Assises de l’eau
L’avenir de la ressource en eau, un enjeu prioritaire
Lundi 15 mai, la préfecture du Jura lançait les Assises départementales de l’eau, réunissant les collectivités territoriales, les acteurs socio-économiques et, plus largement, l’ensemble des partenaires compétents dans le domaine de l’eau. Cette première réunion a permis de partager les diagnostics sur l’état actuel de la ressource, tant quantitatif que qualitatif, et sur les différents usages. Au sortir de cette rencontre, quatre groupes de travail ont été créés dans le but de définir des orientations pragmatiques pour assurer l’avenir de la ressource, pour les besoins de la population mais aussi des professionnels, au premier rang desquels les agriculteurs.
« Cette réunion est la première d’une série, » a annoncé Serge Castel, préfet du Jura. « En 2022, le département a plutôt bien géré la sécheresse historique. Aujourd’hui, après un mois de pluie, le niveau des nappes est le même que l’an passé. La prise de conscience et les actions doivent être immédiates, tout le monde doit travailler ensemble pour gérer les urgences mais aussi trouver des solutions à moyen et long termes ».
Premier usage de l’eau : l’eau potable. 94 % de la population du département est alimenté par une eau de bonne qualité. « Avec plus de 2000 analyses par an et 500 molécules recherchées, l’eau est l’aliment le plus contrôlé de France », explique Linda Nourry de l’ARS. Le nombre de communes en assainissement non-collectif ne cesse de diminuer.
Lors de la sécheresse de 2018, 11 communes ont dû être alimentées par camion-citerne et quatre collectivités ont mis en œuvre des ressources exceptionnelles. Grâce à de nouveaux forages et des interconnexions, l’été 2022 a été moins tendu : seul quatre communes ont dû se faire livrer de l’eau par camion, principalement sur les hauteurs.
Eau potable, industrie, agriculture, sport
Les autres consommateurs d’eau sont l’industrie, avec 1400 sites soumis à déclaration, l’agriculture avec l’abreuvement des troupeaux et l’irrigation, la production d’énergie (l’hydroélectricité est la première source d’énergie renouvelable dans le Jura) mais aussi le sport : remplissage des piscines, fabrication de neige artificielle, arrosage des golfs, des terrains de foot (80) et de rugby (5), des pistes de motocross les jours de compétition. L’eau, en milieu naturel, est nécessaire au tourisme et à la pratique de certains sports : pêche, canyonisme, sport de pagaies, navigation, etc.
Il est difficile d’établir un classement des plus gros consommateurs d’eau dans le département. Denis Chaize, directeur du syndicat mixte Doubs Loue, s’est prêté à l’exercice sur la plaine : l’usine Solvay de Tavaux est sans conteste en tête avec 20 millions de m3 quand le reste de l’industrie n’en prélève que 0,2 million. L’eau potable représente 8 millions et l’irrigation presque 2. L’abreuvement des animaux n’est pas non plus négligeable. Des chiffres à relativiser car il faut faire le distinguo entre prélèvement et consommation : Solvay et d’autres industries rejettent une partie de l’eau prélevée après l’avoir utilisé pour refroidir des installations.
« L’eau a un coût »
Ces Assises constituent le départ d’un travail collectif, puisque les participants seront associés à l’établissement d’un plan d’action départemental au travers de quatre groupes de travail dédiés aux thèmes suivants : la préservation de la ressource et des milieux naturels, l’alimentation en eau potable, les différents usages et l’organisation et l’accompagnement des collectivités. Elles doivent permettre d’inscrire le département dans le « plan eau » national présenté par le président de la République. Le but est de diminuer les prélèvements de 10 % d’ici 2030.
Plusieurs pistes de travail ont été évoquées : la sensibilisation du public et des acteurs économiques, l’utilisation d’eau non-conventionnelle et réutilisation des eaux usées traitées, l’amélioration des stockages, interconnexion des réseaux, utilisation de nouvelles ressources, prévention de la pollution, etc. La rénovation des réseaux est aussi primordiale. « Certains perdent jusqu’à 70% de l’eau potable qui y transite, » précise le préfet. « L’Etat devra aider les petites communes à résorber ces fuites. Cela aura un coût : comme avec l’énergie, il va falloir être économe ». La restitution des travaux des quatre groupes devrait avoir lieu dès cet automne
S.C.