La visite des essais du GVA du Val de Seille s’est déroulée le 17 juin avec une météo où il a fallu sortir les parapluies. À l’image de ce printemps…
Une trentaine de personnes se sont donné rendez-vous chez Fabien Lonjarret à Nance pour débuter la visite des essais du GVA du Val de Seille par un bilan de la campagne culturale à mi-parcours.
« En orge, l’azote a été bien valorisé grâce aux pluies après chaque apport, avec parfois des pertes par ruissellement. La semaine de froid au moment de la méiose a entraîné une infertilité et un manque de grains selon les parcelles », indique Stéphane Jouhe, conseiller agronomie à la chambre d’agriculture.
Du côté des blés, peu de grains non fécondés mais la pression maladie est importante. Le piétin échaudage se développe et la fusariose apparaît sur certains secteurs. « Point positif relevé ces 15 derniers jours : la taille de l’enveloppe est plutôt grosse… Cela laisse augurer d’un bon remplissage des sacs, si les grains ne subissent pas d’échaudage avec un coup de chaud », estime Stéphane Jouhe. La poursuite d’un temps chaud et humide pendant les 15 jours à venir peut laisser craindre des problèmes de PS et de germination…
En colza, on s’oriente vers un « beau PMG ».
La principale difficulté résidera cette année dans l’implantation des céréales à paille derrière colza, « dans des sols avec encore beaucoup de ronds humides et des ornières », constatent les agriculteurs présents.
« En maïs, nous trouvons tous les stades, de germination à 10 feuilles ! Des mouilles et même certaines parcelles n’ont pas encore pu être semées », remarque également Stéphane Jouhe.
Les semis tardifs en maïs ne protègent pas pour autant de la pyrale dont le pic de vol devrait être observé à la fin du mois.
Les participants ont posé quelques questions sur les ronds de parcelles non levés et les dérogations possibles sur les déclarations PAC, la déclaration en surface non exploitée ou en prairie temporaire pour un an, en jachère (bloquant les interventions jusqu’au 31 août !). « Pour ceux qui ont rempli leur dossier PAC avec la chambre d’agriculture, il est possible de nous contacter pour faire les modifications », indique le conseiller.
Essais sur orges : Faro et Majuscule
Les agriculteurs se sont ensuite rendus sur le terrain.
Premier arrêt sur une parcelle d’orge d’hiver appartenant à l’Earl du Vizan, avec un essai azote, régulateur et fongicide sur une variété d’orge brassicole (Faro) et une variété fourragère (Majuscule).
Concernant l’essai fongicides, les résultats des comptages ont été diffusés dans le Flash culture du 11 juin. « Sur la variété Majuscule, on observe 47 % de F1 encore vertes en témoin non traité et 0 % en Faro. » Situation différente sur F3 : le 1er traitement a permis de protéger contre les maladies.
L’essai régulateur est bien observable. La parcelle a été fertilisée à 150 N et surfertilisée sur une petite partie avec 40 unités d’azote. Majuscule est plus sensible à la verse en partie non régulée. L’an dernier, la différence n’était pas visible. « De manière générale, si la dose d’azote est bien maîtrisée pas de soucis. Mais la présence de fertilisants organiques peut rendre difficile la régulation de l’azote. »
Bineuse et herse étrille
Après un bref arrêt sur une parcelle de tournesol, le groupe s’est rendu sous le hangar de l’EARL Chalumeau et Cie à Villevieux, où Damien Bagnard a donné un retour d’expérience sur la conversion en agriculture biologique de son exploitation en TCS et présenté divers matériels de désherbage mécanique.
« Nous avons passé 50 ha en bio, sur les 150 ha de l’exploitation. L’idée est d’essayer de diminuer l’IFT sur toute la surface », explique l’agriculteur dont plusieurs parcelles sont en zone de captage, avec un périmètre élargi qui concerne une grande partie de l’exploitation. À deux exploitations, ils ont acheté deux herses étrilles et une bineuse au sein d’une ETA qui regroupe tous leurs matériels, dont une autre bineuse frontale 6 rangs et une houe rotative.
Le matériel de désherbage mécanique est adapté à la largeur du semoir (9 mètres).
La herse étrille est privilégiée sur les parcelles avec beaucoup d’ambroisies.
L’agriculteur prévoit également de biner tous les tournesols et les sojas conventionnels, pour un coût estimé de 30 euros/ha. « Il nous faudra 3 ou 4 ans pour mesurer ce qui est possible ou pas, si c’est équivalent en efficacité, tout en se laissant la possibilité d’un rattrapage avec un traitement si besoin. Aujourd’hui, je préfère faire de la bineuse la journée que du pulvé la nuit » , commente Damien Bagnard. Mais l’agriculteur ajoute : « Sans l’aide à la reconversion bio, on mangerait de l’argent ! ».
Cette journée fut aussi l’occasion de remercier et de dire au revoir à Agata Dimur, animatrice du GVA et chargée de mission agro-environnement à la chambre d’agriculture. La jeune femme souhaite être en prise directe avec le métier, « travailler dans les fermes, peut-être au service de remplacement ».
Avant le traditionnel barbecue, qui s’est tenu dans le bâtiment de l’EARL Jeandot à Ruffey, le GVA du Val de Seille a demandé à Patrick Chopard, conseiller agronome à la chambre d’agriculture du Jura de donner sa vision de l’évolution de l’agriculture et du métier de conseiller.
Sébastien Picaud, ancien président du GVA du Val de Seille a travaillé de longues années avec Patrick. Il se souvient. « Pour faire des rimes comme toi, je dirai : ‘Du semis à début maturité, la pluie n’a pas cessé’. Ce que je retiens de ces années : les RHS, les bulletins au printemps avec les reliquats, le BSV plein de poésie, les plans de fumure… J’appréciais les réunions techniques à Champdivers… »
Il reste encore quelques mois à Patrick pour faire profiter les agriculteurs de ses précieux conseils et de son œil aguerri…
IR