AG des JA 39
Jeunes Agriculteurs : c’est reparti !

Après deux années en demi-teinte pour cause de pandémie, les activités des Jeunes Agriculteurs du Jura sont reparties en 2022, entre dossiers syndicaux et évènements conviviaux. 2023 s’annonce tout aussi intense.

Jeunes Agriculteurs : c’est reparti !

Organisation de la fête de l’Agriculture, de celle de l’élevage, des concours cantonaux de labours, de quatre dimanches à la ferme, participation à la foire de Libramont en Belgique, accueil de collégiens et lycéens à Dole Expo ou lors de la venue du bus du vivant à Lons-le-Saunier, tournage de vidéos pour l’opération « je kiffe ma filière comté », etc. Les 257 adhérents des jeunes agriculteurs du Jura, répartis sur 13 cantons, n’ont pas chômé en 2022 et ont mis en place de nombreux évènements festifs ou de promotion de la profession.

La défense de la profession n’était pas en reste et le nombre de dossiers syndicaux était aussi important : hausse des prix des intrants et de l’énergie, présence du loup, sécheresse, passage de la DJA à la région et diminution de son montant... Sans oublier les traditionnelles tournées syndicales.

Une économie déstabilisée

« Après deux ans de crise sanitaire, nous pensions repartir sur une année normale, voir le bout du tunnel et reprendre le cours de notre vie, » rappelle Philippe Cornu, président des JA du Jura. « Nous étions loin d’imaginer que 2022 serait aussi à marquer d’une pierre noire. Qui aurait pu imaginer qu’au XXIème siècle une guerre fasse à nouveau couler du sang sur notre continent ? Ce conflit a déstabilisé les économies française, européenne et mondiale. Les conséquences au niveau agricole sont multiples : hausses des charges, difficultés d’approvisionnement, envolée des prix des bâtiments et du matériel… » Ces difficultés auront néanmoins permis de remettre sur le devant de la scène le concept de souveraineté nationale, tant alimentaire qu’énergétique.

Pour que l’agriculture parvienne à atteindre cette autonomie alimentaire, les JA du Jura comptent rester vigilants « pour éviter la mise sous cloche de surfaces supplémentaires qui amputerait leur caractère nourricier par des mesures drastiques de protection environnementale comme c’est le cas dans les projets de parc naturel régional qui se profile sur la Bresse ».

A la tribune (de gauche à droite), Antoine Morel, trésorier des JA 39, Flavien Villet, secrétaire général, Philippe Cornu, président et Thomas Lemee, secrétaire général des JA BFC

La sécheresse 2022 a aussi marqué les esprits. Les agriculteurs mesurent l’impact du changement climatique sur leurs exploitations. Les JA appellent chacun à adapter ses pratiques pour devenir plus résilient. Cette absence de précipitation a contribué aux incendies qui ont frappé massivement le Jura cet été. Pour y faire face, les agriculteurs, et notamment les jeunes, faisant preuve de valeurs de solidarité et de défense du territoire, sont spontanément venus en première ligne avec leur matériel pour prêter main forte aux pompiers.

Malgré toutes les difficultés rencontrés, les JA du Jura continueront en 2023 « défendre et promouvoir notre beau métier, partager notre savoir-faire et notre passion qui font notre fierté »

Enjeux et limites du pastoralisme

Pour conclure l’assemblée générale, les JA ont organisé une table ronde sur les enjeux et les limites du pastoralisme dans le massif du Jura à laquelle participaient un éleveur isérois chargé de mission lait pour les JA nationaux, une conseillère de la chambre d’Agriculture et un représentant de Jura Nature Environnement, lui-même éleveur dans le Haut-Doubs.

Le pastoralisme, pratique ancestrale, est essentiel pour les territoires montagneux car il maintient les paysages ouverts tout en favorisant la biodiversité. Il permet aussi une économie transversale : sans lui, pas d’élevage ni de fromages mais pas de tourisme non plus ni d’entretien des pistes de ski…  L'agriculture se retrouve ainsi au centre de l'attractivité du territoire.

Malheureusement ce modèle est vulnérable au changement climatique et à la prédation. En visioconférence, deux intervenants de la chambre d’Agriculture et de la fédération des Alpages d’Isère ont présenté une étude de vulnérabilité du pastoralisme face au loup. Dans ce département, le nombre d’attaques explose depuis trois ans. En 2020, prés de 50 bovins y ont été prédatés, chiffre sous-évalué car certaines ne sont ni prouvées ni déclarées.

Les impacts sont nombreux et petit à petit le système d'élevage se transforme. Les éleveurs et les OPA cherchent et expérimentent des solutions mais aucune ne semble concluante jusque-là.

S.C.

Ils ont dit

Philippe Cornu, président des JA du Jura : « On peut se poser la question de la nécessité de toujours plus de contraintes environnementales à l’agriculture. Est-ce vraiment elle la principale responsable de la pollution de notre planète ? La même année nous avons eu une coupe du monde dans un pays désert ou il n’y a pas le moindre brin d’herbe, et l’attribution des jeux asiatiques d’hivers dans un pays sans le moindre flocon de neige ».

Alain Mathieu, président du CIGC : « La filière Comté fait le lien entre les éleveurs jurassiens et les consommateurs. Le pastoralisme n’aura d’avenir que s'il y a convergence avec la société. La richesse de vos rapports d’activité et moral, l’ouverture d’esprit lors de cette table ronde, démontrent l’investissement des JA pour aller au contact de la société et du territoire et faire connaître la réalité du vivant et de ses métiers ».

Christophe Buchet, président de la FDSEA du Jura : « Il y a un an encore, nous ne parlions pas du loup. Nous avons aujourd’hui trois meutes dans le Jura. C’était le cas dans les Alpes il y a 10 ans. Ils en ont maintenant vingt-deux.  Si nous ne voulons pas nous retrouver dans la même situation qu’eux, il faut une régulation, immédiatement ».

François Lavrut, président de la chambre d’Agriculture du Jura : « On peut penser qu’avec le changement climatique, la quantité d’eau restera la même mais sera décalée dans le temps, avec des pluies moins fréquentes mais plus intenses. Cela provoquera d’importants changements auxquels il faudra s’adapter. La chambre d’Agriculture est là pour vous accompagner dans les nombreux changements qui vous attendent ».

Clément Pernot, président du conseil départemental : « Je crois que d'ici peu le problème du loup ne concernera pas que l'agriculture. Il se rapproche, et quand il se rapprochera trop des touristes, ce sera autre chose. Les agriculteurs ne représentent que 1% de la population et donc des électeurs, cela pèse peu au niveau national. Respectons la loi, elle est faite pour évoluer. Nous sommes dans une démocratie, faites porter votre voix, car les silences sont coupables, mais soyez vigilants sur les thèmes que vous mettez en avant pour défendre vos causes ».

En tant que président du SDIS, Clément Pernot a remercié les JA de leur action menée auprès des pompiers lors des incendies : « Sans vous, maîtriser les feux aurait été beaucoup plus difficile ». Il les a aussi questionnés sur l’indemnisation qui leur a été promise mais toujours pas versée.

Retour détaillé sur la table ronde « Enjeux et limite du pastoralisme » dans une prochaine édition.