ENTREPRISES DE PROXIMITE
2/20 à Macron

Réunies sous la bannière de l'U2P, les entreprises de proximité du Jura ont dressé un bilan de la première année de mandat d'Emmanuel Macron. Des critiques qui expriment leur déceptions mais aussi leurs craintes...
2/20 à Macron

« Une analyse objective et pas politique » : c'est en substance le préambule d'Yves Brelot, le président du syndicat des bouchers du Jura et également président de l'U2P, cette union des entreprises de proximité qui, dans ses rangs, réunit quelque 900 artisans, commerçants et autres professions libérales du Jura.

Cette analyse, c'est celle que les représentants des cinq grandes familles de l'U2P ont tenu à présenter au terme de la première année de mandat d'Emmanuel Macron, à la présidence de la République. Un inventaire « à la Prévert » des principaux dossiers et projets qui touchent ou toucheront directement le monde des indépendants.
Premier exemple, le prélèvement à la source que tous considèrent comme « une nouvelle charge pour les entreprises, même si elle est automatisée... ». Puisqu'ils devront gérer l'impôt à la place de l'Etat, les indépendants demandent une « commission » de 5%. Le diable se cache souvent dans les détails !
La réforme de l'indemnisation des chômeurs et l'indemnisation des démissionnaires sont, selon eux, « un retour au 19ème siècle, un encouragement au tâcheronnage, au statut des auto-entrepreneurs sous-traitants qui travaillent à la tâche... Une réforme au bénéfice de ceux qui vont jouer avec le système. »
Les accords sur la loi Travail sont en cours (annualisation du tremps de travail, temps de déplacement entre atelier et chantier...). Tout n'est pas calé, mais là on avance.
La baisse des cotisations et la hausse de la CSG est plutôt une bonne mesure pour les entreprises et les salariés. Mais elle fait grincer les dents des retraités...
La protection des données personnelles impactera toutes les entrerpsies alors que la mesure ne visait que les plus grosses. Il faudra faire appel à des cabinets qui factureront : 4% du chiffre d'affaires environ.
Les indépendants pratiquant la vente directe devront s'équiper d'un logiciel anti fraude... avec contrat de maintenance obligatoire. Cette loi ne concerne pas les producteurs faisant de la vente directe. Mais elle impactera directement les artisans faisant des tournées et qui seront contraints de changer leur caisses enregistreuses...
La réforme du RSI est considérée comme une « non réforme » qui ne fera qu'apesantir le système. Les indépendants de s'inquiéter de l'extension du rôle de l'URSSAF qui est en train de devenir « un monstre ».

 

Professions de santé, transports...

 

Pour les professionnels de santé, le nouveau PRS est un texte « très hospitalo-centré » mettant en avant des mesures d'économie, une meilleure sécurité « fallacieuse pour les patients ». Par contre, rien pour la médecine de ville, l'accent étant mis sur les MSP et la télé-médecine « qui ne peut pas être la solution à la désertification des territoires... »
En matière de transports de malades, le système d'appels d'offrres des hôpitaux va profiter aux gros groupes qui veulent investir ce marché. Ce sera la disparition des petites entreprises de taxi, surtout dans les zones rurales. Et comme, « on ne se préoccupera plus du tout des malades, c'est le rôle de lien social du taxi qui sera perdu... »
Nouvelle pénalisation des zones rurales avec l'application de la limitation de la vitesse à 80 km/h : « Là encore on s'attaque à ceux qui travaillent ! »

 

Les conséquences de la loi Pacte


Parmi les textes en préparation, les indépendants parlent de la loi Pacte « qui va pousser chacun à se mettre à son compte », qui va « supprimer le stage préparatoire, le répertoire des métiers et, à terme, les chambres consulaires... , l'objectif étant que n'importe qui puisse s'inscrire gratuitement, en 30 minutes, sur internet... ».
Les commissaires aux comptes vont devoir s'aligner sur les seuils européens : 8 millions de chiffre d'affaires au lieu de 3 actuellement. Ce qui, selon eux, signifiera la disparition de 2 000 mandats, des reconversions vers les tâches purement comptables, la perte du rôle d'alerte en cas de défaillance des entreprises, la concentration des mandats vers les grands cabinets, dans les grandes villes... Une concentration de l'économie vers les métropoles qui, pour la Région, équivaudra à la suppression de 80 ETP...
La réforme de la formation professionnelle inquiète quant au finacement du centre de formation des apprentis du Jura. Sur quelles bases sera le coût au contrat, en sachant que ce coût au contrat sera défavorable aux petits établissements ? La norme sera des CFA de 1 200 apprentis. A Gevingey 700 apprentis sont formés en moyenne chaque année. Un coup dur pour l'apprentissage au coeur même de la formation dans 70% des entreprises artisanales du Jura.
Pour les délais de paiement, notament ceux des collectivités publiques, « rien n'est fait et rien ne s'arrange. C'est toute l'économie qui est fragilisée ! »...
Pour chaque sujet écvoqué, les repésentants des entreprises de proximité ont attribué une note – sur 20 – à Emmanuel Macron. Et le crédit qui avait été initialement accordé au Président de la république, s'est étiolé au fil des questions et des notes attribuiées. Tout celà pour arriver à une note finale de 2 sur 20.
Une note qui exprime les inquitéudes et les craintes qu'Yves Brelot a rappelé au moment de conclure : « Les indépendants sont souvent les grands oubliés... Les territoires ruraux et les entreprises de proximité intéressent très peu le Gouvernement »...


Michel Ravet