Bâtiments d’élevage, c’est l’heure du grand nettoyage !
Après trois années d’impasse et un hiver à soigner les diarrhées des veaux, le Gaec de Larozière n’a pas hésité à renouer avec le combo curage-nettoyage-désinfection de ses bâtiments d’élevage. Témoignage.

« Les cryptosporidies, il suffit d’une dizaine d’œufs de ce parasite ingérés par un petit veau pour que ce dernier s’infecte, et un veau infecté, ce sont des millions de parasites excrétés, d’où l’intérêt de procéder au nettoyage et à la désinfection du bâtiment », prévient Justine Gaudré, vétérinaire conseil au groupement de défense sanitaire (GDS) du Cantal. Surtout que ce parasite est l’un des plus résistants dans l’environnement (y compris sur le béton), où il peut tranquillement se conserver des mois, voire une année, indifférent à un traitement de choc à l’eau de Javel. Le Gaec de Larozière à Saint-Saury (Cantal) en a fait la délicate expérience cet hiver, avec des veaux salers diarrhéiques. Aussi, après avoir fait l’impasse trois ans durant sur ce grand nettoyage d’été, Jean-Paul Gasquet et ses associés 1 n’ont pas hésité à suivre les préconisations du GDS.
Curer, nettoyer, désinfecter
Dans les trois étables entravées et l’une des deux stabulations (la deuxième étant encore occupée par des animaux), ils ont d’abord procédé à un curage et à un nettoyage haute pression consciencieux. « Un nettoyage avec un détergent pour casser le biofilm qui protège les parasites et bactéries et qui empêche le désinfectant d’entrer en contact avec ces derniers », précise Justine Gaudré. Puis, c’est Nicolas Genty, salarié de Farago Cantal, qui a pris le relais pour l’étape de la désinfection des bâtiments, après avoir repassé un coup de nettoyeur haute pression et en respectant un temps de pause (différent selon les détergents et désinfectants) entre les deux phases. « Il faut compter entre 20 minutes et une heure, mais cela varie selon la température ambiante. Il faut faire en sorte que ça ne sèche pas entre les deux, c’est un équilibre subtil », poursuit la vétérinaire. Sans omettre aucun coin ni recoin, sans oublier non plus les abreuvoirs, les angles de cornadis... où de la matière organique, et donc des parasites, peuvent rester nichés. Pour cette désinfection, les techniciens de Farago utilisent un biocide, dont la dilution doit bien respecter le dosage, qui agit également sur les coccidies. Il existe un biocide efficace pour terre battue, qui mousse sans noyer le sol. Dans tous les cas, cette pulvérisation nécessite une combinaison et un masque de protection adaptés.
Vide sanitaire estival
Une fois ce chantier réalisé, les portes doivent rester fermées jusqu’au retour des animaux à l’automne, afin de réaliser un vrai vide sanitaire - excluant toute entrée de matériel, fourrage - et une phase de dessication, dont les effets vont s’ajouter aux précédents. « Nous estimons qu’avec le curage, nous retirons 10 000 parasites (valeur symbolique) ; avec le nettoyage, 10 000 aussi ; avec la désinfection, encore 10 000 ; et 10 000 également pour chaque semaine de la phase de dessication », détaille la spécialiste sanitaire. En six semaines, on élimine ainsi un maximum de bactéries et de parasites, sans pour autant créer une bulle stérile, ce qui n’est pas l’objectif visé. Il s’agit, en effet, d’autoriser une infestation modérée et progressive des veaux et adultes, qui, en sortie d’hiver et donc à la mise à l’herbe, ne dépassera pas un seuil critique.
Litière généreuse
Au bout des six semaines de vide sanitaire, la litière peut être étalée puis les animaux rentrés. Et pour optimiser le nettoyage et la désinfection opérées, il faut être généreux en paille : 2 kg/m²/jour à l’entrée en bâtiment, comme en routine dans les boxes de mise bas et les parcs des génisses et vaches en chaleur. En routine l’hiver, on visera 1 kg/m²/jour. Le nombre de curages va dépendre de la densité d’animaux, de l’hygiène du bâtiment, de la conduite d’élevage... En cas de problèmes sanitaires (diarrhées des veaux), un curage supplémentaire s’impose. « Et il faut surveiller la température de la litière, si ça chauffe, on cure », prévient Justine Gaudré. Dernier - et premier - conseil : ne pas attendre novembre, sous peine de voir l’efficacité de l’opération nettement réduite (faute de phase suffisante de dessication). Le mieux étant de se lancer dès les animaux mis à l’herbe.
P. Olivieri
1) Joëlle, son épouse, et leurs deux fils, Alexis et David.