AG de l’AOP Morbier
« La santé du consommateur est notre priorité absolue »

C’est dans une salle du temps libre comble que le syndicat interprofessionnel de l’AOP Morbier tenait son assemblée générale ce mardi 4 avril à Censeau. L’occasion pour son président Joël Alpy de revenir sur les faits marquants de l’année écoulée.

« La santé du consommateur est notre priorité absolue »
Sur le plan sanitaire, Joël Alpy, président du syndicat de l’AOP Morbier (au centre), croit en la pertinence d’une approche préventive et aux mesures d’hygiène dans les exploitations.

Grand moment pour le syndicat, l’assemblée générale du CNAOL qui s’est déroulée en septembre, durant le comice de Labergement Sainte-Marie (25). Les acteurs des AOP Morbier et Mont d’Or ont mobilisé leurs énergies pour recevoir durant deux jours les représentants des 51 AOP fromagères de France, pour des réunions de travail mais aussi des visites de fermes et de fruitières. Le lendemain, les deux AOP du massif jurassien fêtaient leurs anniversaires : 40 ans pour le Mont d’Or et 20 pour le Morbier. « Au cours de ces 3 journées, nous avons travaillé au rayonnement de nos 2 AOP. Ce sont plus de 300 producteurs et fromagers de toutes les régions de France qui ont découvert nos paysages, nos produits, notre histoire et notre passion pour nos métiers, » résume Joël Alpy avant de remercier les partenaires de l’évènement. « Grâce à eux, cette manifestation, simple et conviviale, fut un succès dans un cadre qui nous ressemble, dans des lieux qui nous rassemblent ».

Victoire juridique

Autre temps fort, la victoire juridique « tant attendue » contre les fromages copiant l’emblématique raie noire du Morbier. La Cour d’Appel de Paris a déclaré le 18 novembre qu’elle était distinctive de l’AOP Morbier et que sa reproduction constituait une atteinte à la dénomination « Morbier ». L’aspect visuel de ce fromage est donc désormais protégé. Dans le dossier Montboissié, la fromagerie qui copiait l’apparence du Morbier a été condamnée à verser au syndicat une indemnité de 100 000 €. « Nous devons maintenant mobiliser nos moyens pour faire appliquer cette décision dans toutes les situations de parasitisme. Ces imitations, qui sont autant d’hommages indésirés, sont la rançon du succès, » estime le président du syndicat. 

Coté chiffres, sur les 170 millions de litres de lait produits pour les 4 AOP du massif, la part du Morbier est celle qui a le plus progressé. Les tonnages vendus dépassent désormais les 11 000 tonnes. Les prix « départ cave » sont en hausse de 15% sur 3 ans, soit plus d’un euro supplémentaire par kilo de fromage : « Cette augmentation est justifiée par la notoriété du produit, qui plaît aux consommateurs, mais aussi par les coûts de notre engagement sanitaire », poursuit Joël Alpy. « Pour nos entreprises, la santé du consommateur est notre priorité absolue ». Priorité qui entraîne, selon les campagnes laitières, un taux de destruction des produits non-conformes situé entre 1 et 3% de la production.

Maitrise sanitaire

Parmi les différentes actions pour accompagner les ateliers dans cette maîtrise sanitaire, le syndicat rappelle l’embauche en 2021 d’une responsable sanitaire qui a réalisé des audits dans chaque fromagerie pour encourager la mise en place d’un nouveau plan d’autocontrôle. Des journées de formation sur les STEC sont aussi financées, atelier par atelier, à l’issue desquelles chaque éleveur repart avec un plan d’action adapté à sa situation.

L’AOP Morbier participe aussi au financement d’études scientifiques pour améliorer la connaissance des salmonelles Dublin et adapter la prévention. L’étude Cadublin, achevée fin 2022, avait pour objectif d’identifier les facteurs de contamination du lait par cette salmonelle. Elle a montré que la santé animale (notamment la présence d’avortement), la traite, l’alimentation, le travail et dans une moindre mesure la qualité de l’eau augmentaient le risque. Ces résultats ont permis d’adapter les messages de prévention au sein de la filière. Une seconde étude, démarrée l’an passé et nommée SalMamEx, a pour objectif de déterminer l’existence de l’excrétion mammaire de Salmonella Dublin. Les résultats devraient être connus à la fin de 2023.

En parallèle, les GDS du Jura et du Doubs travaillent aussi sur la salmonellose et mènent l’étude SalmoDuVAc visant à évaluer l’intérêt de la vaccination dans la prévention des symptômes et la contamination du lait de tank.

S.C.

Eleveurs, fromagers et affineurs sont venus nombreux assister à l’AG du syndicat