Energie
Vers des élevages à énergie positive

En combinant réductions des consommations d'électricité et de carburant, récupération de chaleur et production d'énergie, les fermes d'élevage peuvent augmenter leur autonomie énergétique, ce qui va aussi dans le sens d'une meilleure maîtrise des coûts de production.
Vers des élevages à énergie positive

Dans un contexte de raréfaction des ressources énergétiques et de maîtrise des coûts de production, la gestion de l'énergie apparaît essentielle en exploitation d'élevage. Jean-Yves Blanchin, du service environnement – bâtiments de l'Institut de l'élevage, donnait justement une conférence intitulée « une ferme à énergie positive, est-ce possible pour mon exploitation », dans le cadre du sommet de l'élevage. « Une ferme à énergie positive est une ferme qui produit plus d'énergie qu'elle n'en consomme », a-t-il exposé en préambule, avant d'enchaîner sur les trois axes qui permettent d'améliorer l'autonomie énergétique d'une exploitation.


Réduire, récupérer, produire


Des solutions existent : les techniques qui entraînent des réductions de consommations d'électricité et de fioul peuvent être combinées à celles qui permettent de récupérer de la chaleur ou de produire de l'énergie renouvelable. Certaines centrées sur le bâtiment (solaire thermique ou photovoltaïque...) participent d'ores et déjà à construire des bâtiments basse consommation voire à énergie positive. D'autres techniques mises en place à l'échelle de l'exploitation (optimisation de l'alimentation et de la fertilisation, unité de méthanisation, valorisation de la biomasse...) permettent aux éleveurs de participer au concept de ferme à énergie positive. « Sans changer de système de production, les leviers pour réduire la consommation d'énergie et tendre vers une ferme à énergie positive, sont le plus souvent les mêmes que ceux contribuant à la maîtrise des coûts de production. Créer une ferme d'élevage à énergie positive améliore la situation environnementale de l'exploitation, tout en préservant les résultats économiques et la capacité ''nourricière'' de l'exploitation. Un pari gagnant sur tous les plans ! »
La première étape consiste donc à réduire les consommations d'énergie. « Ce potentiel d'économie est évalué à 20-25 % de l'énergie totale consommée par l'exploitation. Cela passe principalement par les postes d'alimentation du troupeau, de fertilisation, de carburant, mais aussi la stabulation, le bloc traite...
Seconde étape vers l'autonomie, récupérer l'énergie, notamment sous sa forme ''chaleur''. « Le potentiel de récupération est assez faible : de 1 à 1,5 % de l'énergie totale consommée. Pour les élevages laitiers, au niveau de la stabulation on peut récupérer des calories au niveau de la toiture, du bâtiment, sous l'aire paillée ou via un puits climatique. Le bloc traite est aussi une source potentielle, par exemple en installant un récupérateur de chaleur sur tank à lait. »
Troisième et ultime étape de la démarche, devenir producteur d'énergie renouvelable. « Le potentiel de production d'énergie représente de 20 à 150 % de l'énergie totale consommée. Parmi les principales possibilités à l'échelle de la ferme d'élevage on peut lister les plaquettes de bois déchiqueté, le chauffe-eau solaire thermique, la centrale photovoltaïque, l'unité de biogaz-méthanisation, le petit éolien, ou encore la microcentrale hydroélectrique. Bien entendu différentes combinaisons de ces techniques sont envisageables


Combiner les techniques


Avant de choisir les techniques qui permettent d'économiser, de récupérer ou de produire de l'énergie, il est important de faire un diagnostic des besoins en énergie et du potentiel de production en lien avec les besoins de consommations d'énergie. « Les facteurs de complexité technique, de coût d'investissement et de disponibilité des ressources (soleil, biomasse, vent...) orientent la décision sur les moyens de production d'énergie à privilégier. »
Pour la majorité des techniques de production d'énergie, l'investissement financier est important. Pour concevoir une ferme à énergie positive, la combinaison de plusieurs techniques est souvent nécessaire. Le choix de produire du biogaz (investissement lourd) et du bois énergie (investissement plus léger en utilisant du matériel souvent présent sur l'exploitation) semble une solution bien adaptée aux exploitations d'élevage car les ressources (déjections animales et bois) sont disponibles sur l'exploitation. Par ailleurs, ces équipements de production d'énergie demandent un pilotage de l'installation et un temps de maintenance indispensable (observation, vérification, entretien) adapté à chaque technique. Cet investissement temps est à évaluer au cas par cas.
La combinaison des trois étapes «Réduire», «Récupérer» et «Produire» permet de couvrir une grande partie des consommations d'énergie d'une exploitation d'élevage, voire d'atteindre son autonomie «virtuelle» (on vend de l'énergie et on en rachète d'autre), ou encore une réelle autonomie dans le cas d'autoconsommation de l'énergie produite. Cette autonomie passe à la fois par l'optimisation des différentes techniques mises en place au niveau de la ferme d'élevage. Dans tous les cas, la priorité doit être l'efficacité énergétique avant d'envisager la production d'énergies renouvelables.


AC