3 questions à François Lavrut
Une médaille pour tous les agriculteurs

François Lavrut, président de la chambre d’Agriculture du Jura, a reçu ce vendredi la médaille de la sécurité intérieure. Une médaille qu’il dédie à tous les agriculteurs ayant pris part à la lutte contre les feux de forêt 2022. Il a aussi pu s’entretenir quelques minutes avec le président de la République.

Une médaille pour tous les agriculteurs
François Lavrut a eu l’occasion de s’entretenir quelques instants avec le président de la République

Jura Agricole et rural : qu’avez-vous ressenti lorsqu’on vous a remis cette médaille ?

François Lavrut : Le choix du ministère de l'Intérieur était de remettre ces médailles aux gens qui avaient été méritants sur cette action : les pompiers, les gendarmes, les maires des communes concernées et les agriculteurs. Elle m’a été remise en tant que président de la Chambre, représentant toute la profession. Je la dédie naturellement à l'ensemble des agriculteurs qui, spontanément et bénévolement, se sont rendus sur les incendies et se sont mis à disposition du Sdis et de la préfecture. Cette médaille est un remerciement de la Nation pour l'action de tous les agriculteurs ayant lutté contre les flammes.  Elle aurait très bien pu être remise à n'importe lequel d’entre eux.

On peut souligner aujourd'hui qu’aucune habitation et aucune ferme n’ont brulé et qu’il n’y a pas eu de décès non plus. On aurait pu avoir une catastrophe. D’ailleurs le président de la République a rappelé que, ce même été dans d’autres départements, deux pompiers étaient malheureusement décédés sur des incendies.

JAR :  Si éventuellement le Jura était à nouveau touché par des feux de forêt, comment s’organisera le travail entre agriculteurs et pompiers ?

F.L. : Si des incendies survenaient à nouveau dans le Jura, nous devons être mieux organisés. Nous nous sommes réunis avec les pompiers à Arinthod cet été, pour présenter aux agriculteurs le nouveau dispositif voulu par le préfet. Coté agriculteurs, nous avons recensé des référents par zone à risque. Plutôt que faire un appel à la mobilisation générale et ne pas maîtriser le flux de tracteurs qui arrivent, ces référents appelleront le nombre d’agriculteurs nécessaires. Les pompiers ont insisté sur le rôle des agriculteurs. Ce n’est pas à nous d’éteindre les incendies, mais à eux. Grâce aux tracteurs, nous pouvons leur apporter de l’eau, protéger des maisons en inondant des terrains mais en aucun cas nous attaquer au feu, cela reste le travail des pompiers.

Les services de l’Etat, pompiers, gendarmes et sécurité civile ont déjà fait des manœuvres mais l’idée du préfet serait d’en refaire une prochainement avec des agriculteurs référents pour voir comment s’organise le renfort.

JAR : Vous avez pu vous entretenir quelques minutes avec le président de la République. Quels sont les sujets que vous avez évoqués ?

F.L. : Nous avons d’abord parlé de souveraineté alimentaire. Je lui ai dit qu’il ne fallait pas qu’elle reste dans les mots et les discours mais qu'elle soit traduite en actes car l’agriculture joue un rôle essentiel dans la production de notre alimentation.

Le second point concernait le sort des chambres d’Agriculture par rapport à l'augmentation de la taxe additionnelle sur le foncier non-Bati (TA-TFNB). Depuis 12 ans, l’impôt foncier qui revient aux chambres est bloqué. Or, les bases pour les propriétaires ont augmenté de 7,1 % cette année et vont très certainement augmenter de plus de 3% en 2024. Ces augmentations indexées sur l’inflation ne bénéficient pas aux chambres d’Agriculture via la TA-TFNB. En parallèle, nous avons de nouvelles missions à remplir, comme la planification écologique à partir de 2024. Sans moyen, c’est compliqué de mettre en œuvre les nouvelles politiques publiques que l’Etat nous demande.

Propos recueillis par S.C.