Région Bourgogne Franche-Comté
Le mea culpa agricole

La profession agricole a rencontré Marie-Guite Dufay, présidente de la Région Bourgogne Franche-Comté. L'occasion de faire le point sur les sujets en cours et l'occasion, pour la Région, de faire un mea culpa agricole au sujet du Feader...
 Le mea culpa agricole

Les représentants du Conseil de l'agriculture de Bourgogne Franche-Comté avaient souhaité rencontrer la présidente de Région, Marie-Guite Dufay, pour faire le point sur les principaux dossiers agricoles. Ce fut le cas le 23 mai. Préoccupée par les transports ferroviaires régionaux, la présidente a rappelé que la Région consacrait plus de 475 millions d'€ à ce dossier, lequel représente 30 % du budget total du Conseil régional, à relativiser avec les 15 millions d'€ consacrés au secteur agricole...
Avec les représentants de la profession*, Marie-Guite Dufay a souhaité passer en revue les dossiers qui avancent. « Pour les points positifs, il y a les audits d'exploitation. Plus de 390 audits ont ainsi été réalisés sur l'ensemble de la Région », mettait en exergue Frédéric Perrot, président de la FRSEA BFC. Et les audits concernent tous les départements et toutes les filières. « Ils sont l'occasion pour mettre en évidence les nombreux leviers à actionner pour améliorer les résultats des exploitations agricoles. Il faudra prévoir la suite avec un dispositif d'accompagnement des projets et assurer ainsi la pérennité des exploitations auditées », poursuivait-il. Une proposition que validait tout aussitôt Marie-Guite Dufay.


Des dossiers qui avancent


Autre sujet qui se précise, les contrats de filières. A ce sujet, Frédéric Perrot souhaitait savoir à quelle date se finaliseraient les contrats annoncés par la Région. Pour Sophie Fonquernie, vice-présidente déléguée à l'agriculture, « il faut distinguer les actions qui seront votées au fil de l'eau en commission permanente de mai à septembre pour un montant de plus de 2 millions d'€ en 2018, des contrats de filières qui seront votés à l'automne pour une durée de trois ans ».
Les audits de filière (viande bovine, lait conventionnel, grandes cultures, production porcine) - réalisés par la profession - devraient se traduire dès 2018 par des plans d'actions concrets.
Au-delà de ces enjeux, la présidente précisait ses ambitions en matière d'alimentation de proximité. Pour elle, « la Région a été volontariste sur la question des circuits de proximité et la restauration hors domicile. L'engagement d'ici la fin du mandat est d'avoir au moins 50 % d'alimentation locale et 20 % d'alimentation bio dans les cantines des lycées ». Une "task force" a été mise en place par la collectivité régionale pour concrétiser cet engagement. Jean-Pierre Fleury déplorait, à ce sujet, des « ambitions opérationnelles vraiment trop modestes », « puisqu'il n'est envisagé de mobiliser qu'une quinzaine de lycées sur les cent-trente que compte la Bourgogne Franche-Comté, soit à peine 10 % des établissements. A ce rythme, il sera difficile d'atteindre les 50 % ! ». Une réaction qui conduisait Marie-Guite Dufay à reconnaître que c'est là un problème réel, elle qui soulignait « prendre acte de ses observations pour le régler ».


Désaccord sur le Feader...


S'il y a des dossiers qui trouvent consensus, la gestion du Feader (Fonds Europe agricole pour le développement rural) pose, lui, davantage de difficultés. De fait, la première inquiétude concerne le financement de l'ICHN, avec un manque de 40 millions d'€ pour la Région... Et c'est là l'estimation la plus basse pour la fin de programmation 2018-2020 ! Reste que ce dossier n'est pas géré par la Région mais bien par le ministère de l'Agriculture... A ce sujet, la profession attend des réponses précises pour trouver une solution satisfaisante auprès des nombreux agriculteurs concernés par cette mesure.
Quant aux mesures gérées à la région, le conseil régional a principalement donné la priorité à l'agriculture biologique avec une enveloppe supplémentaire de 35 millions d'€. Et dans ce domaine, les besoins ont été surestimés, car les prévisions financières ne tiennent pas compte du règlement de transition qui permet de lisser les contrats sur la programmation suivante pour les années correspondantes.
Cette approche a été réalisée au détriment de certaines mesures vitales qui n'ont pas, elles, bénéficié de crédits supplémentaires suffisants avec une enveloppe de six millions d'€ seulement, un montant « dérisoire au regard des besoins sur les investissements productifs des exploitations ». Une enveloppe d'un million d'€, également insignifiante, a été allouée au soutien aux entreprises agroalimentaires, pourtant indispensables et structurantes pour valoriser les productions bio et conventionnelles.
« Quelque chose ne s'est pas bien fait à propos de la gestion du Feader », reconnaissait la présidente de la Région, laquelle prenait « un engagement à travailler en concertation avec la profession à l'avenir sur ce sujet ». Le message n'est pas tombé dans l'oreille d'un sourd. Ces points devront de fait être résolus lors du prochain "remaquettage de fin de programmation". Et la profession entend bien s'organiser en amont sur les deux programmes Bourgogne et Franche-Comté, pour optimiser au mieux les moyens disponibles en fonction des besoins réels du terrain.
Enfin, la profession entend se mobiliser pour anticiper la nouvelle Pac post 2020 et préparer l'avenir. Une démarche est engagée en ce sens en concertation avec l'ensemble des organisations agricoles.


Alex Sontag