Les conditions de semis des prochaines cultures d’hiver seront compliquées, car les sols sont trempés, tassés et lessivés par la dernière campagne. L’éventail des solutions est large, du décompactage aux façons superficielles en passant par les labours… le point de départ reste de vérifier l’état structural, à l’aide d’un profil ou d’un test bêche.
Les tassements résultent cette année d’une combinaison défavorable de pluies intenses et de passages d’engins agricoles. « Les conditions de semis de colzas seront compliquées car les sols sont trempés, tassés, lessivés. », analyse Emeric Courbet, spécialiste des grandes cultures à la Chambre d’agriculture de Haute-Saône.
Un fonctionnement du sol pénalisé
Superficielles ou plus profondes, les compactions réduisent l’aération du sol et sa capacité à infiltrer l’eau. Ces altérations pénalisent globalement le fonctionnement du sol. Le système racinaire devient inefficace à cause d’une moindre exploitation du sol, à la fois en volume et en profondeur. D’autres facteurs biologiques, tels que la faune lombricienne, peuvent être perturbés, voire bloqués dans leur activité, avec une réduction des effectifs. Or, les galeries de vers de terre notamment sont importantes pour le cheminement des racines dans les horizons profonds, sources d’alimentation hydrique entre autres.
« Il faudra être particulièrement vigilant à ne pas travailler les sols non ressuyés ! », prévient le technicien, qui préconise avant tout travail du sol un test bêche pour vérifier l’état structurel du sol et si le ressuyage est suffisant. Sans perdre de vue cette exigence, il faudra tenter de préparer le plus tôt possible les parcelles, afin de faire lever un maximum de graines de céréales et quelques adventices qui seront détruites chimiquement au moment du semis. « Plus la levée du colza sera précoce, plus le colza sera robuste pour faire face aux arrivées de grosses altises à partir du 15/09. Le colza doit avois quatre feuilles au 15/09. », rappelle Emeric Courbet.
Travail superficiel pour corriger les tassements de surface
La régénération naturelle des horizons tassés, qu’ils soient superficiels ou profonds, est lente. Elle nécessite au moins six mois dans les meilleurs cas. Un tassement situé en profondeur ne peut être remédié par les opérations culturales habituelles.
Les tassements sur l’horizon 0-10 cm peuvent être corrigés rapidement avec un travail superficiel du sol. Vers 15-20 cm, il faudra se tourner vers un labour, un décompactage ou un pseudo-labour pour restructurer ces horizons-là.
Le décompactage doit rester une opération ponctuelle. Sa nécessité est à confirmer par une observation du sol via un profil cultural ou le « test bêche » ou le « mini-profil 3D ». Ce diagnostic déterminera la profondeur de l’intervention. Le sol devra impérativement être dans un état friable au moment de l’opération, sur toute l’épaisseur à travailler, pour que le travail puisse être efficace et sans risque.
Le décompactage, à titre exceptionnel
L’extrémité des dents de l’outil devra se situer, en moyenne, 10 cm sous la zone à décompacter. Une attention particulière sera à apporter aux réglages afin de limiter le bouleversement de surface, sous peine de remettre en cause l’utilité de cette opération. Il faut préférer par exemple des outils de type « dents Michel, Agrisem, Durou ou encore Actisol » qui fissurent le sol en limitant le risque de bouleversement des différents horizons.
Dans la mesure du possible, il est recommandé d’implanter un couvert végétal afin de favoriser une colonisation racinaire de la fissuration obtenue et de maintenir la structure nouvellement créée, en évitant une reprise en masse hivernale.
En revanche, pour des tassements entre 30-50 cm, il n’y a pas de moyens d’intervenir mécaniquement. Il faut alors compter uniquement sur l’activité biologique du sol ; cette régénération naturelle demande alors plusieurs années avant un retour à l’état initial. Certaines cultures peuvent aussi recréer de la porosité avec leurs racines, à condition que la plante soit là pendant suffisamment longtemps, c’est-à-dire au moins un an. En semis direct, dans une situation favorable, il a fallu deux ans de présence de couverts végétaux pour retrouver une porosité équivalente au système labouré.
AC, d’après Arvalis-Institut du végétal