulture, le sur semis de prairies, le séparateur de phase, la plantation de haies agricoles, …

Des thèmes qui rejoignent souvent l’enjeu de l’adaptation aux changements climatiques.

Le réseau Cuma a également participé aux Fêtes de l’agriculture des Jeunes agriculteurs dans le Jura et en région. Ce fut l’occasion de montrer les avantages du travail en Cuma mais aussi l’importance des Cuma pour répondre aux enjeux de demain.

L’assemblée générale était retransmise depuis la Maison du comté à Poligny

Booster le collectif

En 2021, le réseau Cuma BFC est intervenu auprès d’une douzaine d’écoles pour sensibiliser les futurs acteurs du monde agricole aux charges de mécanisation, informer et communiquer sur l’intérêt des Cuma. Mais pour le président de la FRCuma, Hervé Delacroix, cela ne suffit pas. « Nous avons une demande que nous réitérons régulièrement auprès de la chambre régionale d’agriculture et du conseil régional : faire partie du stage à l’installation ! » La FRCuma a remis à la Région un document réalisé par la FNCuma, un plaidoyer en faveur des Cuma et de l’installation, mais qui va au-delà des questions de mécanisation : il s’appuie sur la solidarité et le facteur humain présents dans les Cuma. L’idée est de donner « un coup de boost au collectif » avec par exemple des propositions comme soutenir le nouvel installé qui souhaite louer du foncier grâce à un dispositif de parrainage en Cuma, promouvoir les échanges entre le jeune et des agriculteurs Cumistes à travers le Programme d’accompagnement à l’installation et la transmission, mettre en place des aides régionales pour inciter les nouveaux installés à adhérer aux Cuma, …

Soucieuse d’aborder ces questions, la FRCuma a choisi de consacrer la deuxième partie de son assemblée générale au thème « Cuma et installation » avec la tenue d’une table ronde (voir en encadré).

 

Un suivi mécanisation

« Le thème de l’installation, abordé aujourd'hui, fait partie de notre responsabilité d’OPA de se pencher sur le renouvellement des générations au sein de notre métier », affirme Hervé Delacroix.

Il rappelle que la FRCuma est prête à se mobiliser pour accompagner les projets d’installation et créer un poste en ce sens si nécessaire. La FRcuma pourrait intervenir lors des stages installation mais aussi suivre les références (guide des prix de revient), réaliser un diagnostic de charges de mécanisation et proposer un suivi post-installation sur la mécanisation, basé sur le volontariat.

Dans un autre registre, La FRCuma a créé récemment un poste de chargé de mission « Projets innovants » pour répondre aux besoins des Cuma qui ont des projets dans des domaines très variés : création d’un hangar, agroécologie, atelier de transformation, point de vente collectif, groupement d’employeur, aire de lavage, ... Des projets finançables dans le cadre du Dispositif national d'accompagnement des projets et des initiatives des Cuma (DINA).

La FRCuma va continuer à « s’organiser et se structurer », pour aborder des sujets comme « l’innovation, s’adapter au changement climatique, accompagner les projets d’installations mais aussi répondre à des projets de GIEE ou a de projets de bâtiments en CUMA… », conclut Hervé Delacroix.

IR

Une table-ronde avec Julien Crinquant, Michel Baudot, Amélie Guillot et Cécile Gazo (par visioconférence)

La table-ronde, animée par Jean-Philippe Rousseau, directeur de la FRCuma Bourgogne Franche-Comté, était précédée par deux interventions sur les chiffres de l’installation en BFC et l’impact des charges de mécanisation.

Sophie Dubreuil, chef du pôle économie à la chambre régionale d’agriculture, a rappelé quelques données sur le renouvellement des agriculteurs en Bourgogne Franche-Comté : « En moyenne 2 départs sur 3 sont remplacés, avec des écarts très importants selon les départements (...) La moitié des agriculteurs ont plus de 50 ans (...) En BFC, sur 900 installations annuelles, les 2/3 pourraient prétendre à la DJA mais seuls 52 % la demandent. 70 % des installés en bovins lait obtiennent la DJA. Un tiers des installations aidées sont hors cadre familial »

Eugénie Vacossaint, responsable du marché de l’agriculture au Crédit agricole de Franche-Comté, a présenté deux simulations qui montrent une meilleure résilience des exploitations dans les 5 premières années d’installation, grâce à la mécanisation partagée.

Julien Crinquant, viticulteur à Arbois, installé en 2019 sur 5 ha en agriculture biologique. La particularité de son exploitation est d’être 100 % en Cuma. « La Cuma me permet d’exploiter les vignes de façon plus simple dans le cadre d’une installation en bio, et de faire des économies que j’ai pu utiliser pour des travaux dans la cuverie (...) Le partage d’expérience avec des collègues en Cuma m’a permis de progresser techniquement dans le réglage des matériels mais aussi de dépasser des moments compliquées en 2021 suite aux problèmes climatiques : savoir comment réagir dans les vignes après un coup de gel ou de grêle par exemple… »

Amélie Guillot, viticultrice, trésorière à la Cuma des Baudines (Arbois) et engagée au sein du réseau Cuma BFC. Elle a donné son regard sur l’accueil de nouveaux installés en Cuma. « Le lien social est important dans notre Cuma qui compte 17 adhérents, avec 2 mots-clés : bienveillance et solidarité (...) C’est important d’intégrer des jeunes, mais en faisant attention à maintenir l’esprit collectif. Si l’on introduit dans nos Cuma des personnes qui ne partagent pas ces valeurs, cela peut mettre en danger la pérennité du groupe. »

Michel Baudot, conseiller installation, chambre d’agriculture du Jura : « Nous avons des candidats à l’installation qui sont porteurs de projets de vie, qui veulent un grand espace de liberté, avec du collectif à géométrie variable (...) Il faut leur faire découvrir qu’à côté d’eux des structures collectives existent déjà et fonctionnent (...) Face à des reprises avec un parc matériel conséquent, le travail des Cuma pourrait être utile pour apporter deux scénarios : une reprise de matériel en tout ou partie et, en face, une proposition d’adhésion à une Cuma locale. La politique d’installation aidée est en cours de renégociation, il serait intéressant de faire la promotion des Cuma… »

Cécile Gazo, sociologue, réalise une thèse qui sera présentée à JA national sur la diversification des instruments de soutien à l’installation en agriculture, parmi lesquels on peut retrouver : des coopératives qui se préoccupent de plus en plus d’installations, des start-up, des formations portées par des acteurs économiques (Danone, …), des dispositifs de financement économiques solidaires… « Les start-up qui veulent aider au renouvellement des générations créent les conditions nécessaires, notamment en apportant du foncier, mais avec des visions bien particulières de ce que doit être un modèle agricole. La synergie entre les installés individuels ne va pas de soi. Il faut voir comment faire vivre cela. Un collectif ça ne se décrète pas. »

Le jeu « Paye ta Cuma »

Le jeu « Paye ta Cuma »

La FRCuma a réalisé un jeu à destination des étudiants, du grand public et des agriculteurs, Paye ta Cuma, où le joueur se met dans la situation d’un adhérent. Le jeu a été diffusé au niveau national. Il permet de présenter le fonctionnement d’une Cuma de façon ludique dans les établissements scolaires.