Reprise de la circulation virale
La DNC a fortement cristallisée les inquiétudes des éleveurs jurassiens depuis un peu plus d’un mois et c’est bien légitime. Alors que la menace n’est pas encore écartée, la FCO fait son retour dans nos élevages.
Au 14 août, déjà 80 foyers de FCO3 ont été déclarés dans notre département. Cette situation était malheureusement aussi prévisible que celle de l’apparition de la DNC en France totalement inattendue. Rappelons, en effet, que le Jura avait été globalement épargné par le sérotype 3 en 2024 avec moins de 20 foyers. En comparaison, le département du Doubs en avait recensé près de 300. Peu de troupeaux sont donc naturellement immunisés vis-à-vis de ce sérotype. De plus, et même s’il est difficile de disposer de chiffres fiables, on peut penser que moins de la moitié des bovins jurassiens ont été vaccinés depuis l’apparition de la FCO 3 en France, il y a un an environ. Finalement, c’est donc une part importante du cheptel jurassien qui n’est actuellement pas protégé contre ce sérotype.
Pour l’instant, les cas de sérotypes 8 sont moins nombreux (10). C’est là aussi relativement logique car le Jura a fortement touché par la FCO 8 l’année dernière. Par opposition les départements bretons sont fortement impactés. L’Ile et Vilaine recense par exemple déjà plus de 400 foyers.
Pic de l’automne
Cette situation estivale laisse présager un contexte difficile à l’automne. Les expériences précédentes ont en effet montré que le pic de l’épidémie était atteint en septembre/octobre. Sans être oiseau de mauvais augure, il est probable qu’il en sera de même cette année.
Même si on peut penser que des animaux en bonne santé et sans carences nutritionnelles sont mieux armés pour affronter le virus, la vaccination reste la solution la plus efficace. Malheureusement, les tensions sur la disponibilité des doses ce printemps ont parfois dissuadées certains éleveurs de vacciner. Actuellement, il est toujours recommandé d’anticiper les commandes de doses auprès de son vétérinaire. Certains vaccins comme le BTV PUR 4-8 seront disponibles uniquement cet automne. Cependant, d’autres peuvent l’être dans des délais relativement courts.
GDS39
Différents symptômes de la FCO
Nicolas Zinzius, vétérinaire
Nicolas Zinzius, vétérinaire à Champagnole, fait le point sur ses observations de terrain et rappelle l’intérêt de la vaccination.
Que constatez-vous actuellement sur le terrain ?
Depuis le début du mois de juillet, un certain nombre de bovins de notre clientèle présente des symptômes compatibles avec une infection à la FCO.
Sur toutes les analyses que nous avons demandées, la présence du virus de la FCO, principalement de type 3, a été retrouvée.
Est-ce que vous voyez une différence entre les élevages vaccinés et les autres ?
La principale différence qui a été observée entre les élevages vaccinés et les élevages non-vaccinés est l’intensité des symptômes et la durée de l’état fébrile. Dans les troupeaux vaccinés, le seul symptôme observé est le plus souvent une très légère ulcération des muqueuses. Parfois, il s’ajoute une hyperthermie passagère, mais la production laitière est le plus souvent pas ou peu altérée.
Pour les non-vaccinés, les symptômes sont classiques avec un abattement important et une baisse de production, avec pour certains animaux une non récupération pouvant entrainer l’euthanasie ou la mort.
Quelles sont vos recommandations ?
La vaccination diminue énormément les symptômes sur les animaux infectés et les conséquences économiques qui vont avec.
Pour rappel, la vaccination n’empêche pas la contamination, mais uniquement l’expression clinique de la maladie.
Je considère que les bénéfices de cette vaccination sont importants et conseille aux éleveurs de continuer à vacciner ou de commencer à le faire pour une meilleure santé de leurs troupeaux, même si je comprends bien que certains éleveurs en aient assez de « piquer » leurs bovins.
Et la MHE ?
Depuis le 1er juin 2025, seulement 2 nouveaux foyers ont été recensés et la zone règlementée ne s’est pas étendue. Il est encore trop tôt pour en tirer des conclusions mais les mesures de gestion (restriction aux mouvements des bovins de la zone et vaccination sur le périmètre de zone) ont probablement été efficaces. Le Jura peut donc potentiellement rester indemne de MHE en 2025. Nous l’espérons sincèrement car l’émergence de la MHE cumulé avec la circulation FCO entraînerait des conséquences lourdes.
