Colza
Une situation globalement correcte

Malgré un enchaînement de circonstances climatiques plutôt défavorables à la floraison, les cultures de colza sont dans un état satisfaisant, mises à part quelques parcelles dévastées par les méligèthes.
Une situation globalement correcte

De nombreux retours et des diagnostics terrain réalisés par les équipes de Terres Inovia ont constaté des problèmes de fleurissement des colzas dans le Nord-Est de la France. Pour être précis : avortement massif des boutons floraux et présence de nombreuses coulures de fleurs avec dans les cas les plus graves l'absence totale de floraison de parcelles de colza. Les parcelles touchées n'émettaient plus de fleurs. Aucune silique ne se formait et on constatait également des avortements de boutons des hampes secondaires. Les avortements concernaient aussi bien des jeunes boutons que des boutons plus âgés. Homogènes dans certaines parcelles, ces dégâts pouvaient être ailleurs localisés par zones.
Tout aussi préoccupant, on observe que pour les parcelles en fleurs, la situation est aussi très hétérogène avec également des avortements plus ou moins massifs de boutons floraux. Au-delà de la floraison, que ce soit dans les parcelles en fleurs ou non, des difficultés de croissance des colzas sont notées, avec des biomasses aériennes et des surfaces foliaires réduites.


Aléas climatiques et sanitaires cumulés


En cause, un scénario climatique particulièrement défavorable à la culture du colza. Aux excès d'eau du début de l'hiver sont venus s'ajouter une série d'épisodes gélifs sévères fin février – début mars, qui ont défolié en partie certains colzas : de 30 à 50 %, de la biomasse en moins. Cette perte de feuilles a ainsi diminué les tissus photosynthétiques des plantes, et par conséquent limité les assimilats de carbone. Le deuxième élément aggravant est le très faible rayonnement survenu sur les régions Nord-Est. Ce déficit de rayonnement a une nouvelle fois diminué l'efficience de la photosynthèse et ainsi limité l'accumulation d'assimilats carbonés.
Le contexte sanitaire n'a pas non plus été très propice. Une partie des symptômes constatés résulte en effet de dégâts de méligèthes (pédoncules courts et/ou morsures sur le bouton). Les vols de ces insectes ont été très conséquents cette année et les colzas ont eu une croissance très faible au printemps, augmentant ainsi la durée de sensibilité de la culture à ce ravageur. Une partie de ces parcelles n'a pas été traitée, certains traitements ont été tardifs, ou une ré-infestation a été constatée. Les secteurs qui ont été fortement touchés par les larves de charançon du bourgeon terminal et de grosse altise sont aussi affectés par ces problèmes de floraison avec des parcelles très hétérogènes en stade. L'hétérogénéité s'observe également entre les parcelles, parfois côte à côte (il y a des parcelles en bon état qui en côtoient d'autres en mauvais état). On observe aussi, comme autre facteur aggravant, des dégâts de charançon de la tige (tiges creuses et déformées) dans plusieurs parcelles.


Rupture d'alimentation


Surtout, à la mi-avril, les températures très élevées ont précipité l'avancée des stades qui concorde avec une forte demande d'éléments minéraux par les plantes. La plante n'arrivant pas à fournir l'énergie suffisante (rupture d'alimentation du fait du décalage entre l'offre et la demande) pour la sortie des fleurs et la formation des siliques, cela a donné lieu à des avortements. On constate comme en 2017, des avortements physiologiques, stoppant toute floraison et nouaison. Ce phénomène physiologique est probablement causé par une combinaison de facteurs climatiques et alimentaires. Malgré des fertilisations réalisées, les plantes semblent être en défaut d'alimentation et en incapacité temporaire à fournir en éléments les organes floraux, dans une période où les besoins en éléments sont très importants pour réaliser la floraison. Toutefois la compensation du colza est possible comme cela a été constaté en 2010 et 2017.
« En Franche-Comté, la situation est globalement correcte vis à vis de ce phénomène de problèmes de fleurissement, tempère Émeric Courbet, en charge du dossier grandes cultures à la chambre d'agriculture de Haute-Saône : il semble que les parcelles les plus touchées soient celles où les méligèthes ont fait d'importants dégâts sur les boutons floraux. Dans la plupart des cas, c'est dans des parcelles limitrophes de bois que ces attaques se sont concentrées, et l'ampleur du phénomène n'a pas été correctement évaluée, d'où l'absence de traitement insecticide alors qu'il aurait été justifié. De plus, les colzas ''patinaient'' un peu à cette période, ce qui a encore augmenté leur sensibilité aux méligèthes. Pour le moment il est assez difficile de se faire une idée du potentiel de l'année du fait de l'hétérogénéité importante observée entre parcelles, parfois à proximité immédiate, mais je ne suis pas pessimiste, même si on n'atteindra probablement pas les niveaux de rendement record de l'année dernière. ».


AC, d'après les informations de Terre Inovia