FEDERATION DES CHASSEURS DU JURA
Les chasseurs jurassiens ont soif de reconnaissance

La fédération départementale des chasseurs du Jura a fait part à l'ensemble des élus et des auditeurs présents lors de son assemblée générale de son souhait d'être enfin reconnue, au plan régional et national, comme un acteur primordial et incontournable de la sauvegarde de la biodiversité.
Les chasseurs jurassiens ont soif de reconnaissance

C'est à la suite d'une série de débats parlementaires houleux concernant le projet de loi sur la biodiversité votée le 26 mars et dans un contexte de renouveau électoral que s'est ouverte l'assemblée générale de la fédération départementale des chasseurs du Jura. Bien qu'une impression de soulagement général semblait suggérer que le pire avait été évité concernant la loi biodiversité, le président Christian Lagalice insiste sur le fait que de nouvelles attaques toujours plus fondamentalistes sur l'idée même de la chasse imposent une vigilance de tous les instants. Pour contrer ces attaques, la fédération des chasseurs se donne comme objectif premier la reconnaissance de ses compétences en matière de gestion environnementale.

 

Une légitimité mise à mal


L'impression qui régnait sur l'assemblée était que localement, l'ensemble des parlementaires, forts de leur conviction ou de leur expérience personnelle, considèrent la fédération de chasse du Jura comme la première association environnementaliste du département, de grande compétence et de précieux conseil, ainsi que le rôle de générateur de cohésion sociale en milieu rural. Ceci étant, cette reconnaissance locale, fruit d'un travail permanent, est loin de faire écho à l'échelle nationale. Un couperet parisien est toujours en passe de s'abattre sur le cou des chasseurs. En effet, il semble que soit remis en cause dans nos hautes institutions urbaines les fondements et la légitimité de la chasse tandis qu'elle s'enracine toujours plus fortement en milieu rural et que tous les partenaires du Jura s'entendent pour affirmer que les chasseurs sont devenus des acteurs incontournables de la sauvegarde de la biodiversité.
Toutes les attentions étaient portées sur la discussion sur la loi biodiversité dont de nombreux amendements étaient exclusivement destinés à nuire à la chasse. Plusieurs articles anti-chasse ont été votés et c'est pourquoi le président de la fédération s'est personnellement adressé aux parlementaires présents dans la salle afin de s'assurer de leur soutien au niveau national. «Il faut répondre concrètement aux arguments de ceux qui souhaitent par exemple interdire la chasse le dimanche. Et cette réponse concrète, c'est l'état de la chasse dans le Jura et les résultats des actions menées qui n'argumenteront le mieux.»

 

Et pourtant !


Malgré toutes ces attaques les représentants de la fédération ont rappelé à l'auditoire, ce qui fait leur force : une parfaite connaissance du territoire et une chasse dans le Jura qui se porte bien.
C'est encore 7600 chasseurs qui ont validé leur permis cette année et 143 candidats ont été reçus en 2014 contre 104 en 2006. Plus de 8000 grands animaux ont pu être prélevés sur le territoire grâce au travail de gestion de la faune sauvage de la fédération qui constitue son «cœur de métier».
«C'est un maillage extraordinaire du territoire qui est fait par le monde de la chasse qui constitue une base de données gigantesque sur la faune sauvage, que nous sommes les seuls à pouvoir réunir. Grâce à ces informations, nous pouvons mettre en œuvre les plans de chasse», déclare Michel Liegeon, vice-président de la fédération. Et le travail ne concerne pas seulement les espèces chassables, de nombreuses études ont permis d'avancer dans la connaissance de deux grands prédateurs, le loup et le lynx et un projet mené en partenariat avec la chambre d'agriculture a fait intervenir la fédération dans la lutte raisonnée contre le campagnol terrestre, proie naturel du goupil. Le président Lagalice a rappelé aux chasseurs la nécessité de faire parvenir aux locaux de la fédération le maximum de preuves de dégâts causés par les espèces nuisibles afin d'en maintenir une liste incontestable auprès du ministère. «La justification sur ce sujet est de plus en plus exigeante.»
Convaincus qu'il ne peut y avoir de faune sauvage sans espace favorable, les membres de la fédération ont poursuivi leur travail de gestion des espaces, en signant le contrat «zones humides» qui permet l'achat de 100 ha de zones humides afin de les préserver ; en s'engageant dans le projet «schéma de gestion des murgers et des haies sur le premier plateau» ou encore en validant un dossier concernant des retards de fauche dans les prairies de l'Orain. «Offrir couvert et nourriture à la faune sauvage est l'objectif prioritaire de cette gestion des espaces et c'est à travers un partenariat constant avec les propriétaires et les exploitants que la fédération y parviendra».
Enfin les gros efforts fournis concernant la sécurité ont permis de ne déplorer qu'un accident sans gravité cette année, cette réussite contribue encore à renforcer l'image de la chasse et dément l'argument sécuritaire de ses détracteurs.

 

 

Le chasseur communicant


Tous ces efforts et ces résultats ne seraient rien s'ils demeuraient la propriété des chasseurs qui doivent faire savoir à l'ensemble de la population quels impacts concrets peuvent avoir leurs différents engagements dans l'environnement de tous.
Le maintien et le développement du site internet de la fédération a bien sur été mis en avant, tout comme l'accueil de différents médias télévisés sur le sol jurassien en 2014. Les nombreuses sorties nature dont les soirées autour du brame du cerf remportent toujours un grand succès. L'exposition animalière des frères Duraffourg à Arlay ou l'impression des plaquettes Stop aux idées reçues, ont contribué avec l'opération «Un dimanche à la chasse» à corriger l'image qu'avaient nos concitoyens du chasseur. Enfin c'est encore un pas en avant qui est fait pour la promotion de la chasse auprès de nos enfants puisque la fédération des chasseurs du Jura a proposé un programme pour réaliser les activités périscolaires dans les communes. Plusieurs communes se sont déjà engagées.

 

Une proximité remise en question


Autre sujet d'actualité : la réforme territoriale qui doit être mise en place pour 2016 et qui par ses implications aura une incidence directe sur la gestion de la chasse. La perspective d'une fusion entre deux fédérations régionales de chasse, celle de Bourgogne et celle de Franche-Comté, pose de nombreuses questions. Au-delà des divergences culturelles et pointilleuses, comme par exemple les dates d'ouverture et de fermeture générale qui diffèrent entre ces deux régions, c'est bien d'abord le fait que la Franche-Comté soit composée de 4 départements à ACCA obligatoires qui fut mis en avant. «Ce n'est pas le cas de nos voisins et futurs partenaires», souligne Christian Lagalice. Tout l'enjeu de cette réforme sera de parvenir à organiser et gérer la chasse à la fois d'un œil hyperrégionaliste et à la fois d'un œil communal.
Bon nombre d'intervenants ont rappelé l'importance de cet échelon de grande précision et de proximité que représentent les ACCA pour la cohésion sociale de nos espaces ruraux. La connaissance pointue du territoire que possèdent les présidents d'ACCA est parfois utilisée par les forces de l'ordre lors de leurs investigations. L'étude des populations animales, les comptages ou les analyses des carcasses qui sont faites pour prévenir les risques d'épidémie sont autant de sujets qui nécessitent une présence constante de proximité sur le territoire, afin de réagir au plus près des événements et au plus vite. C'est la raison pour laquelle le président Lagalice a insisté sur l'importance d'une étroite collaboration entre les Maires de nos communes et les présidents d'ACCA. Ce débat alimente encore l'inquiétude générale qui habite tous les acteurs ruraux quant à leur représentation dans les instances politiques nouvelles qui tendent à s'élargir de plus en plus alors que les nécessités de la gestion environnementale paraissent elles plus ponctuelles d'années en années.