AG de la SDAE 39
Des retraites revalorisées mais …

Cent-cinquante retraités de l’agriculture étaient présents lors de l’assemblée générale de la section des anciens exploitants du Jura (SDAE 39) le mardi 17 mai à la salle des fêtes de Domblans. La revalorisation des retraites et ses limites étaient au cœur des discussions.

Des retraites revalorisées mais …
150 retraités ont assisté à la première AG de la SDAE du Jura en présentiel depuis 2 ans

Après l’observation d’une minute de silence en souvenir des adhérents disparus et de Jacques Chalumeau, ancien président de la SDAE décédé en novembre 2021, le nouveau président Denis Martin est entré dans le vif du sujet qui préoccupe nombre d’anciens exploitants : la revalorisation des retraites. « Il y a eu certes un petit geste acquis cette année, mais tout le monde n’a pas pu en bénéficier et il reste insuffisant. Les soi-disant 85% du SMIC ne sont pas atteints alors que le président de la République nous promet le minimum à 1100 €. Nous allons devoir affirmer très fort nos revendications auprès des pouvoirs publics pour améliorer nos situations de petits retraités que nous sommes ».

Pour Christophe Buchet, président de la FDSEA du Jura dont la SDAE est une branche, « cette revalorisation, portée par le syndicat au niveau national, est un début, mais il y a beaucoup trop de conditions derrière. »

Des retraites sous le seuil de pauvreté

Un constat partagé par Bernard Eplenier, président de la section régionale qui a présenté une motion portée par les retraités du réseau FNSEA. Les anciens agriculteurs se félicitent de cette revalorisation des minima des chefs d’exploitation à hauteur de 85% du Smic (1067 € bruts par mois) et saluent la loi Chassaigne 2 comme un début de reconnaissance du travail des conjoints et des aides familiaux (713 € par mois). « Il s’agit d’une première étape vers un minimum à 75% du Smic, soit 942 € bruts, tel que nous le demandons. Rappelons que le seuil de pauvreté est fixé à 1102 € en 2022, pour une personne seule. »

Là où le bât blesse, c’est l’intégration des pensions de réversion versées aux conjoint(e)s et aides familiaux retraités dans le calcul du plafond pour l’obtention du minimum de 713 € par mois. Ils contestent aussi la prise en compte de la bonification de 10% de la retraite pour les parents d’au moins 3 enfants dans le calcul des revalorisations accordées au chef d’exploitation car cela revient à supprimer cet avantage pour les parents de familles nombreuses. « C’est aussi le cas pour les retraites d’élus, » a fait remarquer un ancien agriculteur dans le public.

Un montant forfaitaire est réclamé en remplacement du bonus de 10% pour les parents de 3 enfants ainsi que le rétablissement de la demi-part fiscale pour les veufs et les invalides. « Nous demandons la revalorisation des retraites agricoles sur la base de l’augmentation du SMIC, le relèvement des seuils de revenus imposables à la CSG, CRDS et CASA de 5% par an pendant 5 ans et contestons fermement l’imposition de 17,5 % au titre des prélèvements sociaux sur les revenus fonciers des retraités. Par ailleurs, nous pensons que la cotisation à l’assurance complémentaire santé doit être déductible du revenu, » poursuit la motion.

La dégradation des services publics et de santé dans les zones rurales et périurbaines est aussi au cœur des revendications des anciens exploitants : « Des mesures doivent être imposées pour une meilleure couverture du territoire par les professions médicales. Nous condamnons la déshumanisation du tout numérique qui exclut nos populations vieillissantes et demandons les mêmes dotations financières à l’habitant en zones rurales qu’en zones urbaines ».

Faire reconnaître la pénibilité du métier

Christophe Buchet est ensuite revenu sur la future réforme des retraites voulue par le président de la République qui souhaite repousser l’âge de départ à 65 ans : « Cet âge annoncé fait un peu peur. C'est à nous de faire reconnaître la pénibilité du métier d'agriculteur pour qu’elle soit prise en compte, même si de votre temps c'était plus dur ». Il est aussi revenu sur la cinquième branche de la Sécurité sociale, dédiée à l'autonomie. « La dépendance peut tous nous toucher, il y a un problème sur son financement. Notre travail est de porter ce sujet auprès de nos élus, et d’insister… »

« Le maintien du pouvoir d’achat et les services dans la ruralité, sont primordiaux, » a conclu François Lavrut, président de la chambre d’Agriculture. « Votre travail au quotidien, vos revendications, redonnent espoir. Vous avez connu les importantes évolutions du monde agricole ces dernières décennies, passant d’une agriculture de subsistance après la guerre à une agriculture de production. Notre métier ne permet pas toujours de partir en vacances, profitez-en maintenant, les voyages et la convivialité sont aussi importants ». Un clin d’œil au dynamisme de la commission voyage de la SDAE du Jura qui organise régulièrement des séjours de découverte dans les différentes régions de France, mais aussi à l’autre bout du monde.

S.C.